Le téléphone intelligent pourrait changer complètement la vie des pèlerins en route vers Compostelle... grâce à deux Québécois.

Au Moyen-Âge, c'est à la besace et au bourdon, ce bâton de marche à pommeau, qu'on reconnaissait les pèlerins en route vers Compostelle. Au fil des siècles, les pénitents ont adopté d'autres attributs, notamment la calebasse qui leur servait de gourde et les grands coquillages qu'ils utilisaient comme genouillères pour franchir les derniers kilomètres à genoux (ce qui leur valut leur nom de «coquille Saint-Jacques»). Autres temps, autres moeurs, les marcheurs qui arpentent les chemins de Compostelle de nos jours adoptent un nouvel attribut destiné à devenir l'accessoire indispensable du pèlerin: l'iPhone.

L'idée a germé dans l'esprit d'un Québécois de Contrecoeur, pendant qu'il cheminait sur les fameux sentiers: Michel Laurence. Il s'est associé à un autre Québécois, Denis Houde, qui a longtemps été guide pour la grande agence californienne d'aventure douce Backroad. Les deux partenaires ont commencé à répertorier les hôtels, auberges, gîtes et relais jalonnant les derniers tronçons espagnols du parcours, soit les 300 et quelques kilomètres qui séparent Léon de Santiago de Compostela. Ils ont aussi dressé l'inventaire de tous les points de service: épiceries, bistros, restaurants, pharmacies...

Michel Laurence a élaboré une application pour téléphone intelligent qui superpose tous ces renseignements à une carte géographique. Denis Houde a conçu un forfait de 14 jours destiné à la clientèle nord-américaine, avec des étapes d'une longueur variant de 20 à 30 km. «Nous accueillons les clients à Madrid ou à La Corogne et nous les transférons à Leon, explique Denis Houde. Là, nous leur expliquons le fonctionnement de l'appareil et ils partent. L'application est bidirectionnelle: ils peuvent nous contacter pour poser des questions et, tous les jours, nous leur adressons des courriels pour leur donner la météo, leur expliquer l'itinéraire de la journée et son niveau de difficulté.

«Nous les prévenons s'ils doivent franchir une longue distance dépourvue de points de service, mais aussi s'il y a une fête ou un festival dans un des villages qu'ils traversent ce jour-là. Comme nos iPhone sont équipés d'une caméra performante, on remet aux marcheurs une clé USB de 4 Go sur laquelle ils peuvent télécharger leurs photos, ce qui leur évite d'avoir à porter un attirail photographique souvent encombrant.»

Au Québec, le forfait de 14 jours est distribué par Ékilib, la division «randonnée et vélo» de Voyages Fleur-de-Lys. Il est vendu 1989$, ce qui inclut l'hébergement et le transport des bagages d'étape en étape, mais aucun repas, sinon quelques petits-déjeuners. «Le problème sur les chemins de Compostelle, c'était la qualité de l'hébergement», observe Lucie Nobert, présidente de Voyages Fleur-de-Lys. «Cela relevait parfois de la colonie de vacances. Ainsi, au monastère de Samos, qui est une des grandes étapes du parcours, les pèlerins sont entassés dans des dortoirs à 100 lits. Cela ne correspondait plus aux exigences de notre clientèle prête à marcher pendant des semaines, mais soucieuse de son confort une fois arrivée à l'étape. Les hôtels choisis par Denis sont classés trois étoiles et parfois quatre.»

Chaque marcheur reçoit son propre iPhone 4, ce qui lui permet de cheminer à son rythme sans coller aux talons de ses compagnons de randonnée. Le produit a été testé l'automne dernier et ses concepteurs s'emploient à cartographier le parcours jusqu'à la frontière française. Lorsqu'ils arrivent à la basilique de Saint-Jacques, les pèlerins qui ont franchi le dernier tronçon de 100 km à pied ont droit à la créanciale, le document attestant qu'ils ont fait le pèlerinage. Les autorités religieuses pourraient maintenant adopter un comportement plus «écologiquement responsable» en le délivrant sur iPhone!

www.voyagesfleurdelys.com