Las Vegas, ce ne sont pas seulement des machines à sous et des tables de jeu. C'est avant tout le désert. Un lieu hostile, mais magnifique. Immense, mais accessible. Dans un rayon de 250 km autour de la cité du jeu, on trouve quelques-uns des plus beaux paysages de l'ouest américain; certains incontournables, d'autres pratiquement inconnus.

Red Rock Canyon : Le désert en ville

À 15 minutes seulement de Las Vegas, le paysage coloré de Red Rock Canyon apparaît. Le désert est presque en ville dans ce décor naturel de cinéma. Un décor que fréquentent très souvent les gens de la région. Haut lieu de l'escalade, cette aire de conservation offre une grande variété de randonnées faciles. À pied, à vélo ou en auto, chacun y trouve son compte, à sa manière.

Nous avons choisi le vélo, au départ du poste d'accueil. La boucle asphaltée de 20 km nous fait circuler dans cette immense cuvette ceinturée par les collines Wilson et Calico, et ouverte sur la ville côté est. Le parcours est jalonné d'arrêts et de sentiers qui descendent au fond de canyons. Le granit, le calcaire et les massifs de sable pétrifié alternent et se déclinent en différents tons rougeâtres et ocre. Au coucher du soleil, sur les contre-flancs, parmi les buissons, les lumières de Vegas brillent au loin. Manifestement, ce moment de la journée est particulièrement populaire... Mais c'est au lever du soleil, après une nuit sur place, que les vues sont le plus mémorables.

 

Valley of Fire : Le parc oublié

Une fois passé l'entrée du parc, les magnifiques concrétions de sable pétrifiées, sculptées dans des formes et des contours incroyables, se dressent devant nous. Nous sommes dans le désert Mojave.

Premier parc de l'État du Nevada, situé à 90 km au nord de Vegas, Valley of Fire ne jouit pas de la même renommée que ses voisins de l'Arizona, par exemple. Il est même méconnu. À tort, car il mérite un détour en voiture. Ne serait-ce que pour admirer les formations uniques de grès et de calcaire de Silica Dome et de Fire Canyon, très proéminentes dans la vallée. Ne serait-ce que pour apprécier le travail de l'érosion à Arch Rock. Ne serait-ce que pour décrypter sur les parois de grès rouge d'Atlatl Rock, les pétroglyphes gravés par les Premières Nations il y a 4000 ans. Ou encore, ne serait-ce que pour admirer la vue panoramique qu'offre le site de Raimbow Vista.

Portant on ne peut mieux son nom, Valley of Fire offre une palette de couleurs contrastées et psychédéliques, un héritage vieux de 150 millions d'années, façonné continuellement par l'érosion. Cette partie du désert fait le bonheur des campeurs, un peu des randonneurs et surtout beaucoup des amateurs de géologie.

Lake Mead : Plus qu'un barrage

Le ciel est on ne peut plus clair, les eaux sont turquoise et le vent est fort. Trop fort aujourd'hui pour faire du kayak sur le lac Mead, cet immense réservoir artificiel de quelque 640 km2. Le vent a eu raison de notre sortie sur les flots, mais pas d'une rando.

La plupart des touristes sont habituellement aimantés par le célèbre barrage Hoover. Le lac Mead et ses rives ont pourtant bien d'autres choses à offrir. Le kayak donc, mais aussi la marche et la baignade dans quelques bassins naturels d'eau chaude que l'on trouve, par exemple, au fond de Cold Strike Canyon. Ici, à 45 km de Vegas, subsiste une certaine activité volcanique. Et qui dit magma et eau, dit source d'eau chaude.

On descend donc progressivement dans le profond défilé. En été, les orages le transforment en torrent. Le sol est caillouteux, on croise en chemin une tarentule. Le parcours est d'abord facile puis un peu plus escarpé. On rejoint un petit ruisseau qui nous conduit à la première piscine. Une petite trempette et on continue vers les principaux bassins de Cold Strike Hotsprings, notre objectif. Nous ne sommes pas seuls ici. Certains se baignent, d'autres ont campé. Sur le chemin du retour, point d'araignée pour nous escorter, plutôt des mouflons qui, perchés sur les parois et les bords du canyon, nous accompagnent du regard.

