Le Massif de Charlevoix a beau compter sur 48 pistes, sur 770 m de dénivelé (le plus élevé du Québec) et sur une moyenne annuelle de précipitations de 630 cm, cette station a jugé que ce n'était pas suffisant. Pour attirer une nouvelle génération de mordus de la glisse, le développement d'un secteur hors-piste est devenu inévitable.

Depuis trois ans, cette station propose sa propre version du ski d'arrière-pays, qui connaît un succès retentissant. Tellement que cette saison, la zone de ski sauvage doublera de superficie, passant de 34 à 85 acres. Désormais, cinq tracés en sous-bois attendent les passionnés de poudreuse et, en prime, une télécabine flambant neuve de huit passagers desservira le secteur.

«C'est surprenant l'attrait que le hors-piste exerce sur les skieurs et planchistes. Même les skieurs intermédiaires veulent goûter à l'expérience», constate Isabelle Vallée, responsable des relations de presse au Massif. Donc, nombreux sont les téméraires à s'élancer dans les pentes sauvages, pourtant uniquement accessibles après une montée d'une vingtaine de minutes. Preuve qu'une catégorie de skieurs est prête à tout pour s'éloigner des dameuses, des canons à neige et des foules!

Partout au Québec, le ski hors-piste est en pleine ascension. De la Gaspésie, en passant par la région de Bellechasse, le Saguenay et les Laurentides, l'offre pour s'adonner à cette variante du ski alpin a explosé en quelques années. Si bien qu'aujourd'hui, inutile de voyager dans l'Ouest canadien pour fendre de la belle poudreuse jusqu'aux oreilles.

François Roy, propriétaire de Vertigo-Aventures, une entreprise proposant des séjours de ski hors-piste (la remontée des montagnes se fait alors sur des peaux de phoque) dans la réserve faunique de Matane, résume ainsi l'engouement pour le hors-piste. «C'est rendu «in» de faire deux descentes sensationnelles dans une journée plutôt que d'en faire 25 dans une station ordinaire», dit-il.

Bonheur gaspésien

Avec sa neige surabondante et ses hauts sommets, la Gaspésie demeure la Mecque du ski hors-piste au Québec. Grâce à une structuration de l'offre en cours depuis quelques années, l'activité n'est plus maintenant réservée aux grands aventuriers. Elle se démocratise. En plus de la luxueuse Auberge de montagne des Chic-Chocs, qui fait du ski hors-piste son produit-vedette, d'autres petites entreprises gaspésiennes vendent le hors-piste à toutes les sauces.

«Pour vivre de nouvelles expériences, les gens n'hésitent plus à faire 8-9 heures de route», constate Giovanni Mancini, propriétaire de la Vallée Taconique, un centre de ski hors-piste situé dans le village de Mont-Saint-Pierre. L'attrait, ce n'est pas uniquement la neige immaculée, c'est aussi l'exclusivité du territoire. Cinq ou six skieurs par jour se partagent notre domaine skiable.»

Pour sa quatrième saison, la Vallée Taconique doublera la taille de son domaine skiable. Ce centre possède maintenant trois versants accessibles en catski, ce qui optimisera les chances de s'amuser dans la neige folle. En raison du niveau de difficulté extrême de la montagne, les sorties sont maintenant guidées.

Trop casse-cou pour vous? Active depuis deux ans, l'auberge Chic-Chac, à Murdochville, se veut une destination de transition entre le ski en station et le hors-piste. «Avec nos trois terrains de glisse, le mont du Porphyre, le mont York et le mont Miller, nous pouvons initier graduellement les gens à toutes les possibilités du ski hors-piste», affirme Guillaume Molaison, copropriétaire de cette entreprise. Deux options s'offrent aux clients: ascension en motoneige ou de façon autonome, avec peaux de phoque.

Plus à l'ouest, à partir du gîte du Mont-Albert, Ski Chic-Chocs transporte en chenillette les skieurs jusqu'aux montagnes difficilement accessibles du secteur des Mines Madeleine. Dans ce «trou à neige», on dévale des parois dénudées ou des sous-bois dans un décor incroyable. Quant à Vertigo-Aventures, l'entreprise propose des séjours de plusieurs jours de backcountry, avec hébergement en yourtes, dans la réserve faunique de Matane. «On a alors l'impression d'être seul au monde», dit François Roy, guide et propriétaire.

En plus du Massif de Charlevoix, d'autres stations traditionnelles proposent du ski d'arrière-pays, dont Le Massif du Sud, dans Bellechasse, et le Mont-Édouard, à L'Anse-Saint-Jean. Plus près de Montréal, la petite station La Réserve, à Saint-Donat, propose elle aussi son expérience freeski. L'ouverture de cette zone dépend des conditions. Faute de neige l'an dernier, elle n'a été ouverte que deux jours.