À l'évocation des mots désert, chameaux, Sidi Bou Saïd, Carthage et chicha (cette fameuse pipe à eau), à quelle destination pensez-vous? À la Tunisie, bien entendu. C'est vrai, la Tunisie, c'est tout cela, mais tellement, tellement plus!

Bien assise sur ses lauriers de destination soleil des Européens, puisque ses 1300 kilomètres de plage se trouvent à deux heures trente de vol de Paris, la Tunisie n'avait pour ainsi dire pas beaucoup d'effort à faire pour stimuler son industrie touristique. Ses gros hôtels luxueux aux formules tout-inclus séduisent immanquablement les touristes internationaux, qui s'y font bronzer et profitent du séjour pour se rendre une journée aux portes du désert en 4 X 4. Que demander de plus? Des plages, du soleil, du dépaysement et du désert...

Mais voilà que le touriste contemporain en veut plus. Voilà que son (deuxième) voisin le Maroc charme le Touristus écologeus à coups de randonnées pédestres dans l'Atlas et que l'Algérie recommence à intéresser les voyageurs... Il était temps que les Tunisiens se secouent le chechia (leur chapeau rouge typique) pour dévoiler leurs trésors cachés. Pas de problème! Le pays sort ses as et il en a des tonnes!

«Vert»... le nord

D'abord, il y a le Nord. Saviez-vous qu'il neige en Tunisie? Eh oui! Presque chaque hiver, l'étonnant village d'Aïn Draham, juché en montagne à 800 mètres d'altitude, est couvert de blanc et fait fonctionner les cheminées de ses maisons aux toits rouges. Sommes-nous réellement en Afrique? Une chose est sûre, nous sommes à mille lieues du décor qui inonde la plupart des cartes postales du pays. La montagne verdoyante, les jeunes vendeurs de pignons sur les routes et les forêts de bruyère déroutent. On ne peut s'empêcher de penser à l'Autriche ou à Charlevoix! Même l'agneau (le meilleur du pays est à Aïn Draham, achetez-le chez le boucher et demandez au restaurant du coin de le griller pour vous) nous rappelle celui de notre région.

Les amoureux de grande nature, de randonnée pédestre et d'air pur planent dans ce coin de pays. Vues splendides, ascensions vertigineuses... étourdissantes. En se rendant jusqu'à la station thermale de Hammam Bourguiba, dont les vertus de son eau sulfureuse guérissent des gens depuis l'Antiquité, on longera la frontière de l'Algérie sur des routes sinueuses et intrigantes qui évoquent celles des contes de notre enfance. Ces paysages sont si étonnants qu'ils semblent irréels. À chaque tournant, on s'attend à voir apparaître un château enchanté. C'est une charrette pleine d'artichauts tirée par un âne qui croise plutôt notre chemin ou un sympathique berger qui semble n'être là que pour la beauté du tableau.

L'«AIR» de Tabarka

 

Entre Tunis et Tabarka, Beja, avec son célèbre pont, fascine par ses monuments.

Photo Dali Sanschagrin

  Le Nord, c'est aussi Tabarka. Située entre la Méditerranée et la montagne, cette ville est encore méconnue des touristes bien qu'elle reçoive des amateurs de musique chaque année avec son festival de jazz qui a comme titre Pour ne pas bronzer idiot. Tout l'été, la ville vibre sur les rythmes raïs, latins et world beat. Tabarka, c'est aussi la ville de la plongée, avec les fonds sous-marins les plus riches du pays. Le corail rouge est pêché ici depuis la nuit des temps. L'été, chaque matin, les plongeurs descendent à plus de 100 mètres pour cueillir des tiges vibrantes qui reviendront au port, où elles seront vendues aux enchères. Une expérience fantastique qui sera volontiers suivie d'un capucin (minicapuccino tunisien) dégusté au sublime café El Andalous, endroit mythique qui témoigne à merveille de l'époque arabo-andalouse avec son décor surchargé.

