Au célèbre Metropolitan Museum of Art de New York, l'été 2009 est celui du peintre britannique Francis Bacon. En parallèle à la grande rétrospective qui lui est consacrée, le Met lève aussi le voile sur les trésors cachés du Musée national de l'Afghanistan.

Durant des siècles, le territoire afghan a été un pont entre l'Orient et l'Occident. Ici passait la route de la soie. Ici, peuples et grands conquérants, tel Alexandre le Grand, ont traversé plaines, vallées et montagnes à la conquête de nouvelles terres.

Ce carrefour, tant du commerce que des guerres, s'est transformé naturellement en creuset où se sont croisées, mélangées, fondues différentes influences culturelles et où est né un art authentiquement afghan. C'est en gros ce que veut nous faire découvrir cette exposition modeste, mais néanmoins riche en trésors.

La présentation s'articule autour des découvertes faites dans quatre grands sites de recherches archéologiques. Ces lieux ont livré des pièces telles que des récipients en or de l'âge du bronze, des éléments architecturaux et des sculptures d'influence hellénique, des ivoires inspirées de la culture indienne, de la verrerie romaine.

Au-delà de ces trouvailles, faites pendant tout le XXe siècle, l'histoire de leur préservation et de leur redécouverte, après avoir été soustraites des regards durant un quart de siècle, est tout aussi fascinante. Grâce à la complicité d'employés du Musée national afghan, ces trésors avaient été cachés dans une voûte à la suite de l'invasion soviétique de 1979. Ils y étaient restés durant la période talibane. Ils ont finalement été remis au jour en 2004.

Dans une des salles, on projette un court métrage où cette histoire est relatée. Il est pour le moins hilarant de voir tous ces Afghans, frénétiques et enjoués, retrouver ces pièces cachées durant si longtemps et les manipuler avec un soin pour le moins douteux.

Cela dit, le visiteur sera tout autant charmé par les morceaux de frises en terra cotta qui garnissaient le temple d'Aï Khanum érigé par la civilisation hellène. Ou par ces bijoux faisant partie d'une collection de 20 000 objets trouvés dans les tombes d'une famille de nomades à Tillya Tepe, dite la vallée de l'Or, dans le nord du pays.

Pays meurtri par des décennies de conflits et maintenant inexorablement lié à la perte de tant de vies, dont celles de nombreux Canadiens, l'Afghanistan a pourtant connu sa période de gloire et a sa place dans l'histoire du patrimoine mondial. Avec une certaine retenue de bon aloi, l'exposition Afghanistan: Hidden Treasures from the National Museum, Kabul, vient nous le rappeler.