Ils sont rares, ils sont vieux et ils sont magnifiques. Les moulins à eau du Québec, vestiges d'un autre temps, nous permettent de plonger un moment dans l'histoire et la nostalgie.

Au temps des seigneurs, chaque village du Québec avait plusieurs moulins bâtis le long des ruisseaux ou des rivières. En 1850, on en comptait plus de 500. Ils servaient à scier des planches, à mouler la farine et à carder la laine. Peu d'entre eux ont survécu, et encore moins fonctionnent toujours.

 

Dans son livre Les moulins à eau du Québec, récemment paru aux Éditions de l'Homme, Francine Adam raconte l'histoire de 25 d'entre eux, situés dans la vallée du Saint-Laurent. Un livre qui donne le goût de prendre la route pour découvrir ces trésors du passé.

Parmi les moulins situés dans les villages le long du fleuve, quatre ou cinq fonctionnent encore et on peut les visiter. C'est le cas du moulin Michel, à Gentilly, des moulins de Beaumont et de Saint-Roch-des-Aulnaies, sur la Côte-du-Sud, et du moulin Rémy à Baie-Saint-Paul.

Dans tous les cas, ils ont survécu grâce au dévouement de gens passionnés qui étaient bien décidés à préserver cet héritage. Et qui ont dû se battre pour y parvenir. Contre les autorités, contre le temps, contre les intempéries dans certains cas, mais surtout contre la négligence générale.

« Ça prend des gens motivés, qui savent mobiliser toute la population d'un village, et qui sont prêts à consacrer tous leurs loisirs à sauver le patrimoine pendant que la masse est indifférente «, explique Francine Adam.

Le manque de respect des Québécois envers leur patrimoine est un scandale aux yeux de l'auteure. Cette passionnée s'est plongée dans les recherches pendant trois ans lors de la première édition de ce livre, en 1978. Elle avait alors effectué un travail de moine pour retracer les moulins, leurs titres de propriété et leur histoire détaillée.

Pour cette seconde édition, elle est retournée sur ses pas afin de découvrir ce qu'ils sont devenus depuis. Elle a revu les gens qui les portent à bout de bras depuis des années, ce qui a parfois donné lieu à de véritables sagas.

Dans certains cas, l'histoire s'est bien terminée. Des moulins ont été rénovés dans les règles de l'art et ouverts au public. Mais d'autres sont morts aux mains des éléments sans avoir la chance d'être sauvés. C'est le cas du moulin César, à Baie-Saint-Paul, dont le toit s'est écroulé récemment.

Les amoureux du Québec rural et de son histoire raffoleront de cet ouvrage. En plus d'être très bien documenté et illustré, il a le mérite de raconter l'histoire humaine derrière les pierres des vénérables moulins.

Les moulins à eau du Québec, Francine Adam (textes) et Claude Bouchard (photographies), Les Éditions de l'Homme, Montréal, 190 pages.