Des sites d'exception

Autre point d'intérêt de la région, l'archéologie. «On retrouve dans le secteur un fascinant triangle archéologique», affirme Pierre Senay, chef de la mission archéologique canadienne à Carthage pendant une trentaine d'années et aujourd'hui retraité. Bulla Régia, Chemtou et Dougga sont trois sites intéressants et complémentaires. Bien que Carthage soit le site le plus populaire de la Tunisie, ceux de la région du Nord sont mieux conservés et plus complets. «Le site de Bulla Régia est exotique pour le visiteur puisqu'il permet de découvrir des maisons dont les sous-sols étaient utilisés pour rester au frais l'été. De plus, des mosaïques sont présentes sur les murs et les sols. Chemtou est un site industriel remarquable. C'est ici que l'on découvre les premières turbines horizontales au monde et les premières usines «à la chaîne» pour le marbre!» À Dougga, impossible de rester de marbre devant le plus important site tunisien de l'époque romaine. On y retrouve un temple, un théâtre, des thermes, des maisons, des rues.

Les Îles de Kerkennah, l'appel de l'archipel

Autre «joker» que la Tunisie cache bien dans sa manche, l'archipel de Kerkennah, qui est en quelque sorte considéré comme l'archipel rebelle. Car, bien que les Kerkennois soient fiers de leurs îles et de leur culture et qu'ils souhaitent fortement les faire connaître, ils tiennent aussi mordicus à leur authenticité et ils se battent fort pour ne pas devenir une île «envahie» par le tourisme de masse comme leur soeur du Sud, Djerba. C'est donc un pari difficile : devenir plus populaire sans perdre quoi que ce soit de son identité. En tout cas, pour l'instant, le pari est toujours gagné. Si le terme écotourisme est galvaudé, ici, il prend tout son sens. Si pures et si préservées, les îles de Kerkennah font partie de ces endroits dépouillés et vrais. L'archipel est constitué de sept îles situées au nord du golfe de Gabès et dont deux seulement sont habitées (Chergui et Gharbi).

Pour s'y rendre, il faut passer par la ville de Sfax et faire un saut à sa médina pour déguster ses célèbres bambalonis, genre de beignet dégoulinant de miel ou garni d'un oeuf à la façon d'un brick croustillant. Un péché! Au port de Sfax, on prend le bac pour une traversée libératrice d'environ 40 minutes. Fort plate, l'île principale ne se perçoit qu'à son approche, et dès notre arrivée au port Mélita, on capte son caractère particulier. Elle semble dire «Bienvenue, respecte-moi et je t'ouvrirai les bras». Rapidement, on se liera d'amitié, on se fera inviter à dîner et l'on nous racontera l'histoire de l'île, qui débute à l'époque phénicienne, plus précisément 700 ans avant J.-C.

Ne cherchez pas ici les boîtes de nuit! Même les vendeurs de gogosses touristiques n'ont pas encore trouvé le chemin de Kerkennah. Nu, presque vierge, l'archipel invite au farniente. Devant autant de dépouillement, le voyageur se trouve face à lui-même. Loin du stress, au rythme de l'appel à la prière qui nous provient des mosquées, au rythme des marées. Kerkennah est un hymne à vie, à la nature et à la pureté.

Chaque année, en mars, on rend hommage au poulpe, que l'on pêche encore dans des gargoulettes de terre cuite tout en sensibilisant les insulaires et les festivaliers à l'importance de sauvegarder le patrimoine maritime. Car bien que l'on soit de type optimiste, sur l'île, reste que les fonds marins sont de moins en moins riches, compte tenu de la pêche non organisée et de la pollution.

