C’est un incontournable. On ne peut passer par Reykjavik, la capitale de l’Islande, sans parcourir le fameux Cercle d’or, un circuit d’environ 300 kilomètres qui relie notamment trois sites d’une très grande richesse naturelle et historique.
On peut s’y attarder pendant deux ou trois jours pour explorer à fond ces lieux et ajouter des arrêts ici et là pour enrichir son expérience. Mais, pressé par le temps, on peut faire le tour en sept ou huit heures. C’est un peu rapide, mais avec un guide volubile par exemple, on peut apprendre une quantité surprenante de faits sur l’Islande, son histoire et ses habitants.
Pour être volubile, Matthias l’est. Lorsque nous arrivons au premier arrêt, à Thingvellir, le guide de la Gray Line nous a déjà expliqué comment l’Islande était placée directement sur la faille qui sépare les plaques tectoniques de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Cette faille s’élargit d’environ deux centimètres par année.
Thingvellir est une des fissures que cette faille a fait naître au cours des années.
Il y a un peu plus de 1000 ans, les Vikings ont établi, entre ces impressionnantes murailles de pierre, une sorte de parlement, l’Althing, qui s’animait une fois par année.
Pendant quelques jours, les familles de tout le pays se réunissaient pour s’informer, passer jugement sur un certain nombre de délits, faire du commerce et trouver un conjoint pour leur enfant.
Jusqu’à tout récemment, un sentier millénaire descendait doucement entre ces murs. Mais voilà, en 2011, on a constaté un petit trou d’une trentaine de centimètres carrés au beau milieu du sentier. Pour se rendre compte, oups, que la terre s’était sérieusement fissurée en dessous. Une série de tremblements de terre a peut-être accéléré le lent travail de tiraillement géologique.
Les autorités ont construit une passerelle de bois au-dessus du gouffre et les visiteurs peuvent à nouveau descendre vers le site de l’Althing pour essayer de revivre en imagination les beaux jours du parlement viking, alors que les anciens condamnaient les méchants à l’exil et que les jeunes femmes faisaient de l’œil aux hommes bien baraqués.
De retour dans l’autobus, Matthias nous parle de géothermie, une source d’électricité et de chauffage omniprésente en Islande. Ça tombe bien, nous arrivons justement à Geysir, un site géothermique qui a donné son nom aux geysers, ces jets d’eau bouillante et de vapeur qui s’élancent sporadiquement dans le ciel.
Le Geysir original projetait son panache jusqu’à 120 mètres dans le ciel, mais cela fait plus de 20 ans qu’il ne fait plus d’éruptions. Heureusement, son voisin, le Strokkur, a pris la relève en s’élançant toutes les quatre à cinq minutes.
Il est beaucoup plus petit que le Geysir original, mais beaucoup plus vaillant. Il suffit d’attendre un peu, de préparer l’appareil photo, puis pchoum, le jet s’élève. Attention de ne pas se mettre sous le vent : on risque de se retrouver détrempé et parfumé au soufre.
Le site est intéressant parce qu’il y a plusieurs autres sources aux alentours qui glougloutent et bouillonnent, avec de petits nuages de vapeur qui créent une atmosphère de début du monde.
Le site suivant, Gullfoss, est tout aussi impressionnant. Il s’agit d’une gigantesque cascade d’eau qui déboule dans un canyon étroit en projetant des embruns sur les visiteurs. Il faut profiter des éclaircies pour, rapidement, photographier l’arc-en-ciel qui se profile au-dessus de l’eau.
Visite capitale
Reykjavik, avec ses petites maisons colorées, ses rues étroites bordées de boutiques et de cafés, son église iconique, Hallgrímskirkja, qui rappelle les grandes colonnes de basalte d’origine volcanique, vaut elle aussi d’être découverte. CityWalk Reykjavik offre des visites guidées à pied. Il faut comprendre l’anglais, mais l’effort vaut assurément la peine.
Ce matin-là, un humoriste originaire de la République dominicaine, Mauricio Rodriguez, nous rencontre au pied de la statue de Jón Sigurðsson, chef d’un mouvement indépendantiste islandais du XIXe siècle, devant le siège du parlement (l’Atlhing a déménagé ici en 1881).
Mauricio est un fin observateur de la société islandaise et il la dépeint avec affection et humour. Il raconte notamment comment les parents choisissent le nom de leurs enfants et comment, dans cette minuscule société (il y a 370 000 habitants en Islande) tissée serrée, il faut faire attention pour ne pas se retrouver accidentellement en couple avec son troisième cousin. Des applications existent pour vérifier subrepticement l’arbre généalogique de ce charmant jeune homme au bar !
Notre guide donne aussi quelques bons conseils pour éviter les trappes à touristes. « Si on vous offre du requin fermenté, n’y touchez pas, lance-t-il. Les Islandais ne mangent plus cette horreur depuis des décennies. »
Les frais de ce voyage ont été payés en partie par la société de croisière Hurtigruten, qui n’a pas eu de droit de regard sur le contenu du reportage.