L'amélioration de la sécurité aérienne sera davantage du ressort des pilotes que des avions au cours de la prochaine décennie, faute de nouvelles technologies, a estimé le chef pilote d'essai du constructeur européen Airbus.

«La tendance est aux avions d'une durée de vie très longue. L'avion du futur ne verra pas le jour avant 2020. Cela veut dire qu'en termes de sécurité des vols, on ne peut rien attendre (de la technologie) avant la prochaine génération d'avions», a déclaré Jacques Rosay, à l'occasion d'un colloque consacré aux «pilotes face à l'imprévu», organisé par l'Académie de l'air et de l'espace.

«Pour le moment, le maintien, voire l'amélioration du niveau de sécurité ne peut dépendre que des pilotes», a-t-il ajouté.

Dans des situations prévisibles, l'automatisme peut s'avérer plus performant que l'humain, mais face à l'imprévisible, le pilote reste indispensable, a-t-il encore jugé.

Pour illustrer son propos, il a cité le cas fréquent d'oiseaux se présentant sur la trajectoire: seul le pilote est à même de modifier le plan de vol.

Paradoxalement, trop d'automatisme et technologie sophistiquée compromettent l'agilité des pilotes et donc potentiellement la sécurité des vols, ceux-ci étant moins entraînés à des situations susceptibles d'être corrigées directement par la machine.

De son côté, Jean-Paul Troadec, directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) chargé de déterminer les causes de l'accident du vol Rio-Paris survenu le 1er juin 2009, a souligné que l'occurrence d'un événement était devenue parfois tellement exceptionnelle que les équipages n'y étaient plus préparés.

«Lorsque l'imprévu survient, la compétence de l'équipage, sa capacité à travailler en synergie, à innover sont essentielles. L'équipage est le dernier rempart face à l'imprévu», a-t-il enfin estimé.

Ces propos ne sont pas sans faire penser à l'écrasement d'Air France. Un rapport intermédiaire du BEA a mis en exergue une série de défaillances de l'équipage, sur la base des données fournies par les boîtes noires de l'appareil. Les experts judiciaires ont fait état de «confusion au sein de l'équipage» même s'ils émettent des doutes sur les informations techniques qui ne sont pas considérées comme «crédibles et exploitables».