La ville lumière est mondialement connue pour sa beauté, mais aussi pour la mauvaise réputation de ses habitants.

Las de cette situation, des bénévoles parisiens ont pris les choses en main pour redorer l'image de leur ville, mais surtout celle de leurs concitoyens.

Les Paris Greeters font découvrir gratuitement aux touristes un aspect différent de Paris, qui n'est pas celui présenté dans les livres de tourisme. L'association regroupe des bénévoles locaux qui n'ont aucune formation de guides touristiques et qui proposent des activités variées à leurs visiteurs, que ce soit de leur faire goûter des friandises dans les boulangeries ou de leur faire admirer les couleurs de l'automne dans un parc.

«J'ai toujours entendu mes amis américains me dirent des choses du genre : «Paris est merveilleux, mais pas les Parisiens». Et j'ai toujours voulu y faire quelque chose», a raconté l'un des bénévoles, Christian Ragil. Au moment de sa retraite, il a décidé de se joindre aux Greeters, dont le nombre de membres n'a cessé d'augmenter depuis ses débuts il y a un an alors qu'il comptait 120 bénévoles. Les Greeters ont accompagné 1100 touristes jusqu'à ce jour.

Le parcours touristique de M. Ragil commence au Trocadéro, où les touristes se rassemblent pour admirer le paysage sans pareil de la tour Eiffel qui s'érige devant la Seine. Le guide propose cependant à ses aventuriers de se retourner, pour découvrir l'architecture des années 1930 qui les entoure. La visite se poursuit ensuite par une balade de deux heures dans un quartier résidentiel, sans aucun touriste en vue, en continuant à contempler les merveilles architecturales.

«C'était comme de se balader avec un ami que l'on n'a pas vu depuis quelques temps», a affirmé Steve Bernstein, un retraité de 62 ans de San Diego qui a récemment découvert la capitale française à travers les yeux M. Ragil.

Lorsqu'un touriste demande des suggestions culinaires, M. Ragil lui sort la liste secrète des Greeters, qui rassemblent les restaurants préférés des bénévoles, qui ne sont pas cités dans les guides touristiques. La visite se termine ensuite comme bien des après-midi à Paris, sur la terrasse d'un bistro à siroter une tasse de café.

Les parcours proposés par les Paris Greeters sont aussi différents que les quartiers de la ville. Certains bénévoles invitent les touristes à faire une visite à vélo, alors que d'autres font les boutiques d'antiquités ou visitent les studios d'artistes.

Le programme des Paris Greeters est inspiré de celui offert dans une autre ville peuplée de citoyens à la réputation douteuse: New York. Des groupes semblables existent aussi dans quelques États américains, en Australie, en Argentine, au Royaume-Uni, au Canada et aux Pays-Bas.

L'organisme à but non lucratif a fait ses débuts en juillet 2007, grâce au soutien du gouvernement municipal.

«Les fonctionnaires municipaux voulaient changer l'image que se font les touristes des Parisiens», a expliqué la présidente des Paris Greeters, Dominique Cotta. «Nous voulions montrer que la ville n'est pas seulement composée de pierres mais qu'il s'agit aussi d'une ville au capital humain, avec des petits bistros, des restaurants, une culture et une ambiance. Paris, c'est beaucoup plus que ses monuments», a-t-elle lancé.

Comme l'a expliqué M. Bernstein, «c'était passionnant d'être entouré de ces superbes édifices et de se rendre compte que des gens comme Christian y habitent».

«Après la visite, mon ami et moi nous sommes promenés dans Paris, avec notre nouvelle connaissance de la ville en tête, et l'on soulignait les différentes périodes architecturales des édifices que l'on voyait», a-t-il ajouté.

Le meilleur aspect de la visite, a souligné M. Bernstein, c'était le rythme modéré, qui fait changement du rythme effréné des touristes qui doivent se dépêcher pour tout voir d'une nouvelle ville.

«C'était une visite bien plus détendue. Nous n'avions pas la pression d'aller voir la tour Eiffel en se disant qu'il ne fallait pas y rester plus de 30 minutes parce qu'il faut courir découvrir le Louvre.»

Suivant l'initiative parisienne, un deuxième programme de Greeters a été inauguré à Nantes, dans l'ouest du pays.

Les Paris Greeters sont inondés de demandes, alors que leurs premières visites comptaient 18 touristes par mois à leurs débuts, contre 164 au cours du seul mois de juillet.

L'organisation du groupe est toutefois difficile, puisqu'il compte seulement un employé salarié. Les nombreuses annulations de dernière minute et les clients qui ne se présentent pas ajoutent également aux défis organisationnels. Mme Cotta souhaite attirer au cours des prochains mois de nouveaux bénévoles et des commanditaires privés.

Pour découvrir Paris aux côtés d'un greeter, il suffit de s'inscrire au moins deux semaines avant le voyage. Les greeters n'acceptent pas les pourboires, mais ils s'attendent à ce que les touristes paient leurs tarifs de transport.