Les pays de l'Europe de l'Est ont la cote auprès des voyageurs, qui poussent chaque année plus loin leur exploration des anciens pays communistes, où les installations touristiques s'améliorent sans cesse... et où les prix restent raisonnables.

«La demande pour les pays d'Europe occidentale reste stable, mais elle est à la hausse pour tous les pays d'Europe de l'Est et d'Europe centrale », constate Colette Girard, directrice des ventes du voyagiste Jolivac.

Quatre ans après avoir découvert la Croatie et son superbe littoral, les Québécois sont curieux d'explorer les autres pays qui se cachent dans les replis des Balkans. La majorité de ceux qui visitent la Croatie poussent une pointe au Monténégro.

La plupart s'y cantonnent aux Bouches de Kotor, seul fjord du bassin méditerranéen, mais les initiés remontent la route spectaculaire qui conduit à Cetinje, ancienne capitale royale du pays, et explorent le littoral jusqu'à la presqu'île de Sveti Stefan, où un ancien village de pêcheurs du XVe siècle a été converti en hôtel de grand luxe. Plusieurs agences et grossistes incluent le Monténégro dans leur programmation, parfois seul (Uniktour), parfois combiné à la Croatie et à la Bosnie (Traditours, Voyages Lambert, etc.).

La Roumanie et la Bulgarie commencent à faire leur apparition dans les brochures des voyagistes spécialisés dans les circuits en autocar. Et le grossiste Jolivac va un peu plus loin en commercialisant un itinéraire - les Balkans - qui traverse la Slovaquie, la Croatie, le Monténégro, la Macédoine, la Bosnie-Herzégovine et l'Albanie. Pour ce dernier pays, on peut parler d'audace, car les infrastructures routières et touristiques y laissent encore à désirer, hormis pour la petite station balnéaire de Sarande, qui fait face à l'île de Corfou. Cette ville de 32 000 habitants commence à attirer beaucoup de vacanciers européens et les compagnies de croisières de grand luxe (Crystal, Régent Seven Seas, la Compagnie du Ponant), toujours en quête de nouveaux horizons pour leur clientèle blasée, y font escale.

L'aubaine : la Hongrie

Du côté des sentiers un peu plus battus, il faudra observer la Hongrie. Les Québécois fréquentent ce pays depuis plusieurs années, mais c'est généralement dans le cadre d'un circuit qui comprend l'Autriche et la République tchèque. En Hongrie, ils se cantonnent trop souvent à Budapest et à la très belle région de la courbe du Danube, coincée entre la capitale et la frontière slovaque. Mais cette année, ils pourraient bien s'aventurer plus loin dans le pays.

Trois facteurs concourront à les y inciter : la multiplication des programmes proposés par les voyagistes québécois ; l'intronisation de Pecs - la plus belle ville du pays après Budapest - au titre de capitale culturelle de l'Europe pour 2010 ; et le fait que la Hongrie est - et de loin - le pays d'Europe où le prix des prestations touristiques est le moins élevé.

Chaque année, les services postaux britanniques établissent un classement des 30 destinations mondiales les moins chères en se basant sur un panier de prestations quotidiennement consommées par les touristes (dont un repas pour deux avec une bouteille de vin). La Hongrie arrive en tête, devant la Thaïlande, la Bulgarie et l'Espagne. Pour la Hongrie, l'explication est simple : la monnaie locale - le forint - n'est pas très performante face à l'euro et aux principales devises. Nombreux seront les touristes qui voudront profiter de l'aubaine, et Vienne, qu'Air Transat desservira une fois par semaine, de la mi-mai à la mi-octobre, constitue une bonne porte d'entrée puisque Budapest n'est qu'à 220 km.

Baisse de prix en Espagne

Pour l'Espagne, c'est du côté de la crise économique, du taux de chômage élevé et d'une certaine désaffection des principales clientèles balnéaires (allemande et britannique) qu'il faut chercher l'explication de la chute des prix. Ce qui renforcera la position de Barcelone, l'une des villes d'Europe les plus populaires auprès des touristes québécois.

Si on peut parler d'une ruée vers l'Est européen, on ne peut pas en dire autant du Nord-Est. Du moins pas pour les Québécois.

Les pays baltes attirent de plus en plus de touristes européens (Tallinn, capitale de l'Estonie, attire énormément d'amateurs de city breaks de Finlande et du Royaume-Uni), mais n'ont pas suscité d'engouement chez nous, même si quelques voyagistes (notamment Tours Chanteclerc) y programment des circuits. Même chose pour la Pologne, qui est pourtant le pays d'Europe de l'Est qui attire le plus de visiteurs étrangers (presque autant que le Canada).

Tous à Berlin

Du côté des grandes métropoles, Berlin est en voie de se hisser sur le même piédestal que Paris et Londres. C'est aujourd'hui la ville la plus effervescente d'Europe. «Nous avons mis 15 ans à la reconstruire et à l'embellir et, aujourd'hui, c'est un peu comme si l'Atlantide venait d'émerger des flots», a lancé Burckard Kieker, président de l'Office du tourisme de la ville, qui était de passage à Montréal en novembre. Il n'y a pas de vol direct mais, pour ceux qui débarquent à Amsterdam, Francfort, Bruxelles ou même Paris, c'est une excellente occasion de découvrir l'Allemagne au passage !

Photo Bela Szandelszky, Associated Press

Le Parlement hongrois à Budapest. La Hongrie est de loin le pays où le prix des prestations touristiques est le moins élevé en Europe.