Les dars

   

Photo Dali Sanschagrin

Pour contrer sa réputation de «gros hôtels» de masse, la Tunisie met de l'avant son hôtellerie de charme avec les dars. Dar signifie «maison» en arabe. Il s'agit d'anciennes demeures avec cours intérieures transformées en résidence touristique. On en retrouve de plus en plus, avec Dar Saïd à Sidi Bou Saïd ou Dar Dhiafa à Djerba. Mais la plus magique est sans contredit Dar El Médina, située au coeur de la médina de Tunis. Jeux d'ombre et de lumière, mystère à chaque impasse, beauté brute des souks où se mêlent les effluves enivrants de menthe et de chicha, la médina de Tunis est l'une des plus belles de l'islam, et y passer la nuit transporte le visiteur dans un monde particulier. À l'ombre de la mosquée Ezzitouna, Dar El Médina est une ancienne demeure luxueuse transformée en hôtel de 12 chambres toutes différentes et décorées avec justesse. Intrigante, la maison est pleine d'escaliers et de terrasses et semble cacher des siècles d'histoire et de secrets. À l'abri du brouhaha de la vieille ville, on y rentre comme chez soi. Essayez d'en partir... www.darelmedina.com

Le royaume des festivals...

La Tunisie est toujours en festival! En voici quelques-uns fort intéressants. Durant les mois de juillet et d'août, les villes de Carthage, de Hammamet, de Bizerte, de Dougga, de Sousse, de Sfax et de Monastir sont en festival.

° Festival des oranges de Nabeul : mai

° Festival de l'épervier de Haouaria : juin

° Festival du film amateur de Kélibia : juin

° Festival de musique traditionnelle de Testour : juillet

° Jazz de Tabarka : juillet et août

° Festival du film de Djerba : août

° Festival de musique symphonique d'EL Jem : août

° Festival du Corail de Tabarka : septembre

° Nuit des étoiles à Ksar Ghilane : septembre

° Festival de la pêche de Tabarka : octobre

° Festival des olives de Sfax : novembre

° Festival du Sahara à Douz : décembre

° Festival des oasis de Tozeur : décembre

° Poulpe de Kerkennah : mars

° Festival des ksours de Tataouine : avril

° Jazz à Carthage : avril

Repères

Langue : En Tunisie, presque tout le monde parle français et arabe.

Meilleure période pour s'y rendre : Les meilleures périodes pour voyager en Tunisie sont les mois de mai, de juin et de septembre. La période estivale de juillet et août est géniale si l'on apprécie les grandes chaleurs, cependant, en bord de mer, il ne fait jamais trop chaud.

Monnaie : La monnaie est le dinar, environ un dinar pour un dollar.

Transport : Air France et Royal Air Maroc proposent de bons prix pour voyager vers la Tunisie, via Paris ou Casablanca. Mais les rumeurs d'un prochain vol direct vont bon train et nous gardons espoir.

Une fois à Tunis, l'idéal est de louer une voiture pour se rendre dans le Nord ou aux îles de Kerkennah puisque les routes sont remplies de merveilles. Cependant, soyez vigilants au volant, sachant que pour les Tunisiens, deux voies égalent trois voies. Pour eux, il en existe une au centre (sur la ligne droite) qui sert à dépasser! Sinon, les trains sont efficaces. Les plus téméraires peuvent prendre le louage, genre de minicamion blanc avec une ligne rouge. Ces transports en commun nous promènent partout dans le pays, à prix dérisoire (environ 4 $ Tunis-Hammamet pour 70 kilomètres). S'informer pour les stations de louage.

Culture : Les Tunisiens sont musulmans. Il s'agit d'un pays ouvert où tout le monde fait à son goût. Ainsi, peu de femmes portent le voile et les jeunes femmes s'habillent comme elles le désirent.

Tous les établissements touristiques vendent de l'alcool.

Pour toute information sur la Tunisie et la thalassothérapie en Tunisie, contactez Premia Spa au 1 888 776-7882.

Pour plus d'information : www.tourismtunisia.com et tunisinfo@qc.aira.com