Le « Montenegro Express » Amis pour 12 heures

Passer 12 heures dans un train peut sembler interminable. Mais si le trajet a la réputation d’être l’une des plus belles routes d’Europe, l’expérience peut devenir très agréable. Ajoutez-y des rencontres mémorables et le périple semble soudainement moins long. Bienvenue à bord du « Montenegro Express », qui relie la Serbie à la côte adriatique.

Le train reliant la Serbie et le Monténégro circule entre Belgrade et Bar, petite ville bordant la mer Adriatique. Un parcours de 476 km qui doit se franchir en 11 heures, mais où les retards sont coutume.

Deux départs quotidiens sont à l’horaire pour chaque direction pendant la saison estivale. Celui du matin – le Tara – offre des sièges de seconde classe confortables qui disposent d’une tablette et d’une prise de courant, mais le WiFi n’est pas accessible à bord. Comme c’est souvent le cas en Europe de l’Est, les places assignées sont rarement respectées et les passagers s’assoient où ils le désirent. Si vous voyagez de nuit avec le Lovcen, il est possible de dormir sur une couchette ou dans une cabine privée.

Durant le trajet, le train franchit 254 tunnels et 435 ponts. La vue est vraiment spectaculaire avec les montagnes, les gorges, les canyons et les cours d’eau qui défilent sous nos yeux. La portion monténégrine est particulièrement appréciée des voyageurs en raison des Alpes dinariques et des eaux turquoise du lac Skadar. On devra malheureusement se contenter de notre mémoire pour nos souvenirs : les fenêtres sont bloquées et tellement sales que les photos ne rendent pas justice au panorama.

Le train dispose d’une voiture-restaurant, mais les options sont limitées. Mieux vaut apporter son lunch et prévoir quelques provisions supplémentaires, surtout que le partage permet d’établir des contacts entre les passagers. Lors de notre voyage en direction de Bar, nous avons entamé la conversation avec notre voisin Gerhard, après lui avoir offert une bière. Venu d’Autriche, il allait rejoindre des amis habitant sur la côte adriatique. Au cours de la discussion, il nous a raconté comment il avait fabriqué un alcool dont lui seul avait le secret. Avant d’offrir son cadeau à ses hôtes, il fallait faire des tests de goût. Le « Gerhard Special », des biscuits et du chocolat se sont ajoutés à notre collation.

Plus tard, c’est Radovan le Serbe qui s’est joint à nos échanges. À son tour, il a bonifié notre repas tout en nous expliquant le but de sa visite au Monténégro. Nous avons bavardé pendant des heures, alors que nos voisins lisaient, regardaient un film ou faisaient une sieste. Aux arrêts, nous en profitions pour aller laver (en vain) les vitres, prendre quelques clichés et nous délier les jambes. Les conversations auraient pu durer encore longtemps, mais elles ont été interrompues par notre arrivée à destination. De longues étreintes ont alors eu lieu, avec la promesse de garder contact grâce aux réseaux sociaux.

Au retour à la maison, on se souviendra des beaux paysages, mais ce sont les anecdotes, les confessions et les rires que nous avons le plus appréciés.