Plusieurs entreprises d'ici confirment la diminution des demandes pour les croisières. «Ce genre d'incident peut ébranler à court terme la confiance des gens, affirme Danilo Dantas, professeur adjoint en marketing à HEC Montréal. C'est récent dans la mémoire.

En ce moment, plusieurs travailleurs préparent leurs vacances d'été et, au lieu d'aller en croisière, certains vont peut-être finalement choisir une option plus sûre pour leur famille», ajoute-t-il.

JoAnne Labrecque, professeure en marketing à HEC Montréal, partage le point de vue. Les deux incidents, qui ont grandement fait les manchettes, affecteraient davantage la décision des voyageurs qui jonglaient avec l'idée d'aller en croisière, mais qui n'avaient pas encore pris de décision. Ceux-ci ont probablement plus eu tendance à revoir leurs plans de vacances.

Pour illustrer ce phénomène, des compagnies comme Royal Caribbean ont connu une baisse de 13% à 16% de leurs ventes de croisière, rapporte le site travelweekly.com.

«Pour les gens qui n'ont jamais fait de croisières, ça peut avoir une influence, reconnait Benoît Deshaies, vice-président aux ventes, marketing et communications de Vacances Tours Mont-Royal (TMR). Mais après six mois, les effets ne se font plus ressentir. Un avion qui s'écrase est beaucoup plus marquant.»

Pour cette raison, plusieurs agences québécoises se montrent confiantes et se disent convaincues que ce creux de vague ne sera que de courte durée.

Chasseurs d'aubaines

Preuve tangible que l'engouement pour ce type de vacances reviendra en force: certains clients recommencent à appeler chez Vacances Air Canada. Ils veulent savoir si le prix des croisières a diminué à la suite des problèmes de Costa, raconte Nathalie Tanious, vice-présidente au développement croisière et international de l'entreprise, qui reconnaît tout de même avoir noté une diminution des ventes quelques jours après les fameux événements.

Par ailleurs, certaines agences affirment être plus réticentes à promouvoir les croisières de la compagnie Costa, propriétaire des deux tristement célèbres bateaux.

«Je suis plus hésitant à vendre du Costa, indique Patrick Giguère, directeur de l'agence Voyages Constellation. Ce n'est pas pour des raisons de sécurité, mais plus pour des raisons financières.» Difficile, selon lui, de prédire si la compagnie pourra maintenir le cap et continuer à offrir des services malgré les problèmes financiers qu'elle risque de connaître au cours des prochains mois.

Chose certaine, pour le moment, Costa fait des pieds et des mains pour regagner la confiance des voyageurs. En plus de l'annonce récente de la mise à l'eau d'un navire complètement rénové, le Costa neoRomantica, la compagnie affiche présentement sur son site internet des offres de croisières à des prix alléchants. Un voyageur qui souhaite faire un périple permettant de voguer près des côtes de Miami, de la Jamaïque, du Belize, du Mexique et des Bahamas n'aura qu'à débourser 699$ alors qu'il en coûtait auparavant 1889$. Autre exemple: le nord de l'Europe est maintenant accessible pour 899$ au lieu de 2229$.

En plus de diminuer ses prix, Costa devra s'efforcer de communiquer avec ses clients actuels et futurs en les rassurant sur la fiabilité des embarcations, ajoute Mme Labrecque.

Une stratégie que doivent également adopter les autres entreprises de croisières afin de ne pas être éclaboussées par les déboires de Costa. «Généralement, c'est une industrie qui va très bien, ajoute Marie-Christine Hallé, analyste à la chaire de tourisme Transat ESG-UQAM. Les ports connaissent des records d'achalandage.» Selon elle, la popularité des paquebots devrait rapidement revenir en force.