Voyager, c’est comme rouler sur une route de montagne. Mais parmi les hauts et les bas, il restera toujours ces souvenirs indélébiles qu’on emporte avec soi toute sa vie. La Presse raconte les aventures, petites ou grandes, de voyageurs qui n’ont pas froid aux yeux. Aujourd’hui : un couple de camionneurs de Trois-Rivières qui traverse les États-Unis depuis 15 ans à bord de sa semi-remorque.

Si on lui avait dit un jour qu’elle conduirait un camion, Marie-Josée Fafard ne l’aurait certainement pas cru. Et encore moins un semi-remorque de 53 pi… Maintenant, elle a à peine le temps de se poser chez elle que l’envie de repartir se fait déjà ressentir.

« C’est vraiment un beau mode de vie », dit-elle, un sourire dans la voix en contemplant les paysages qui défilent sous ses yeux.

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-JOSÉE FAFARD

Marie-Josée Fafard et son mari, Luc, qui sont tous les deux camionneurs depuis 15 ans

Quand on lui a parlé, elle se trouvait au Missouri, à deux jours de route du Québec, avec un chargement de fruits et de légumes à rapporter au pays depuis la Californie. Pendant qu’elle est au volant, son mari, Luc, fait le plein de sommeil dans la cabine arrière. Et vice-versa. Elle commence tôt le matin, il conduit de nuit.

Ces allers-retours, ils en font trois par mois ; 10 000 km en une semaine environ, à chaque voyage.

Avant de suivre sa formation de routier, Marie-Josée a été préposée aux bénéficiaires, puis adjointe administrative. « Je me cherchais un peu dans la vie », se rappelle-t-elle. Son mari, qui était devenu routier après un licenciement, a fini par la convaincre d’embarquer dans l’aventure à force de lui envoyer des photos de ses voyages, se souvient-elle en riant.

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-JOSÉE FAFARD

Vue du camion, dans le sud-ouest des États-Unis

À chaque État son charme

Ce serait facile de croire qu’à force de revoir les mêmes paysages, on finit par s’en lasser. « Il y a des gens qui disent “un coup tu l’as vu”… mais ce n’est pas vrai. Chaque saison apporte ses différences », souligne Marie-Josée.

Son coup de cœur : l’Utah. « C’est magnifique. Sur la 80, c’est des paysages de montagnes de terre rouge. C’est sublime. »

Il y a la Californie, aussi, en particulier la 101 qui longe le bord de mer. L’État de Washington, traversé lors de précédents voyages ; le Texas, le Nevada, l’Arizona…

Chaque État a son charme, mais celui que j’aime le moins, c’est le Nebraska. Parce que c’est long. C’est vraiment droit. Mais mon chum, lui, adore cette route-là de nuit.

Marie-Josée Fafard, camionneuse

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-JOSÉE FAFARD

Sur la route, en pleine nuit

Quand ils doivent attendre leur chargement en Californie, ils en profitent pour prendre une chambre d’hôtel. « Pour sortir du camion un peu, se dégourdir les jambes, aller manger au resto, magasiner… », raconte Marie-Josée. Ça leur est même arrivé de traverser à pied au Mexique, il y a des années, après avoir pris un taxi de San Diego, où leur camion attendait un chargement. Mais ils ne le referaient plus aujourd’hui, question de sécurité.

Un mode de vie

Même après 15 ans, Marie-Josée et Luc ne changeraient rien à leur mode de vie. « On s’entend très, très bien, mais on ne mettra pas des petits nuages roses autour… Ça arrive, des fois, qu’on est fatigués, qu’on est moins patients, qu’on a mal dormi. Parce que quand on dort, le camion roule et la route, ce n’est pas un long fleuve tranquille, ça brasse, ça freine… Mais on a toujours eu beaucoup de plaisir ensemble. » Eux et leurs deux chihuahuas, Chico et Romy, qui dorment sur un coussin à côté du conducteur.

  • Romy et Chico, qui sont de tous les voyages

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    Romy et Chico, qui sont de tous les voyages

  • Marie-Josée Fafard

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    Marie-Josée Fafard

  • La cabine (et les chiens)

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    La cabine (et les chiens)

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Entre les voyages, ils ne s’arrêtent jamais bien longtemps ; juste le temps de voir les enfants et les petits-enfants, de faire les commissions et le lavage en vue du prochain périple.

« En fait, je sors rarement du camion parce qu’un coup à la maison, je suis en mode préparatoire pour rembarquer. Je prépare les repas à mettre au micro-ondes, les marinades pour mon air fryer, parce qu’on ne mange pas dans les restaurants. »

On essaie quand même de faire attention à nous, d’avoir une bonne alimentation, et pour moi, c’est vraiment important de manger un peu comme si j’étais à la maison.

Marie-Josée Fafard, camionneuse

Même s’il commence à y en avoir de plus en plus, les femmes au volant d’un semi-remorque sont quand même peu nombreuses. Et aux commandes d’un véhicule aussi imposant, la sécurité est primordiale pour Marie-Josée Fafard. Parfois, il y a de la glace noire sur la chaussée. « Avec des grands vents, ça devient vraiment dangereux », souligne-t-elle.

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-JOSÉE FAFARD

La route, l’hiver

Tout récemment, il y avait même déjà de la neige dans les montagnes du Wyoming. C’est d’ailleurs pourquoi ils n’empruntent pas les mêmes chemins toute l’année, notamment pour éviter les fermetures de routes en raison des conditions météo.

Mais beau temps, mauvais temps, ils continuent de rouler. Et ne leur parlez surtout pas de retraite… « Quand ça fait longtemps qu’on est revenus, on a hâte de repartir, dit Marie-Josée Fafard. C’est vraiment notre deuxième chez-nous, le camion. »

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