Chartres est toute en verticalité, en dédales et en vertiges. C'est vrai de sa cathédrale, mais aussi de la ville elle-même. Hélas, les touristes n'y passent souvent que quelques heures, et surtout pour visiter sa (magnifique) cathédrale. Dommage, car à une heure à peine de Paris par train (à privilégier!), Chartres est intéressante à plus d'un titre.

Jour 1

8 h 30 : La cathédrale

À tout Seigneur, tout honneur! Nous allons visiter la cathédrale, la «Jérusalem céleste» comme l'appellent les pèlerins depuis des siècles. Pèlerins et touristes sont moins nombreux le matin ou en fin de journée, vers 18h (la cathédrale est ouverte jusqu'à 19h30, et l'entrée y est libre en tout temps), ce qui permet de mieux apprécier les lieux. Et qu'on soit croyant ou pas ne change rien: on a le souffle coupé devant cet édifice dont les assises remontent au 9e siècle, détruit, rebâti, incendié et reconstruit (en 27 ans à peine!) au 13e siècle.

Les murs intérieurs de la cathédrale sont actuellement en cours de restauration à l'identique. En d'autres termes (et sans que cela empêche qu'on circule dans la vaste église et qu'on en admire les verrières ou les étonnantes sculptures de la clôture du choeur), on est en train, discrètement, de repeindre les murs de la peinture ocre pâle qui les couvraient il y a des siècles. J'ai pu voir la chapelle des Martyrs quasi terminée et je puis vous l'assurer: c'est une pure splendeur. Sertis de murs qui ne sont plus sombres, les vitraux sont mis en valeur (la cathédrale en compte tout de même 172!) et, dans deux ans, Chartres sera redevenue un véritable «vaisseau de lumière» tant spirituel qu'architectural.

Si la visite a lieu un vendredi, on peut aussi admirer le labyrinthe, qui se trouve habituellement dissimulé sous les chaises. Les vendredis (de mars à octobre), on enlève les chaises et ceux qui le désirent peuvent cheminer dans le labyrinthe circulaire fait de dalles de pierre et de bandes de marbre noir au 13e siècle, conçu à même le sol de la cathédrale et jamais restauré depuis, parce qu'il n'en a jamais eu besoin: les pèlerins le parcouraient comme un chemin symbolique vers Jérusalem. Aujourd'hui, bien des gens l'empruntent pour méditer, tout simplement, pendant l'heure qu'il faut pour parcourir lentement les 262 mètres du labyrinthe.

Vendredi ou pas, si vous le pouvez, louez l'audioguide ou faites une visite guidée de la cathédrale, ne serait-ce que pour mieux la visiter seul ensuite (n'hésitez pas à acheter la «Chartres Pass», à 15 euros, qui donne droit à l'entrée gratuite dans certains lieux, à l'audioguide et aux visites guidées, à des réductions dans des restos, etc.). Et n'hésitez pas non plus à visiter la Crypte de la Cathédrale, véritable «église basse» où vitraux, peintures d'époque, statues originales de la façade, petites chapelles et la statue de «Notre-Dame de sous la terre» sont profondément touchants... de même que le puits qui y ont creusé, il y a des siècles, nos ancêtres les Gaulois...

11 h 30 : Shop in Chartres

On redevient profane et on profite d'un tout nouveau concept: «Shop in Chartres» (eh oui, c'est la France)! À l'Office du tourisme de Chartres (facile à trouver, on y passe pour se rendre à la cathédrale), on vous remet un macaron aux couleurs de Shop in Chartres et une liste des participants, tous situés dans le beau centre-ville piétonnier: boulangeries (essayez la baguette Pouliche Chez Botrel ou la Parisse à la Boulangerie Gilbert), boucheries, traiteurs, fromagerie (le très sympathique Richard Hamel de la Ferme Sainte-Suzanne connaît «notre» fromagerie Hamel, bien qu'il n'ait aucun lien de parenté), caves à vin, etc.

On s'achète pain, pâté de Chartres (en croûte et qui se mange froid) ou patin de lapin, fromage, desserts... et on va pique-niquer dans le jardin de l'Évêché derrière la cathédrale ou, mieux: on descend vers la basse ville, pour aller manger le long de l'Eure. La promenade le long de l'Eure, avec ses aménagements fleuris, ses lavoirs anciens, ses sept petits ponts charmants, ses maisons à colombages, est agréable au possible.

Il y a aussi des restaurants participants à Shop in Chartres et vous mangerez très bien au Sully, rue du Soleil d'or, par exemple, où M. Laurent, le sympathique patron, offre aux clients porteurs de macarons des petits «bonis». Le restaurant est petit, intime, pas de crainte d'y rencontrer un groupe de touristes affamés!

