À New York, l'hôtel Plaza est une véritable institution. L'établissement centenaire situé sur la 5e Avenue a comme voisin un autre lieu notoire nettement moins âgé: la boutique phare d'Apple, installée tout juste de l'autre côté de la rue.

Chaque fois qu'il quitte son lieu de travail, le directeur général du Plaza a vue sur le magasin de la firme californienne. Ce n'est donc pas un hasard si l'idée lui est venue d'équiper chacune de ses 282 chambres d'un iPad. «Nous sommes de bons voisins», dit Shane Krige.

Depuis janvier, quiconque accepte d'allonger au moins 600$ la nuit pour dormir au chic hôtel trouve une tablette électronique signée Apple dans sa chambre. En ouvrant l'appareil, il est reçu par un message vidéo du directeur de l'hôtel lui souhaitant la bienvenue dans cet établissement cinq étoiles. Mais l'iPad n'a pas été placé dans les chambres «juste pour faire chic».

L'application développée pour le Plaza donne accès à une foule de services pour les clients. Ceux-ci peuvent par exemple demander que l'on vienne faire la chambre, réserver une place au restaurant ou s'assurer que leur voiture soit devant la porte de l'hôtel à une heure bien précise. Mais la fonction qui étonne le plus est sans contredit celle qui permet de contrôler l'éclairage ainsi que la température de la chambre.

Informations précieuses

L'application fournit en outre des informations précieuses aux gestionnaires de l'hôtel. «L'iPad peut, par exemple, nous dire que ce mois-ci nous avons manqué de brosses à dents, et qu'en moyenne, il a fallu cinq minutes pour répondre aux besoins des clients. Ça nous donne des informations pour être meilleurs», dit Shane Krige.

Il souligne de même que certaines tâches peuvent être faites plus rapidement. «Alors qu'avant, un simple changement au menu pouvait prendre deux jours, le temps d'en imprimer de nouveaux et de les distribuer dans les chambres, c'est maintenant instantané.»

Le directeur de l'hôtel jure que ses fortunés clients se sont habitués à la tablette et qu'environ 80% s'en servent. Les moins technophiles d'entre eux ont toujours accès aux bonnes vieilles méthodes pour faire connaître leurs besoins. «Nous ne voulons pas laisser tomber les majordomes, affirme Shane Krige. Si vous voulez une expérience personnalisée, vous pouvez toujours l'avoir. Nous voulons donner des choix aux clients.»

La technologie vient toutefois avec des restrictions: l'iPad doit rester dans la chambre en tout temps et son contenu a été épuré. Pas d'application iTunes, pas moyen de regarder ses photos sur la tablette et la navigation sur le web est restreinte au site de l'hôtel. Car, si le Plaza offre le luxe de l'iPad, il n'en continue pas moins de demander 15$ par jour pour un accès à l'internet haute vitesse!

Avis à ceux qui croiraient que le prix de la chambre leur donne le droit de partir avec la tablette: vous serez retrouvés facilement grâce au système mis en place, avertit le Plaza. Et on vous sommera de payer 800$ pour rembourser l'équipement ainsi emprunté. Mieux vaut se contenter d'une savonnette.

Voulez-vous la tablette des vins?

À quelques pas de l'hôtel Plaza, le restaurant South Gate a aussi innové en présentant sa carte des vins sur l'iPad. L'application Smart Cellar, combinée à la tablette, est utilisée depuis l'été dernier en lieu et place de la carte des vins classique. Les utilisateurs doivent choisir de boire le vin au verre ou à la bouteille, quel type de vin ils désirent (rouge? blanc?), puis ils peuvent trier les sélections en fonction du cépage et du pays d'origine. Un aperçu de l'étiquette leur est également donné. Le sommelier de l'endroit affirme que les clients ont rapidement adopté l'outil. «Aujourd'hui, seulement 2% des clients demandent à voir la carte», dit Olivier Dufeu. Il estime que l'application aide à rendre les clients à l'aise. «Ils sont moins impressionnés par un iPad que par un sommelier qui peut parfois leur faire ressentir de la pression pour choisir. Ça guide beaucoup les clients dans leur choix», dit-il. Olivier Dufeu affirme que plusieurs de ses collègues new-yorkais se sont montrés intéressés par l'initiative et prêts à adopter une telle technologie dans leur propre restaurant. Malgré l'efficacité de l'application, il ne craint pas de voir son poste disparaître. «Ça ne remplacera jamais un bon sommelier! L'iPad ne va jamais décanter un vin», dit-il en riant.