Le tourisme gourmand est à la mode. C'est un peu une continuité sur le thème des vacances. Puisqu'on prend des vacances et qu'il faut manger de toute façon, pourquoi ne pas porter attention où on ira casser la croûte, à ce que l'on bouffera?

Le tourisme gourmand est à la mode. C'est un peu une continuité sur le thème des vacances. Puisqu'on prend des vacances et qu'il faut manger de toute façon, pourquoi ne pas porter attention où on ira casser la croûte, à ce que l'on bouffera?eux qui marient voyage et bonne chère font ce que les gourous de l'industrie ont appelé du «tourisme gourmand «, ou encore du «tourisme culinaire». C'est mon cas et je sais que c'est le cas de bien d'entre vous aussi.

La preuve? C'était le Salon du voyage le week-end dernier, à Ottawa, et plusieurs destinations mettaient leurs atouts culinaires à l'avant-scène. La région balnéaire de Myrtle Beach, en Caroline du sud, avait délégué un chef français qui s'y est établi, Éric Masson. Cette région côtière est évidemment reconnue pour ses poissons et fruits de mer, dont le crabe à carapace molle. Le chef Masson a ainsi charmé les quelques dizaines de festivaliers qui ont assisté à une démonstration de ses talents en préparant des croquettes de crabe, et tout le monde a pu goûter par la suite. On m'avait mis à contribution pour lui donner un coup de main.

La Nouvelle-Écosse n'était pas en reste. L'imposante délégation des Maritimes était elle aussi accompagnée d'un de ses meilleurs chefs, Michael Howell. Sans le fardeau des douanes, le chef Howell est arrivé avec des caisses et des caisses de homard, des fromages artisans, etc. La veille du salon, le vendredi, Howell et Michael Blackie, le chef du Centre national des arts, ont servi un repas de roi à une centaine d'invités. Repas bien arrosé de vins néo-écossais... oui, oui! Tous ont pu constater que ce n'est pas des balivernes lorsque les amateurs de vins soutiennent que la Nouvelle-Écosse sera la prochaine destination vineuse au Canada, maintenant que les plus avisés ont écumé la région de Prince Edward County, au sud-ouest de Kingston. Cette dernière région était bien présente et ne met plus que son camping de Sandbanks en valeur. Cela vaut aussi pour la région du Niagara, dont la réputation de ses vins n'est plus à faire.

Corée, France

La Corée n'était pas en reste. À son stand, elle distribuait une très belle plaquette, «La cuisine coréenne: pour rafraîchir vos sens». Pas besoin d'aller au bout du monde non plus. La région des Laurentides, aux portes de l'Outaouais, faisait la promotion de son «Chemin du terroir» Charlevoix, sa «Route des saveurs», l'Estrie, sa «Route des vins». Toutes sont l'équivalent de notre Parcours Outaouais Gourmand.

La France était absente mais on connaît bien l'importance de la gastronomie dans son offre touristique. Depuis que ses pratiques culinaires ont été reconnues comme faisant partie du «Patrimoine immatériel de l'humanité» par l'Unesco, à la fin de 2010, cela a redynamisé son intérêt à mettre sa table à l'honneur. Ce n'est pas par hasard que la France est associée à de grands événements culinaires. Tenez, ce soir même au Château de Versailles, juste au sud de Paris, 60 des plus grands chefs au monde tiennent le «Dîner des Grands Chefs» pour 650 convives. Tous ces chefs sont reliés à la chaîne Relais & Châteaux et le Canada y sera représenté par Jérôme Ferrer.

Oui, oui, le même Ferrer qui préparera un repas-bénéfice à L'Orée du bois, à Chelsea, ce dimanche, pour les étudiants en cuisine à Buckingham! (Désolé, toutes les places sont vendues depuis longtemps.)

Et ailleurs

Au salon, en fin de semaine, plusieurs pays ou régions étaient absents ou ne parlaient pas de leur gastronomie. Tout le monde ne peut être partout, ça se comprend. La Belgique, en coulisse, prépare le terrain pour 2012 que son équipe de tourisme a déjà proclamé «Année de la gastronomie». Le Danemark peut aujourd'hui se vanter d'abriter la meilleure table au monde selon le magazine «Restaurant», Noma, à Copenhague. Noma a délogé El Bulli, en Espagne mais ce pays vogue sur son erre d'aller: cela fait cinq bonnes années au moins que les gastronomes se bousculent pour aller découvrir ce qui est reconnu comme la cuisine la plus avant-gardiste au monde. Car il n'y a pas qu'El Bulli mais plusieurs tables exceptionnelles, à Barcelone, San Sebastian et Madrid, entre autres, et d'incroyables bars à tapas dont on ne peut soupçonner l'expérience culinaire en fréquentant nos restaurants qui tentent de les imiter avec leurs «plats de dégustations».

Le Mexique a aussi vu son patrimoine culinaire être reconnu par l'Unesco. Elle en est très fière et ce n'est pas un hasard si le Mexique ne met plus que l'accent sur ses plages pour attirer les touristes canadiens. La culture, incluant la culture gastronomique, figure de plus en plus de façon évidente.

L'intérêt est clair: vous voulez bien manger, venez chez nous, disent les apôtres du tourisme. Ils disent cela parce qu'ils savent que de plus en plus de touristes sont sensibles à ce message. À l'Université du Québec à Montréal, Chantal Neault, du Réseau de veille en tourisme, réitérait l'intérêt des consommateurs pour ce qu'ils appellent les «voyages de niche»: gastronomie, yoga, sites religieux, médical, expériences personnelles (comme le pélerinage de Saint-Jacques de Compostelle), spas, casinos, etc.

Évidemment, pour faire du tourisme gourmand, ça prend deux choses: un bon emploi qui permet de prendre des vacances et qui procure les revenus suffisants pour payer ces sorties. Les destinations ci-haut ne sont pas les seules. À côté ou à l'autre bout du monde, il y a habituellement moyen de bien manger partout, ou à tout le moins, de manger différemment de notre quotidien d'ici. Et ça, ça suffit pour dire qu'on fait du tourisme gourmand!