Pas envie de marcher? Ça tombe bien, on peut faire un tour de ville guidée à bord d'un petit train qui serpente dans les minuscules rues (billets en vente à bord ou à l'Office de tourisme, également dans le Chartres Pass).

Après avoir bien mangé et bien bu (c'est vrai que c'est bon, le Cheverny bien frais...), c'est le temps d'aller... magasiner. Car les boutiques de vêtements sont belles, invitantes, et on y a moins le vertige qu'à Paris. La librairie L'Esperluète (rue Noël-Ballay) vaut le détour, et il y a plein de terrasses sur les places du centre-ville qui est, répétons-le, piétonnier: place Marceau, place du Cygne, place des Halles, rue de la Pie, rue Sainte même (oui, c'est son nom), rue du Puits de l'ours, rue de la Poêle percée, etc.

20 h 30 : Chartres en lumières

À la tombée de la nuit, il faut aller admirer les 24 édifices illuminés de «Chartres en lumières». Jusqu'au 19 septembre 2009, 24 bâtiments, tant dans la haute que dans la basse ville, servent d'écrans géants de projections animées ou fixes, avec ou sans hologrammes et musique, selon le cas (pensez au Moulin à images de Lepage, multiplié par 24...), y compris la cathédrale.

Depuis sept ans, ces incroyables projections sont signées Xavier de Richemont, le même Xavier qui avait remporté le grands prix du public de «notre» Festival Juste pour rire en 2005 pour la mise en lumière du Quartier Latin de Montréal. Le résultat est parfois époustouflant (vous DEVEZ aller voir l'église Saint-Pierre et le théâtre), parfois inspirant (dans la cour arrière du Musée des beaux-arts), parfois émouvant (le long de l'Eure, où les éclairages se mirent dans l'eau) ... On peut tout faire en une soirée, à pied, en deux ou trois heures...

Jour 2

10 h : Féerie de vitrail

Le Centre international du vitrail est situé non loin de la Cathédrale: ce musée privé vaut le coup. Le Centre est en effet installé dans ce qui fut pendant des siècles le grenier et le cellier (gothique!) du clergé de Chartres, tous deux restaurés avec art. C'est là, dans cette architecture du 13e siècle, qu'on peut découvrir les techniques de fabrication du vitrail, mais aussi visiter des expositions temporaires (vraiment magnifiques) de vitraux contemporains.

Envie d'en savoir encore plus sur le vitrail? On peut aller à la Galerie du vitrail tout près ou pousser plus loin, de l'autre côté de l'étonnante place des Épars (sous laquelle se trouve un des grands stationnements, le centre-ville étant piétonnier depuis 2006), aller jeter un coup d'oeil à l'atelier Picol (rue du Chapeau rouge), où Denis et son fils Kevin Picol vous expliqueront l'art du verre fusionné.

On peut aussi, si c'est samedi, aller flâner au marché (fruits, légumes, etc.), place Billard, sous la magnifique halle de ferronnerie signée Baltard, et au marché aux fleurs, place du Cygne. Tous les sens sont comblés!

14 h : La maison Picassiette

Pendant 30 ans, Raymond Isidore, balayeur du cimetière de Chartres, a décoré sa maison et son jardin à l'aide de millions de morceaux d'assiettes brisées: c'est la maison Picassiette, qu'on peut visiter tous les jours sauf le mardi. Du centre-ville, on s'y rend en voiture ou en taxi (ça n'est pas très loin ni très cher), mais aussi en bus. On reste abasourdi par cet univers de mosaïque où même la machine à coudre est décorée... À voir pour le croire.

Si on est vendredi après-midi et qu'on aime passionnément les vitraux, une visite aux ateliers Loire, à Lèves, s'impose (mais il faut une voiture): à 14h30, une visite guidée permet d'admirer les travaux de trois générations de maîtres verriers, dans un décor champêtre magnifique - certaines des plus grandes églises du monde sont ornées de vitraux signés Loire, dont l'Église du souvenir de Berlin, aux fabuleuses verrières bleues.

Une fois cela tout fait, il ne reste plus qu'à se reposer de nouveau à une des terrasses du centre-ville, fureter dans les boutiques, se préparer à aller revoir ce qu'on a préféré dans Chartres en lumières (j'hésite: Saint-Pierre, les ponts et lavoirs, la place des Halles ou la Médiathèque?) Et puis, juste avant d'aller souper, retourner une dernière fois dans la belle cathédrale...

Les frais d'hébergement et de repas ont été défrayés par la Maison de la France. Transport : Air France. 

Photo: Marie-Christine Blais

Richard Hamel dans l'unique fromagerie de Chartres, la ferme Sainte-Suzanne.