«Il y a deux types de touristes en avril à Tuscon: les cyclistes et les ornithologues amateurs», dit une employée de l'agence de location de voitures de l'aéroport. Vrai qu'il y a beaucoup de monde sur deux roues dans cette ville tranquille du sud-ouest des États-Unis. Vrai aussi qu'il y a des animaux à tous les détours, dans les airs comme au sol. Ce n'est pas surprenant, car la ville de près d'un million d'habitants est entourée de parcs nationaux et de montagnes pratiquement vierges.

Tout a commencé avec deux gros lapins dans la partie est du parc national Saguaro. Les deux bêtes avaient de grandes oreilles pendouillantes et toute une accélération dans les pattes. Tout le contraire des cyclistes tentant de s'habituer à l'air chaud et sec du sud de l'Arizona. Fin avril, pendant le jour, le thermomètre dépasse souvent les 30 degrés Celsius.

Une piste asphaltée d'environ 15 km traverse les collines de ce parc qui porte le nom d'un cactus pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur. Ces cactus à plusieurs branches poussent partout autour de Tucson, et quelques spécimens ont jusqu'à 200 ans.

Les touristes parcourent surtout le parc en voiture à basse vitesse, mais il y a autant de cyclistes. En avril, les fleurs blanches, jaunes, rouges et même violettes des cactus rehaussent le paysage. Certaines fleurs ne durent que quelques jours avant de se faner.

Pour se mettre davantage en jambes, le Sabino Canyon offre une montée d'environ 6 km dans la Coronado National Forest. On roule sur une piste asphaltée calée entre dans les montagnes à l'est de Tucson. Il faut toutefois y aller avant 9 h ou après 17 h. Avis aux coeurs sensibles, nous y avons rencontré deux bêtes venimeuses: le serpent à sonnette et le monstre de Gila, un gros lézard. Aucun problème si on roule assez vite.

Le parc national Saguaro et le Sabino Canyon se trouvent aux limites de la ville. À Tucson, une randonnée se résume le plus souvent au scénario suivant. On laisse sa voiture dans le stationnement d'un centre commercial. Après quelques minutes, on se retrouve en zone semi-rurale ou dans un parc.

Si cette ville typiquement américaine est très étendue, ses grands boulevards ont tous des couloirs cyclables. Les automobilistes sont respectueux des cyclistes. Tous se déportent dans la voie opposée pour dépasser. Les nids-de-poule sont rares. Bref, on se sent en sécurité sur les routes du sud de l'Arizona.

Deux incontournables

Une fois réchauffé par ces deux petits parcours, il est temps de passer aux choses sérieuses avec deux incontournables: Gate Pass et le mont Lemmon. Gate Pass est une véritable randonnée dans le désert. La production d'acide lactique est garantie alors que l'on franchit des cols miniatures durant ce parcours d'un cinquantaine de kilomètres. Il y a de beaux points de vue sur toute la route.

Le clou d'un voyage cycliste à Tucson reste toutefois l'ascension du mont Lemmon. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: près de 50 km de montée et ascension d'environ 1600 mètres. Un défi colossal qui demande plusieurs heures d'effort. Les points de vue sont nombreux. Des formations rocheuses bizarres sont visibles sur toute la montée.

La route en lacets mène jusqu'à une station de ski et une forêt de conifères au sommet. À Summerhaven, plusieurs commerces permettent de prendre des forces avant de descendre à pleine vitesse. Essayez le chili et les biscuits géants de Cookie Cabin.

Les guides mentionnent que le champion cycliste Lance Armstrong logeait à Summerhaven pour se préparer au Tour de France et qu'il grimpait chaque jour cette route. La propriétaire du magasin général ne s'en souvient pas. Elle ne savait visiblement pas que Lance Armstrong avait gagné sept fois le Tour de France. Je me suis presque senti comme un champion cycliste en recevant ses félicitations accompagnées d'un grand sourire. Du moins, jusqu'à ce qu'elle me demande: «Allez-vous revenir demain?»

Repères

> Se préparer

Il faut s'y prendre à l'avance pour le transport aérien des vélos. Les boutiques de vélo louent des boîtes, mais leur nombre est limité. Le prix varie de 40 $ à 80 $ la semaine pour une boîte rigide. Les mécaniciens peuvent démonter le vélo et le placer dans la boîte. Si vous le faites vous-même, il faut des clés hexagonales et une clé à pédale. Il faut aussi une certaine habileté en mécanique. Il faut enlever les roues et les pédales, desserrer le guidon et enlever le dérailleur du cadre.

> Se loger

Tucson est une destination prisée par les retraités en hiver. Il y a beaucoup de « communautés fermées », mais aussi des maisons en dehors des grands complexes. Les hôtels et motels de la région sont répertoriés sur le site officiel du tourisme de Tucson: www.visittucson.org. Idéalement, on peut louer une des nombreuses maisons délaissées par les « snowbirds ». La plupart ont une piscine et un garage (pour les vélos). Deux sites internet sont fort utiles pour en trouver une: www.vrbo.com ou le www.homeaway.com. Le secteur des «foothills» est situé près de plusieurs itinéraires de vélo. Mais Tucson se traverse facilement grâce à ses grands boulevards.

> S'orienter

Un bon livre pour découvrir des itinéraires: Cycling Arizona - The Statewide Road Biking Guide, de Christine Maxa. Le livre manque toutefois de cartes géographiques. Trouvée sur place dans une boutique de vélo, une plaquette intitulée RoadBikeRide écrite par Tyler Ford. Le livre contient de courtes descriptions des itinéraires classiques avec une carte pour chacun. Il existe des sites internet gratuits où les cyclistes partagent leur parcours favoris comme www.mapmyride.com ou www.bikely.com. Ces deux sites tracent des itinéraires à partir du logiciels Google Maps. Si vous possédez un GPS pour vélo, il est possible de télécharger les parcours sur le site de mapmyride. Ce même site permet aussi d'imprimer un itinéraire en couleur moyennant des frais. Sinon, une impression noir et blanc à partir du site bikely.com fait l'affaire. Vous pouvez aussi consulter quelques parcours sur www.cyberpresse.ca/arizona.

> Manger

Si vous avez une cuisine, cherchez l'enseigne de Trader's Joe et de Whole Food, deux épiceries où l'on trouve toutes les protéines nécessaires. Si vous mettez le cap sur les restaurants, essayez sans faute la cuisine mexicaine. Quelques suggestions: Café Poca Cosa (chic), El Charro (festif) et Mi Nidito (familial). Pour savourer un déjeuner typique, allez au Hungry Fox où l'on sert deux oeufs quand on en demande un seul. C'est aussi là qu'on peut goûter au spécial côtelettes de porc, oeufs et pancakes. Vous n'en redemanderez pas.

> Quand partir?

L'été est trop chaud, surtout en juin, juillet et août. Avril permet d'entamer sa saison plus rapidement et le temps est parfait pour rouler jambes et bras à l'air. Les mois les moins pluvieux sont avril et mai. Les températures sont un brin plus chaudes en mai. Fin avril, les cactus sont en fleurs et ça vaut la peine.

> Pour débutants ou experts?

Il y en a pour tous les niveaux. Il faut toutefois s'attendre à grimper. Les parcours parfaitement plats comme ceux des pistes cyclables québécoises sont inexistants. Il faut avoir un peu d'expérience en vélo sur route pour apprécier le voyage.

Photo: Sébastien Rodrigue, La Presse

Il faut s'y prendre à l'avance pour le transport aérien des vélos.