Rouler jusqu'à quatre heures en voiture, traverser la frontière américaine pour ensuite prendre l'avion, aux États-Unis. De plus en plus de Canadiens semblent vouloir adopter cette pratique pour voyager à moindres coûts. La situation inquiète l'Association des hôtels du Canada (AHC).

En 2011, pour leurs voyages, 15% des Canadiens se sont rendus chez nos voisins du Sud parce que les billets d'avion étaient offerts à des prix beaucoup plus compétitifs que ceux disponibles sur le marché canadien, révèle l'Enquête canadienne sur les intentions de voyage 2012, publiée récemment par l'AHC.

Les villes canadiennes situées à proximité des aéroports américains sont particulièrement touchées, observe Tony Pollard, président de l'AHC.

Par exemple, l'aéroport Montréal-Trudeau perd des clients au profit de Plattsburgh et Burlington. Pour preuve, en 2010, près de 337 000 Canadiens ont attrapé un vol en partance de l'une de ces deux villes plutôt que de prendre l'avion dans la métropole québécoise, note Claude Péloquin, analyste en chef à la Chaire de tourisme Transat ESG-UQAM. Pour sa part, Toronto joue du coude avec Buffalo et Vancouver concurrence Seattle.

«Dans plusieurs cas, le prix des billets canadiens est plus élevé que le coût de la conduite aux États-Unis (pour se rendre à l'aéroport) et le vol en partance des aéroports comme Buffalo, Détroit, Plattsburgh, Bellingham, Bangor, Seattle, Syracuse ou Grand Forks», ajoute M. Pollard. Pire, pour l'année 2012, 33% des voyageurs ont affirmé qu'ils avaient l'intention d'adopter cette pratique pour économiser.     

Qu'est-ce qui pousse les gens à agir de la sorte? Selon l'AHC, les impôts, les taxes et les coûts liés aux différentes mesures de sécurité qu'impose le gouvernement canadien aux aéroports ont pour conséquence de faire gonfler le prix des billets d'avion et même celui du stationnement.

À Montréal, quelque 40 millions en taxes municipales et 37 millions de dollars en loyer doivent être payés chaque année. «Pour cette raison, il faut faire attention lorsqu'on compare les aéroports canadiens avec les aéroports américains, souligne Anne Marcotte, directrice des communications pour l'aéroport Montréal-Trudeau.» Elle tient tout de même à rappeler que l'aéroport montréalais n'est pas en péril. La preuve : il a accuelli l'an dernier plus de 13 millions de passagers.

Par ailleurs, la situation inquiète au plus haut point les membres de l'Association des hôtels puisque ses membres sont conscients que cet engouement pour les États-Unis leur fait perdre des clients. Au bout du compte, souligne M. Pollard, toute l'industrie touristique canadienne en souffre. L'AHC demande donc au ministère canadien des Transports de se pencher sur le dossier. Même son de cloche à Montréal-Trudeau où l'on tente de trouver des moyens pour réduire les coûts.     

«À un moment donné, ajoute pour sa part Claude Péloquin, la croissance du niveau d'achalandage de nos aéroports n'augmentera peut-être pas aussi vite que les autres.»