Le temps d'un après-midi, au Massif, on peut laisser ses skis de côté dévaler le mont à Liguori, le plus haut sommet (800 mètres) du littoral du Saint-Laurent, en luge!

Si cette montagne ne s'est pas qualifiée pour une descente masculine aux Jeux olympiques, faute d'une inclinaison suffisante, elle convient parfaitement aux traîneaux. Ça, on vous le confirme!

C'est à la suite de plusieurs voyages en Europe que Daniel Gauthier, propriétaire du Massif, a eu l'idée d'implanter cette activité en Amérique du Nord. «En Autriche, plusieurs centres de ski possèdent des pistes de luge ou la permettent sur leurs pistes, mais c'est souvent assez désorganisé comme activité. Les gens dévalent les pentes après une soirée arrosée de schnaps!», raconte-t-il.

Avec notre obsession nord-américaine pour la sécurité, pas question d'offrir la luge à la sauce autrichienne dans Charlevoix. Ici, l'activité est minutieusement encadrée, avec deux guides pour 15 participants. Le port du casque (fourni) est obligatoire. La piste, large et bien signalisée, est réservée aux lugeurs (10 ans et plus) et les boissons incluses ne comprennent pas d'eau-de-vie.

1,2,3 Go!

À 13h, c'est l'heure du départ. À partir du chalet du sommet, tout le monde grimpe à bord d'un catski pour se rendre jusqu'à l'entrée de la piste. De là se trouve une pente-école, où l'on se familiarise avec la conduite de nos luges. Il en existe deux modèles: la traditionnelle en bois, fabriquée au Québec, qui s'utilise en position assise, et la «Hammerhead», faite d'un cadre métallique, qui se contrôle en position couchée, tête première. Plus rapide, elle obtient la faveur des gens avides de sensations fortes.

Malheureusement, vu la surface durcie de la piste, à cause d'une récente pluie, les guides nous ont imposé l'usage de la luge traditionnelle. L'avantage, c'est qu'elle rappelle les luges de notre enfance. En l'essayant, on redevient un gamin. Quelques minutes d'essai suffisent pour maîtriser la descente, l'expérience acquise pendant notre enfance aidant. C'est comme le vélo, ça ne se perd pas.

Après les derniers conseils d'usage, tout le groupe s'élance, l'un après l'autre, afin d'éviter les «caramboluges», dit le guide Mathieu. Au fil du parcours, on prend ses aises, jusqu'à imiter Jacques Villeneuve et tenter des dépassements.

Au total, la piste compte 22 virages, dont certains sont très accentués, de bonnes descentes à pic et, surtout, des paysages sensationnels. Une section a été judicieusement baptisée la «Côte des panoramas». Tellement qu'il faut faire un effort pour rester concentrer sur la piste.

À mi-parcours, les lugeurs profitent d'une pause-café dans un refuge puis repartent pour le dernier sprint. L'activité s'étale sur deux heures, dont 45 minutes de descente.

Au retour, tous les participants étaient extatiques. À les entendre, ils n'avaient jamais rien vécu d'aussi intense. Seul votre humble serviteur n'a pas été complément conquis. Bien sûr, impossible de faire l'unanimité. Peut-être m'aurait-il fallu quelques gouttes de schnaps pour changer ma perception des choses!

En revanche, il faut l'admettre: pour ceux qui ne font pas de ski, c'est une façon de goûter aux plaisirs de la montagne. C'est justement cette clientèle que vise M. Gauthier. Et il a vu juste. D'ici la fin de la saison, les week-ends de luge affichent presque déjà complet. Il reste cependant des places en semaine et pour les groupes de 10 personnes et plus.

Deux forfaits sont au programme: la formule classique, avec transport en chenillette, la descente guidée, le jus et café à mi-parcours et le retour au sommet en télécabine (2 heures, pour 29,95$); et la formule authentique, qui remplace le déplacement en catski par une randonnée en raquette et une soupe consistante à mi-parcours (3 heures pour 34,95$). Réservation obligatoire.