Le tourisme responsable a le vent en poupe. Ses principes fondamentaux: avoir un impact positif sur les populations locales et réduire les conséquences de son voyage sur l'environnement. Comment en arriver à atteindre ce but? Parfois avec de l'argent, parfois avec du temps, mais surtout en faisant des choix éclairés.

Avant de partir en voyage, il faut prendre le temps de bien se renseigner sur la destination, les hôtels et les tours voyagistes qui privilégient le développement durable, où sont pris en compte les aspects économiques, sociaux et environnementaux. Voilà le premier conseil de Sylvie Rivard, blogueuse sur le site de tourisme responsable des guides de voyage Ulysse et éco-conseillère. «Ça demande davantage de préparation. Il faut surtout déterminer nos besoins au cours d'un voyage, qui varieront beaucoup s'il s'agit de notre voyage de noces ou d'un voyage en sac à dos», dit Mme Rivard.

 

Les renseignements cherchés, on peut les trouver bien au-delà des traditionnels guides de voyages. Sur l'internet, les blogues, les réseaux sociaux comme Facebook, par exemple, où les commentaires d'autres touristes peuvent s'avérer des sources d'informations intéressantes et pertinentes, surtout lorsqu'on sait qu'on partage une certaine vision du tourisme avec eux.

Penser vert

Quelques trucs simples permettent d'ores et déjà de devenir un touriste plus responsable. On peut compenser les émissions de gaz à effet de serre émis lors du transport en avion en faisant un don à une organisation qui a des projets de développement durable, par exemple Carbone boréal. L'organisme plante des arbres pour régénérer la forêt boréale. «C'est certain qu'il s'agit d'une façon de s'acheter une conscience, mais on ne peut pas arrêter de voyager. Au moins, ça permet d'investir dans des projets intéressants du point de vue environnemental», dit Mme Rivard.

Différents sites permettent de calculer les gaz à effet de serre émis lors de voyages en avion. Air France notamment propose à même son site internet un calculateur de CO2.

Un autre truc: utiliser la technique de l'étoile lorsqu'il s'agit de visiter une destination, note Sylvie Rivard. L'idée est donc de privilégier ce qu'il y a à voir dans les environs du lieu où l'on a posé ses valises, une façon d'éviter de longs déplacements supplémentaires. Mieux vaut alors ne pas parcourir trois pays en une semaine.

On peut aussi choisir, pendant son séjour, de dormir dans des hôtels qui possèdent des certifications environnementales. Elles sont nombreuses dans le monde, notamment Clé verte. «Aussi, les petits endroits qui ont peu de moyens, par exemple les auberges de jeunesse, font souvent du développement durable, parce qu'il leur faut faire le plus possible avec peu», dit Mme Rivard.

Pour trouver d'autres petits trucs à mettre en pratique, on peut se tourner entre autres vers le Passeport vert des programmes des Nations unies pour l'environnement (voir encadré).

La conscientisation a déjà fait son chemin dans les esprits des voyageurs, estime Julianna Priskin, professeure associée au département des études urbaines et touristiques de l'École de gestion de l'UQAM. «De plus en plus de gens se disent préoccupés par toutes ces considérations quand on les questionne dans des sondages. Toutefois, dans la réalité, ils n'agissent pas toujours en conséquence», dit-elle.

Quand ils ont un impact sur le prix à payer, certains choix ne suivent pas toujours les valeurs. Il n'est pourtant pas illusoire de croire que le touriste a un impact sur les pratiques de l'industrie touristique des pays en voie de développement. «Une fois que le voyageur d'ici exige quelque chose, il dit aux entrepreneurs: si vous voulez être concurrentiels, vous devez agir autrement», dit Mme Priskin.

 

Forfaits responsables

Au Québec, le virage du développement durable est bien amorcé dans l'industrie touristique. Kepri, une entreprise de Montréal, propose par exemple de l'écotourisme culturel. Les itinéraires proposés ont ainsi été conçus par une personne qui vient du pays visité ou qui y a déjà vécu. Une connaissance approfondie d'une région du monde permet de sortir des sentiers battus et de s'assurer que l'argent dépensé va bénéficier le plus possible aux populations locales. «Au Pérou, nous refusons de faire la Inca Trail pour se rendre au Machu Picchu. Nous empruntons des sentiers moins connus, plus longs, qui traversent des villages et permettent de rencontrer la population. Notre but est d'apprendre aux gens à voyager de façon responsable», dit Anthony Chamy, cofondateur de l'entreprise.

Les hôteliers québécois se rangent aussi du côté du développement durable, avec la certification Réser-vert. Une cinquantaine d'entre eux la possèdent déjà. Ils ont réalisé une ou plusieurs des quelque 50 actions proposées. «Cela peut autant être de fermer les rideaux en plein jour que de remettre à des organismes les surplus du buffet. Les hôteliers ne doivent pas remplir tous les critères, mais ils doivent s'améliorer pour garder leur certification», raconte Danielle Chayer, vice-présidente de l'Association des hôteliers du Québec, qui est derrière la certification.

Pour les séjours en plein air, il est possible de suivre des ateliers de formation pour le programme Sans Trace Canada, donnés par Aventure écotourisme. Le code d'éthique à adopter, disponible sur l'internet, se concentre notamment sur la gestion des déchets, l'impact des feux et le respect de la vie sauvage.

Et, bien sûr, une autre façon de réduire l'impact négatif d'un voyage, c'est de faire du tourisme de proximité.

Dix trucs simples du Passeport vert

1 Privilégier le slow travel, qui consiste à se déplacer moins en voyage, mais surtout à le faire plus lentement, en privilégiant par exemple le train par rapport à un vol intérieur.

2 S'assurer que l'argent dépensé au cours de séjours «authentiques» dans des communautés profite bien à ses habitants.

3 Monter à pied une montagne pour admirer les paysages d'une région plutôt que de s'y rendre en 4X4 ou de la survoler en avion.

4 Manger la nourriture locale, histoire de soutenir les fermiers et les producteurs de l'endroit.

5 Réduire son usage d'eau en voyage, encore plus particulièrement dans les régions où la consommation d'eau douce est un enjeu.

6 Disposer adéquatement des déchets comme on le ferait chez soi.

7 Garder une distance respectueuse avec les animaux sauvages lors de leur observation.

8 Ne pas montrer sa richesse ni abuser de ses moyens en présence de la population locale.

9 Poser des questions sur la gestion des déchets et les pratiques en ce qui concerne l'économie d'énergie et d'eau avant de réserver un hôtel.

10 Acheter des produits d'artisanat locaux en guise de souvenirs.

Tirés du Passeport vert www.unep.fr/greenpassport

SUR LE WEB

Passeport vert www.unep.fr/greenpassport

Blogue tourisme responsable www.bloguesulysse.com

Carbone boréal www.carboneboreal.uqac.ca

Kepri www.kepri.com

Réser-vert www.reservert.com

Ateliers Sans traces www.aventure-ecotourisme.qc.ca

Photo: fournie par Kepri Tour