En 2010, le Museum of Modern Art (MoMA) de New York a annoncé qu'il avait acquis le symbole @. Utilisée abondamment dans les communications numériques, l'arobase n'appartient à personne, pas même à l'institution muséale qui voulait, par cette annonce, amorcer une réflexion sur notre rapport aux nouvelles technologies.

Cette réflexion se poursuit dans le cadre de l'exposition Talk to Me, qui vaut qu'on s'arrête au superbe musée si on est de passage dans la métropole américaine.

Les objets qui nous entourent ne sont pas statiques: ils communiquent avec nous, souvent ouvertement, parfois subtilement. Voilà la prémisse de cette exposition, qui plonge le visiteur dans un monde numérique dès son entrée dans la salle en l'invitant à utiliser son téléphone intelligent pour obtenir plus de renseignements sur ce qu'il voit.

Tout au long de l'exposition, des écouteurs, des ordinateurs, des écrans ou des lunettes 3D attendent les visiteurs, pour que ceux-ci découvrent les projets de designers qui se sont penchés sur la relation que nous entretenons avec la technologie.

Dans un coin, un appareil, qui semble sortir des années 70, diffuse en temps réel des messages de gens qui se sentent tristes, ou encore des nouvelles tirées du site internet Google News. Il s'agit du «Prayer Companion», installé dans un monastère anglais. Il aide des soeurs cloîtrées qui disposent de peu d'informations à propos du monde extérieur à trouver des sujets de prières. Ici, la technologie sert à communiquer avec Dieu.

Plus loin, on voit l'équipement ayant servi à faire vivre des expériences hors du commun à des enfants. En leur mettant un casque sur la tête et des gants bien spéciaux aux mains, on leur a fait voir le monde comme le voit une fourmi... ou une girafe! Dans le deuxième cas, des caméras changeaient le champ de perspective des enfants, afin que leur vue soit à la hauteur de celle d'un adulte. Le casque rendait leur voix plus grave. «Une façon de répondre à la curiosité des enfants, mais aussi de trouver des manières d'étendre nos interactions limitées avec le monde en tant qu'humain», écrivent les créateurs de l'objet.

Une exposition de son temps

C'est le fruit du hasard qui fait que le MoMA a choisi 2011 pour présenter Talk to Me, a affirmé à La Presse la conservatrice de l'exposition... par webcam!

«Nous avons planifié de présenter cette exposition il y a deux ans. Si nous l'avions présentée en 2009, ça aurait été complètement différent et nous savons que les technologies vont changer dans deux ans. Par exemple, nous utilisons beaucoup les codes QR dans l'exposition mais bientôt, ils auront sans doute disparu», prédit Paola Antonelli.

Les technologies utilisées sont donc bien de leur temps et le MoMA sait comment s'en servir afin que le visiteur profite de l'expérience à fond. Ceux qui ont un petit creux après avoir vu l'exposition peuvent par exemple se brancher sur le compte Twitter des services de restauration du musée (@momabakertweet), qui informe les visiteurs que des croissants viennent de sortir du four ou que la soupe du jour est aux tomates bios!

Talk to Me est présenté au Museum of Modern Art de New York jusqu'au 7 novembre 2011. Entrée: 25$ pour les adultes, 14$ pour les étudiants. Le vendredi, l'entrée au musée est gratuite de 16h à 20h30.