Au printemps, la neige fondante rend la randonnée peu plaisante. En plus, il pleut souvent. Et il pleut beaucoup. Mais pour certains amateurs de plein air, c’est carrément le bonheur : plus la neige fond, plus il pleut… et plus les pagayeurs d’eau vive se réjouissent.

« C’est génial, s’enthousiasme une passionnée du sport, Julie Paquette. Nous, les kayakistes, on aime bien le printemps parce qu’il y a plein de belles rivières qu’on peut juste pagayer pendant cette saison parce qu’après, durant l’été, il n’y a presque plus d’eau. »

Évidemment, on ne parle pas ici d’inondations catastrophiques comme celles qui ont frappé Charlevoix et Lanaudière. Les kayakistes, qui connaissent la puissance de l’eau, sont les premiers à s’en désoler.

C’est surtout la fonte des neiges qui gonfle des cours d’eau peu navigables l’été comme le ruisseau Bonniebrook à Saint-Canut, la rivière de l’Ouest à Brownsburg-Chatham ou la rivière Doncaster dans le coin de Saint-Sauveur. D’autres rivières sont accessibles tout l’été, comme la rivière Rouge et la rivière Jacques-Cartier, mais elles prennent un caractère bien différent avec la neige fondante.

Ce n’est pas la même game. C’est plus gros, c’est plus dangereux, mais c’est plus excitant.

Trevor L’Heureux, directeur de l’éducation chez Eau Vive Québec

La pluie printanière contribue aussi au gonflement des cours d’eau. « Nous, on veut avoir le plus d’eau possible ! », lance Julie Paquette.

Elle explique que le kayak d’eau vive est une activité qui peut se pratiquer même à la pluie battante, contrairement à son autre sport de prédilection, l’escalade de roche. Il faut cependant être bien équipé parce qu’il peut faire froid.

PHOTO FOURNIE PAR JULIE PAQUETTE

Julie Paquette, après une descente par une journée printanière très frisquette

« Ça peut être trop frisquet pour aller grimper, mais en kayak, avec une combinaison étanche, de grosses mitaines et une cagoule en néoprène, on ne sent pas du tout le froid, affirme Julie Paquette. C’est vraiment agréable, ce sport-là, parce que tu peux le pratiquer même si la météo n’est pas parfaite. »

Les adeptes d’eau vive suivent avec attention l’évolution des cours d’eau en consultant des sites officiels, comme celui du Centre d’expertise hydrique du Québec et celui d’Hydro-Québec, qui rapportent le débit en mètres cubes par seconde enregistré par des jauges.

« Il y a tellement de rivières au Québec qu’il ne peut pas y avoir de jauges partout, note Trevor L’Heureux. La communauté a donc installé des jauges non officielles, auxquelles on peut se référer pour connaître les niveaux d’eau. »

Il peut s’agir de jauges installées ici ou là, ou dessinées sur des ponts. « On est au Canada, donc ça se peut que ce soit en mètres, ça se peut que ce soit en pieds, ou ça se peut que ce soit juste des flèches », lance M. L’Heureux.

PHOTO FOURNIE PAR JULIE PAQUETTE

Bien équipée, Julie Paquette descend une rivière en kayak d’eau vive.

Goûter à l’eau vive

Julie Paquette a suivi une formation de canot-camping au cégep, mais c’est à l’université, alors qu’elle étudiait en génie, qu’elle a véritablement goûté à l’eau vive. « Pendant ses cours, pour expliquer les ressauts hydrauliques, le professeur d’hydrologie nous montrait des vidéos de gens en rafting qui revolaient partout et qui surfaient dans les rapides. »

Le prof possédait également une entreprise de rafting. Il invitait donc ses étudiants à devenir guides s’ils le désiraient. Julie Paquette a sauté sur l’occasion. Puis, des amis du Club de canoë-kayak d’eau vive de Montréal l’ont convertie au kayak. Elle a suivi des formations diverses pour apprendre à descendre des rivières, faire du slalom, sauter des chutes, faire des opérations de sauvetage, etc.

« Comme en escalade, il y a beaucoup d’aspects techniques là-dedans, ce que j’aime beaucoup. Il faut apprendre à faire des arrêts contre courant, à lire la rivière, à voir les dangers. Tu ne peux pas juste descendre comme un billot de bois. »

PHOTO FOURNIE PAR JULIE PAQUETTE

Les kayakistes assurent leur propre sécurité.

La fraternité entre pratiquants est essentielle. « On crée une chimie parce que ta survie dépend des autres. »

Compte tenu de ces aspects techniques, Trevor L’Heureux insiste sur l’importance de faire affaire avec des instructeurs ou des guides certifiés.

Julie Paquette a une autre raison d’aimer la descente de rivières d’eau vive : la possibilité de voir de beaux coins qui ne sont pas accessibles autrement. Et bien sûr, il y a le simple plaisir de jouer dans l’eau.

« Quand on était jeunes, on allait aux glissades d’eau ou à la piscine à vagues, raconte Julie Paquette. Maintenant que je suis adulte, quand je vais dans les rapides, c’est comme aller à la piscine à vagues. »

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