Pour fuir la grisaille de la ville et étirer l'hiver, dans ce qu'il a de mieux à offrir, l'Outaouais est un choix souvent négligé. Pourtant, tout y est: la nature, la bonne bouffe et le confort d'une auberge sympathique.

Jour 1

9 h

Les skis de fond et les raquettes dans l'auto, le pire moment du voyage s'en vient: parcourir la triste autoroute 417. L'envie de faire demi-tour est forte, très forte. Mais on résiste jusqu'à Ottawa où la suite du parcours, sur la 5 Nord, est plus agréable.

12h

Opération coupe-faim avant l'effort. La Boucannerie vient à peine d'ouvrir ses portes à Chelsea. Déjà, les clients se pressent dans ce restaurant d'un minicentre commercial, dépourvu de charme, pour y commander l'un de ses fameux fish'n chips de morue ou, mieux, un bol de chaudrée qui ne contient pas que des pommes de terre et de la crème, mais aussi de bons morceaux de poisson. Bière et cidre de glace québécois au menu, et poissons fumés sous vide à emporter. (706, Route 105 Chelsea, 819-827-5559, chelseasmokehouse.com).

13h

Ce n'est pas sans raison que le parc de la Gatineau accueille chaque année l'un des plus importants événements de ski de fond au Canada, la Gatineau Loppet, où les plus sportifs se mettront au défi de boucler un parcours de 51 km le plus rapidement possible. Le parc a peu d'équivalents en Amérique du Nord, avec plus de 200 km de pistes de pas de patin et de style classique. Les pistes débutant près de Chelsea sont larges et bien dégagées, grimpant lentement mais sûrement en direction du fameux lac Meech, convenant aussi bien aux enfants qu'aux émules d'Alex Harvey venus s'entraîner en vue d'une compétition. Les raquetteurs ne sont pas en reste, avec 50 km de sentiers qui leur sont consacrés, dont deux boucles au départ de Chelsea. (www.capitaleducanada.gc.ca. Tarifs: enfants, étudiants et aînés: 10$. Adultes: 14$. Familles: 30$.)

16 h

C'est l'heure du petit remontant. Le village minuscule de Chelsea offre quelques belles options, dont le Café des saisons (lessaisonscoffee.com, 233, chemin Old Chelsea, 819-827-3303), pour des chocolats chauds sucrés et des cafés équitables, la Boulangerie dans un village (www.chelseabakery.com, 242, chemin Old Chelsea), pour de copieux biscuits et brownies à emporter, ou le Chelsea Pub (238, chemin Old Chelsea, chelseapub.ca, 819-827-5300), pour une bière pression dans une ambiance décontractée.

17 h

Direction Wakefield, ce petit village au charme fou situé à une vingtaine de kilomètres plus au nord. Lové le long de la rivière Gatineau depuis 1830, il a tout pour plaire, avec ses petites boutiques d'artisanat et ses cafés parsemés le long de la bien nommée route Riverside. Les maisons de bois sont peintes en rouge, jaune maïs, vert forêt ou pervenche. Le soir, le clair de lune émaille de milliards d'étoiles la surface de la rivière gelée, un tableau sublimé par la lueur chaleureuse émanant des chalets nichés dans les collines d'en face. Coquet, oui. Snobinard, non. D'où l'intérêt.

19 h

Malgré la faible population - à peine un millier d'habitants -, Wakefield concentre un nombre impressionnant de restaurants, bars et cafés, dont l'excellent bistro Chez Éric (chezeric.ca, 28, chemin Valley, 819-459-3747), qui sert une cuisine où les produits frais et locaux sont à l'honneur. Le menu, même s'il est très carnivore, comprend toujours une option végétarienne et un plat de poisson. On y croisera aussi bien un groupe de jeunes réunis pour partager un plateau de fromages qu'un couple venu dîner en tête-à-tête. Le détail craquant: le pain maison est servi avec de la gelée de pommes cueillies dans le jardin du resto.

21 h

Il n'est pas encore très tard et, contrairement à bien des villages de plus grande taille, Wakefield ne s'endort pas. Des chansonniers donnent le ton au Kaffé 1870 (715, Riverside, Wakefield) et au café Le Hibou (www.cafelehibou.com, 757, Riverside) entre deux verres de bière. Les clients du moulin Wakefield préféreront peut-être retourner à l'auberge pour détendre leurs muscles dans l'un des bains thérapeutiques extérieurs, la tuque bien vissée sur la tête.

Jour 2

9 h

Une grande journée de sport commence par un bon petit-déjeuner. Celui offert au moulin Wakefield, sans être particulièrement original est, pour 15$ (supplément les dimanches pour le brunch), très satisfaisant et servi dans une salle à manger offrant une jolie vue sur les chutes. À cette heure, les fondeurs du coin sont déjà réunis au café Molo (1, chemin Valley) chaussés de leurs bottes de ski, la barbe couverte de givre et les joues rougies par le froid ou réchauffées par un grand cappuccino équitable.

10 h

L'entrée du parc de la Gatineau est si près de Wakefield qu'on peut s'y rendre à pied à partir du centre-ville. De ce côté-ci, les sentiers de ski de fond sont encore plus beaux qu'à Chelsea, plus vallonnés et variés, sillonnant sans fin les champs et les sous-bois givrés.

14 h

Soupes, sandwichs, biscuits au chocolat et graines de lin, croissants et pains de grains entiers: tout est biologique et, le plus souvent, local, sur les rayons de la boulangerie Pipolinka (757, chemin Riverside, Wakefield), une adresse de choix pour les gourmands à la conscience aiguisée. À deux pas de là, le café Hibou sert une honnête «French onion soup», annonce la serveuse, ajoutant: «C'est plus facile à dire en anglais qu'en français, non?» Non, pas vraiment. Mais il faut dire qu'à Wakefield, la langue de Molière en prend pour son grade.

15 h

Encore de l'énergie? Il n'y a rien de tel pour retomber en enfance qu'une série de glissades sur tubes au mont Edelweiss (www.skiedelweiss.com) dont les pistes sont, en prime, éclairées en soirée. Envie de se détendre? Il faut aller se faire dorloter au nouveau Spa Nordik (16, chemin Nordik, Chelsea, lenordikspa.com) installé en pleine forêt aux abords du parc de la Gatineau. Dans tous les cas, ne manquez pas de faire un petit détour près du joli pont couvert de bois rouge cerise qui enjambe la rivière, détruit par un incendie en 1984, mais reconstruit grâce à la mobilisation citoyenne en 1998. En passant, vous pourrez même faire le plein à la confiserie Wakefield (817, chemin Riverside, laconfiserie.ca). Le chemin du retour sur la 417 devrait être un peu moins morne, ponctué de quelques carrés de - très bons - chocolat, ou de tire-éponge maison.