Dimanche après-midi ensoleillée sur Brick Lane, l'un des coins les plus branchés de Londres le week-end. Cette rue d'East London est fermée à la circulation. Le week-end, il y a un marché. On peut y acheter des vêtements vintage, mais aussi visiter une galerie d'art et manger dans l'un des nombreux comptoirs de bouffe ethnique. L'ambiance est relaxe et super agréable.

C'est le paradis des hipsters, des jeunes adultes en quête de ce qui est «émergent», underground et pas encore grand public.

Les environs de Brick Lane sont en pleine embourgeoisement, ce qui s'accentuera encore davantage avec le stade des Jeux olympiques de 2012 qui se construit pas très loin de là (voir autre texte). «Beaucoup de Londoniens qui ne sont pas venus ici depuis longtemps seraient surpris de voir comment cela a changé, souligne Ingrid Wallenborg, une guide de Londres qui nous a initiée au quartier. Moi je le suis en tout cas !»

Ce secteur de la ville se nomme Banglatown en raison de la forte population immigrante en provenance du Bangladesh. Brick Lane a même inspiré un livre du même nom, puis un film, sur l'émancipation d'une femme bangladaise dans le quartier. L'action se déroule autour de la mosquée de Brick Lane, Jamme Masjid.

Avec la revitalisation du quartier, Brick Lane est devenu un mélange de jeunes adultes branchés mêlés à une importante communauté de gens originaires du Bangladesh. «Mais historiquement, c'était un quartier très pauvre, un quartier ouvrier», rappelle Ingrid.

Entre deux restaurants tenus par des Bangladais, vous avez des friperies, des ateliers de designers, des cafés avec des produits organiques, des magasins de disques et des galeries d'arts.

«It's a funny mix, dit Ingrid. Les Bangladais avaient de la difficile à s'intégrer, mais voilà qu'ils sont au milieu d'un spot trendy.»

Brick Lane, c'est un peu comme le Mile-End, mais en dix fois plus grand et plus dense. Comme à Montréal, il y a même deux boulangeries de bagels ouvertes 24 heures sur 24 qui se font concurrence.

Mais pourquoi le secteur est devenu hip ?

En partie à cause de la restauration des bâtisses et des environs de l'ancienne Old Truman Brewery (datant de 1666), qui a attiré une communauté d'affaires dite «créative» (architectes, graphistes, designers, artistes), ce qui a fait apparaître des bars, restaurants, boutiques, et salles de spectacles. «Truman est le pivot du quartier», dit Ingrid.

La galerie White Cube du magnat et mécène artistique Jay Jopling a aussi beaucoup apporté de glamour à East London. «Jopling est derrière un mouvement fort connu en Angleterre appelé Young British Artists», explique Ingrid.

Beaucoup de gens qui travaillent dans le quartier «voisin», le financial district, décident aussi de s'y acheter un flat, comme on dit à Londres, pour être près du bureau. Et bien entendu, le stade que l'on ne construit pas loin de là pour les Jeux olympiques aide aussi le secteur.

Même Ingrid, la guide, était surprise de voir à quel point le quartier a changé depuis sa dernière visite. «C'est ici que j'aurais dû m'acheter un flat il y a trois ans !», m'a-t-elle lancé.

Lors de notre visite, Ingrid a montré à La Presse les maisons où habitaient aux 17e et 18e siècles les Huguenots, ces Protestants persécutés en France. Leurs anciennes maisons ont longtemps été à l'abandon, mais avec la revitalisation du quartier, on les rénove à grands frais.

Nous avons terminé notre ballade au nord de Brick Lane, il y a un autre coin sympa appelé Spitalfields, où il y a aussi un marché le week-end. Juste devant, il y a le bar The Ten Bells, où Jack the Ripper aurait rencontré l'une de ses victimes.

East London est donc en plein effervescence. It's happening, dit Ingrid, avec son charmant accent anglais.