Une nouvelle bête a fait son apparition sur les sentiers de vélo de montagne : le vélo à assistance électrique. Celui-ci démocratise une activité fort divertissante, mais peut parfois avoir des effets négatifs sur les sentiers. Les centres adoptent donc diverses stratégies pour les minimiser.

« C’est important de noter qu’il n’y a pas une seule vérité là-dedans, déclare Mathieu Dupuis-Bourassa, directeur adjoint de la coopérative de solidarité Vallée Bras-du-Nord. Les centres ont des clientèles différentes et la façon dont le terrain se dessine est aussi différente d’un endroit à l’autre. »

La stratégie adoptée ce printemps par Empire 47 et les Sentiers du Moulin, dans la région de Québec, a fait jaser. Les deux centres ont décidé d’augmenter les tarifs des utilisateurs de vélos à assistance électrique en expliquant que ceux-ci occasionnaient en moyenne plus d’érosion que les vélos ordinaires.

« Ça fait plusieurs années qu’on y pense, indique Maxim Carrier, coordonnateur du marketing chez Empire 47. Nous ne sommes pas les seuls, il y a des mesures semblables qui ont été prises dans des centres de vélo de montagne partout au Québec et mondialement. Nous nous sommes fiés à ça et à la littérature à ce sujet. »

PHOTO FOURNIE PAR VALLÉE BRAS-DU-NORD

Un vélo à assistance électrique peut être utile lorsqu’on veut accompagner quelqu’un (ou quelqu’une) qui est beaucoup plus fort que soi.

C’est notamment la puissance supérieure des vélos à assistance électrique qui cause des dommages. À la montée, les roues peuvent tourner sur place à grande vitesse avant de trouver la traction nécessaire pour s’élancer, ce qui endommage évidemment les sentiers.

Avec un vélo de montagne ordinaire, il faut vraiment être un athlète de haut niveau pour être capable de faire tourner les roues, de les faire virer de t’sour en montant, alors qu’avec un vélo de montagne, monsieur et madame Tout-le-Monde peuvent le faire, et c’est quelque chose qui est fait beaucoup.

Maxim Carrier, coordonnateur du marketing chez Empire 47

Il y a aussi une simple question de répétitions. « Chez nous, un cycliste de haut niveau peut faire cinq sentiers dans la journée, ce qui correspond à quelque chose comme 25 km, soit six heures de vélo, affirme M. Carrier. Avec un vélo à assistance électrique, on peut faire le double, voire le triple. »

La décision a évidemment suscité bien des commentaires sur les réseaux sociaux, mais dans le cas d’Empire 47, la réponse a été essentiellement positive. « Il n’y a pas vraiment eu de problème de notre côté, mais notre partenaire [les Sentiers du Moulin] a eu plus de commentaires, indique M. Carrier. On se différencie un peu en fait d’ADN de centre de vélo de montagne. Nous, c’est plus un endroit familial. Eux, c’est un endroit où on peut trouver des pistes de haut niveau. »

D’autres stratégies

À la Vallée Bras-du-Nord, on a choisi une stratégie différente, notamment parce qu’il ne semble pas y avoir de problème important d’érosion lié à l’utilisation de vélos à assistance électrique.

« On a un type de terrain différent, explique Mathieu Dupuis-Bourassa. Aux Sentiers du Moulin, on a un produit plus de type Enduro, plus “montées-descentes”. Il y a plus de circulation dans les montées, alors que nous avons un territoire plus vaste, de type cross-country, qui est moins axé sur les montées. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Les utilisateurs de vélos ordinaires n’apprécient pas toujours la présence de vélos à assistance électrique, surtout s’ils se sentent poussés dans le dos sur les sentiers.

La Vallée Bras-du-Nord a toutefois choisit d’interdire les vélos à assistance électrique dans certaines montées. « Il s’agit de faire en sorte que le partage du territoire se fasse de façon plus fluide parce que bien des gens n’ont pas envie de se faire pousser dans le derrière par un vélo potentiellement plus rapide. »

M. Dupuis-Bourassa note toutefois que l’utilisation du vélo à assistance électrique se développe de façon exponentielle et que le centre pourrait réviser sa position.

Au Parc des sommets, à Bromont, on mise sur la signalisation et la sensibilisation. « Les plaintes qui arrivaient à mes oreilles ne portaient pas nécessairement sur l’usure des sentiers, indique Alain Planchamp, directeur général du Parc des sommets. Elles tournaient plus autour des sentiers larges, où les vélos roulaient beaucoup trop vite, et des sentiers de montée, où souvent les vélos à assistance électrique avaient tendance à mettre de la pression sur les gens en avant. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le Parc des sommets, à Bromont, mise sur la sensibilisation.

À son avis, cela ne justifie pas une tarification spéciale. « On va plutôt mettre de l’argent sur la signalisation, on va faire beaucoup de sensibilisation. »

Il rappelle que les simples vélos de montagne avaient causé des problèmes semblables à leur arrivée sur les sentiers il y a plusieurs années. « Ils avaient tendance à mettre de la pression sur les marcheurs parce qu’ils ne se poussaient pas. On a travaillé sur la sensibilisation et ça a fonctionné. On va essayer la même chose cette année. Si ça ne fonctionne pas, on passera au plan B. Mais je suis confiant. »

Suggestion vidéo : doux printemps

Ah ! Le printemps ! Le renouveau de la nature ! Les petits oiseaux qui gazouillent ! Il faut juste éviter les combats d’ours, comme celui-ci, filmé en Finlande.

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Chiffre de la semaine

13

C’est le nombre de centimètres de neige que Montréal reçoit en moyenne pendant le mois d’avril. Ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini.