Il ne fait jamais chaud comme en Floride. Les 40 degrés sont rares sur les routes du Québec. Mais entre une longue sortie de Fort Lauderdale à Tampa Bay et une longue randonnée entre Montréal et Sept-Îles, le vrai biker va toujours choisir la Côte-Nord.

Surtout s'il passe par la région de Charlevoix et qu'il prend le temps de regarder un peu tous les paysages entre Forestville et Port-Cartier.

Et puis, si le coeur lui en dit, il peut choisir l'autre côté du fleuve et s'offrir la Gaspésie, ses caps, ses baies profondes, ses parcs et ses villages. Le vrai flâneur qui sait voyager pourra prendre une semaine sans s'ennuyer un seul instant.

Vous roulez sur une Harley Ultra Classic, une Kawasaki Voyager 1700, une Yamaha Venture ou une Honda Gold Wing? Le Québec est parfait pour vous. Vous allez être protégé du vent parfois trop frisquet et vous allez pouvoir écouter tous vos disques favoris sur la stéréo de la moto. Vous roulez sur une Honda ST1300 ou une Kawasaki Concours 1400, le voyage sera différent, plus en souplesse, mais le bonheur sera aussi fort.

Et si vous préférez entendre le vent ou les oiseaux, si vous préférez le rêve à la musique, un Road King, un Classic ou un Road Star fera l'affaire. L'important sur une moto, c'est d'être bien assis et de porter les bons vêtements. Le Québec n'est pas la Californie ou l'Arizona. Ni la Floride. Si vous êtes surpris par une pluie chaude, vous pouvez continuer à rouler et le vent va vous sécher en quelques minutes. Mais une pluie fraîche du Saguenay ou de l'Abitibi va vous faire grelotter en quelques minutes. Investir quelques centaines de dollars dans de bons vêtements adaptés à la pluie va vous garantir la liberté dont vous avez besoin pour parcourir tout le Québec.

Il y a des routes méconnues. Il y en a d'autres qui sont négligées. Foi de motard, la nouvelle route du parc des Laurentides entre Québec et Chicoutimi est la plus belle route de toute la province. Des courbes majestueuses, une chaussée impeccable, des paysages qui vous envahissent et une nouvelle limite de vitesse portée à 100 km/h font de cette balade un moment inoubliable. Et rendu au Saguenay, vous le savez déjà, vous pouvez vous offrir le tour du lac Saint-Jean, avec des arrêts à Roberval, à Saint-Félicien, à Dolbeau, à Péribonka ou à Alma au choix... et au goût.

Le retour est tout aussi agréable. Vous suivez la rive nord ou sud du Saguenay et vous avez un voyage plus sauvage. Soit par Sainte-Rose-du-Nord soit par L'Anse-Saint-Jean. Objectif: la région de Charlevoix. De là, vous tournez vers Québec ou vers Baie-Comeau. Ça dépend de l'horaire.

Cet été, c'est une destination que j'ai en réserve. Rouler sur la 138 jusqu'à Natashquan. J'y suis déjà allé, mais en hydravion, dans les années 70, avant que la route ne dépasse Havre-Saint-Pierre. Aujourd'hui, une virée jusqu'au pays de Gilles Vigneault est une balade merveilleuse, tous mes amis qui l'ont faite en sont revenus enchantés.

Évidemment, mieux vaut que la météo soit clémente pendant les cinq ou six jours du voyage. Il y a deux ou trois ans, avec un vieux compagnon qui se rendrait en enfer sans descendre de moto, il a fallu se réfugier au château Bonne Entente à Québec tellement les grêlons frappaient fort. La météo indiquait que ce vilain front se déplacerait toute la semaine vers Blanc-Sablon. On a rebroussé chemin. Pour la première fois en 45 ans sur une moto.

Mais je compte me reprendre cette année.

Pointe-Parent est donc au programme. Mais dès qu'on connaîtra les horaires des gars du groupe, j'ai une autre destination en tête. La Baie-James. Encore là, ceux qui se sont enfoncés dans le Nord québécois en sont revenus ébahis. Oui, il y a de la mouche, oui, il y a de l'épinette. Et, oui, il faut prévoir un jerrican d'essence parce qu'une moto ne peut franchir la distance entre les points de ravitaillement, mais on m'a dit qu'il fallait s'être offert ce trip une fois dans sa vie. J'espère que ce sera cet été.

L'autre route qui est injustement négligée, c'est la 117 vers l'Abitibi. C'est une très belle randonnée, entre Saint-Sauveur et Val-d'Or. La route est correcte, c'est la sainte paix assurée avec une recommandation dont il faut tenir compte: pensez à faire le plein à Mont-Laurier ou dans les villages qui suivent parce qu'après, on atteint presque le fond du réservoir.

Mais rendu en Abitibi, on peut prendre le temps qu'on voudra pour visiter Amos et dire bonjour au maire Ulrick Chérubin, visiter sa basilique (ou sa cathédrale, c'est tellement majestueux qu'on ne sait plus), filer vers Malartic, passer une soirée mouvementée à Rouyn-Noranda, y dénicher quelques restaurants pas piqués des vers et y passer la nuit avant de reprendre la route.

Nous, nous revenons par le Témiscamingue. Informez-vous, on sert de grosses crêpes à Ville-Marie. Ça vaut la peine de rouler deux heures le ventre vide en quittant Rouyn. Puis, à Témiscaming, la ville, on franchit le pont et on se retrouve en Ontario. Jusqu'à North Bay avant de prendre direction sud jusqu'à Ottawa sur la 17. Une autre journée merveilleuse avec un arrêt pour dîner dans un des nombreux relais pour camionneurs de Petawawa ou de Pembroke.

À Ottawa, on peut revenir par Gatineau ou encore rouler le long de l'Outaouais jusqu'à Hawkesbury. On traverse le pont et on est au Québec. Vous allez le savoir, il y a déjà plus de trous.

Et pour tous ceux qui n'ont qu'une journée pour décompresser sur leur moto, il y a des dizaines de trajets intéressants. L'Estrie, la Montérégie, les Laurentides, le Centre-du-Québec, la Beauce, plein de trajets vous emmènent sur de belles routes secondaires et vous font traverser de charmants villages.

J'aurais besoin d'un cahier spécial du journal pour tout vous raconter.

Pour faire court et utile, c'est simple. Achetez le guide La moto au Québec d'Hélène Boyer et Odile Mongeau. Tout y est. De votre point de départ à votre point de retour, vous n'avez qu'à suivre les guides. Ça devrait être votre bible pour le Québec.