Georges Brossard avait 7 ans quand il a ouvert son premier insectarium, en haut du garage de ses parents.

«Je demandais 5 cents pour montrer ma collection de 500 spécimens. Les filles - mes cousines - étaient admises gratuitement. Pas question pour ma mère que je rentre des insectes dans la maison. Elle disait: ça pue, ça pique, c'est sale, ça mord.»

Sales et puants, les insectes? N'importe quel écolier sait aujourd'hui que c'est faux. Et c'est grâce à Georges Brossard. En fondant l'Insectarium de Montréal, en février 1990, ce passionné d'entomologie a fait découvrir aux enfants - le premier public du musée - un nouvel univers, fascinant et méconnu. «Je savais qu'en faisant un insectarium pour les enfants, c'était gagnant! Vulgariser la science et viser une population qui ne demande pas mieux qu'apprendre, c'était le but.»

 

Pour y arriver, Brossard a dû user de tout son pouvoir de persuasion. «Les gens n'étaient pas intéressés à voir des insectes, surtout s'ils ne venaient pas du Québec. Mais dans ma tête, un insectarium devait être international.»

Il a réussi à faire tomber les réticences une à une et à se trouver un solide allié en la personne de Pierre Bourque, alors directeur du Jardin botanique. Vingt ans après son ouverture, l'Insectarium attire chaque année 350 000 personnes. À ce nombre d'amateurs d'insectes s'ajoutent les 150 000 visiteurs de l'exposition Papillons en liberté, dans la grande serre du Jardin botanique (voir autre texte).

Satisfait de voir son rejeton dépasser en âge la mygale? «J'ai fondé cinq insectariums dans le monde et c'est le plus beau, celui où il y a le plus d'âme. Ce n'est pas un musée froid... Ma seule critique: il y a trop d'espace perdu. Je voudrais des insectes sur tous les murs, partout. On en expose 2000 ou 3000... Mais on en a 2 millions à montrer.»

De chrysalide à papillon

Les doléances de Georges Brossard ont été entendues. L'Insectarium est en train de changer de peau, une métamorphose qui durera six ans. La première étape a été franchie l'été dernier avec l'aménagement d'un lieu d'animation extérieur baptisé La Cour des insectes.

«Notre aire de jeu était désuète et il n'y avait rien pour permettre aux familles de pique-niquer, explique Anne Charpentier, directrice de l'Insectarium. La Cour des insectes propose maintenant une aire de découverte et de restauration, avec une volière, un étang et deux terrains de jeu qui rappellent le monde des insectes.»

Prochaine étape: le renouvellement complet de l'exposition. «Certains modules ont été rafraîchis, mais la majeure partie de notre exposition date de 20 ans. Nous voulons complètement changer l'expérience de visite avec l'utilisation du multimédia, d'écrans tactiles, et montrer plus d'insectes.»

Dans les coulisses de l'Insectarium, on s'active déjà en prévision de cette nouvelle exposition, dont l'ouverture est prévue pour 2011. On achète un peu partout sur la planète des spécimens qui sont congelés, épinglés et mis au séchoir.

«Nous voulons que la nouvelle exposition permette de comprendre pourquoi il y a tant d'insectes sur Terre: 80% des espèces identifiées jusqu'à présent sont des insectes. C'est incroyable.»

Même si le nombre de visiteurs est en hausse depuis deux ans, l'Insectarium a atteint ses limites. «Nous sommes victimes de notre succès, estime Anne Charpentier. Nous sommes à l'étroit. Il faut agrandir pour que les gens soient en contact avec plus d'insectes vivants. Lorsqu'il y a une vitrine, il y a toujours une distance... L'expérience des papillons en liberté est très populaire et on souhaiterait l'offrir toute l'année, dans un lieu qui serait contigu au bâtiment principal.»

Une volière permanente pour célébrer les 25 ans de l'Insectarium? C'est le cadeau que l'on se souhaite.

Sur le web: Les muséums nature de Montréal: www.museumsnature.ca