Devils Golf Course : Le champ de sel

C'est une vaste plaine apparemment labourée qui s'étend à perte de vue. À plus de 85 mètres sous le niveau de la mer au pied de chaînes de montagnes. On y accède en voiture. Certains s'y font photographier, un bâton de golf à la main dans un mouvement de swing. Bienvenue à Devils Golf Course, un des plus importants champs de formations salées du continent nord-américain. C'est au fond de la Vallée de la Mort que se sont formés ces blocs de sel cristallisé qui évoluent constamment.

Il y a encore 9000 ans, il y avait ici un vaste lac salé. Celui-ci évaporé, la vallée s'est asséchée. Et ce «champ» fait aujourd'hui partie des hauts lieux géomorphologiques de la Death Valley. Un incontournable dans cette immense, plate et morne plaine. La Vallée de la Mort, c'est moins de 5 cm de pluie par an, c'est un record mondial de température (57 ºC). Ici, à pied, le soleil est le pire ennemi. Mais au-delà de ces quelques chiffres, ce sont surtout les sites de Badwater Basin, Zabriskie Point, Artists Palette, Charcoal Kilns ou Mesquite Spring qui retiennent notre attention. On ne se contente pas d'une journée dans cette vallée qui concentre tous les paysages qu'un désert peut offrir. Historique et fantastique, cette vallée l'est réellement.

Guano Point : Le nid d'aigle

Lorsque l'on arrive à Grand Canyon Ouest, deux points de vue s'offrent à nous.

Le premier, peut-être le plus célèbre aujourd'hui, a été équipé d'une plateforme transparente accrochée au bord de la falaise. Quatre mille pieds plus bas, coule le Colorado. Pour voir le vide sous nos pieds, il faut payer la «modique» somme de 32 $US - photo interdite avec ça. À côté du «skywalk», on peut s'approcher de ce même vide à ses risques et périls pour pas un sou.

Pourtant, quelques milles plus loin, le second point de vue permet d'apprécier gratuitement l'une des merveilles du monde de la nature sans avoir peur du vide. Guano Point est sans conteste plus impressionnant. Une fois passé le petit resto du site, on marche en direction d'un premier monticule qui offre une vue panoramique sur le Grand Canyon. On redescend ensuite vers le gouffre avant de grimper sur une deuxième butte rocheuse qui permet d'avoir cette vue plongeante sur les profonds méandres du canyon. On domine un lieu gigantesque dans lequel les hélicoptères ne sont de là-haut que des oiseaux. On saisit mieux alors le travail de la tectonique des plaques. Le canyon bouge. Il continue de s'élever et de s'écarter. Et c'est de Guano Point que l'on en apprécie le mieux le résultat.

Black Canyon : Et au milieu, coule une rivière

En certains endroits, on se bousculerait presque sur le Colorado. La portion de ce fleuve au nom évocateur sur laquelle nous sommes n'a rien à voir avec les flots très agités que les plus aguerris descendent parfois en rafting. Le Colorado est aussi synonyme de canoë et de kayak. Et même de balade en bateau pneumatique. En ce samedi, familles, pagayeurs solitaires et groupes de camps de jour se suivent et se croisent. Entre le barrage Hoover et Willow Beach, on sillonne ses eaux au fond du Black Canyon.

Résultat d'une éruption volcanique il y a 14 millions d'années, le site offre une balade presque unique. Sur l'eau, le soleil tape. Là-haut, le basalte de Desert Corniche et la Crinière du Dragon, que forme une protubérance volcanique, attirent l'oeil. Plus loin, certains s'offrent sur une plage un moment de détente. La pêche est par endroits pratiquée sur les rives du fleuve. Notre pause dîner sera prise sur l'une de ces plages de sable fin qui jalonnent les quelques miles de descente. En repartant, notre guide nous indique que les quelques cavités qui surplombent le fleuve ont été autrefois occupées par des Indiens. Seule déception de la journée, la faune n'est pas vraiment au rendez-vous. Très paisible, cette portion du Colorado est parfaite pour qui veut se la couler douce.

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Les frais de ce voyage ont été payés par Las Vegas Convention and Visitor's Authority. Transport assuré par WestJet.