La journaliste Esther Bégin vient de passer deux ans à New York. Elle a tiré de son séjour un carnet de ses meilleures adresses, histoire de partager sa passion pour une ville sans égale...

En décembre 2009, en compagnie de son conjoint John Parisella, envoyé à New York comme délégué du Québec, Esther Bégin s'installe dans la métropole américaine avec trois objectifs en tête. S'y établir comme correspondante pour divers médias, obtenir un diplôme d'une université américaine (ce sera l'Université de New York) et revenir à Montréal parfaitement bilingue. Triple réussite, que vient couronner la publication ces jours-ci de son Carnet d'une flâneuse à New York, dans lequel elle livre ses meilleures adresses, fruit de deux années à profiter intensément de la ville.

Dans l'Upper East Side, Esther Bégin tombe sur un couple de Québécois, avec en poche son article de La Presse, à propos d'un diner du quartier. Un jour, elle aperçoit des clients du Halal Cart (Midtown) qui tiennent dans leurs mains le dernier numéro du magazine Ricardo, où elle vante les mérites de la cantine. Le même genre de phénomène se reproduit au Eataly, pour lequel elle s'est enthousiasmée un matin, à l'émission de Christiane Charrette. Impossible de le nier, soutient Esther Bégin: les Québécois entretiennent une relation étroite, passionnée avec New York.

Album de souvenirs

De cette découverte naît l'idée de fabriquer, petit à petit, ce carnet, objet hybride, au croisement du guide touristique et de l'album de souvenirs. À cela s'ajoute le fait que dès son arrivée, la journaliste curieuse de tout entreprend de connaître et de répertorier la ville dans ses moindres détours. Sans perdre une seconde, elle visite les restaurants recensés par les critiques du New York Times, retient les adresses proposées par le Time Out New York. Ses affectations professionnelles, le bouche à oreille, les balades: tous les chemins la mènent à la conquête de la Grosse Pomme.

Dans la version finale du guide, 125 adresses ont été sélectionnées. Il a bien fallu faire des choix, établir des critères. Le mot d'ordre: dépayser un peu le touriste, d'abord. Mais surtout, ne retenir que les adresses emblématiques de New York au quotidien. «Seulement les lieux, précise l'auteure, où j'avais mes repères, où j'avais mes habitudes. Le seul critère, en fait, c'était moi!» Elle assume, voire revendique le caractère très personnel de son Carnet. On arrive même à y deviner, en filigrane, ses préférences pour certains quartiers: l'Upper West Side, le Meatpacking District, Brooklyn... Une place spéciale est aussi réservée à Midtown, où elle a habité jusqu'en janvier dernier.

L'expatriée, on le sent, s'est rapidement retrouvée en «territoire ami» à Manhattan. Le choc culturel, comme elle se plaît à le raconter, s'est prolongé pendant... 15 minutes. Maximum: «Aussitôt descendue de l'avion, je suis devenue new-yorkaise.» Certains aspects de la ville lui ont-ils paru plus étonnants, plus déroutants? Elle répond sur-le-champ: «Oui, la gentillesse des gens. Je ne m'attendais pas à ce que les New-Yorkais soient des êtres agréables à côtoyer à ce point. Plein d'humour, ouverts d'esprit. Ils ont de l'aplomb, leur folie est contagieuse...»

«Folie contagieuse...», voilà le secret de New York, ce qui la rend si fascinante, croit Esther Bégin. «Oui, les gens mènent une vie de fous à New York. Mais la folie, c'est la norme. Je parle d'une bonne folie. Il n'y a jamais rien d'assez fou, pas un projet, pas une idée. Il se dégage de la ville une énergie tellement positive. C'est tellement enivrant.»

Le retour

Le vrai choc, ses proches l'avaient prédit à son retour à Montréal. Or, il n'en est rien. «Je redécouvre la ville!» dit-elle avec enthousiasme. Elle ne tarit pas d'éloges sur la métropole québécoise: ville à dimension humaine, où la vitalité économique est exceptionnelle: «On construit partout!» Jusqu'à y trouver, compliment ultime, des airs de New York. Un peu du Meatpacking District dans Griffintown. Un peu de Brooklyn dans le Mile End.

New York en cinq mots? Dans l'ordre: diversité, créativité, folie, audace et énergie. Vivre dans ce «pur concentré d'énergie positive», conclut-elle, lui a ouvert les horizons. Avec la parution de son Carnet d'une flâneuse à New York: mes meilleures adresses, on savait qu'Esther Bégin avait conquis la Grosse Pomme. On ne doute plus, maintenant, que la ville l'a conquise aussi.

Cinq adresses surprenantes

1 Ten Bells

Un bar à vin doublé d'un bistro baptisé en «hommage» au pub où Jack L'Éventreur donnait rendez-vous à ses victimes... sombre et unique.

247, Broome St. 212-228-4450 thetenbells.com métro: Delancey St., Bowery, Grand St. ou Essex St.

2 Roberta's Encore!

261, Moore St., Brooklyn. 718-417-1118 robertaspizza.com métro: Morgan Av.

3 Katz's Delicatessen

Depuis 1888, une expérience purement new-yorkaise...

205, E. Houston St. 212-254-2246 katzsdelicatessen.com métro: 2nd Avenue

4 Korea Town

Le centre des affaires coréennes, à l'ombre de l'Empire State Building. Un secret bien gardé.

métro: 34th St. et Herald Square

5 Le quartier Red Hook à Brooklyn

Autour de la «Main» du quartier, la rue Van Brunt.

métro: Carroll St. (au moins 5 min. de marche).

Cinq coups de coeur parmi les coups de coeur

1 La traversée du pont de Brooklyn, à pied.

2 Battery Park City. Près du complexe du World Financial Center: «Le bord de mer, mais en plein coeur de New York.»

3 Roberta's à Brooklyn. «C'est comme si Roberta's s'était fait un nid dans la cour de garage d'un immeuble délabré. Mais même le New York Times dit qu'il s'agit de l'un des restaurants les plus extraordinaires des États-Unis.»

4 Le High Line. Ce parc urbain aménagé sur une voie ferrée désaffectée qui surplombe Manhattan.

5 Le quartier Upper West Side, au grand complet.

Photo Photos.com

Le quartier Upper West Side