La randonnée commence de façon très pépère, le long du lac aux Castors, sur le mont Royal. Ça se corse après le belvédère Kondiaronk, lorsque les randonneurs empruntent un sentier pierreux qui descend abruptement dans la forêt. Une petite poussée ici, un coup de frein là, des accompagnateurs enthousiastes permettent à des personnes en situation de handicap de quitter les grands chemins et d’explorer de petits sentiers accidentés menant à de discrets belvédères.

La clé, c’est la joëlette, un fauteuil tout-terrain à une roue qui peut manœuvrer sur les roches et sur les racines et affronter des pentes assez prononcées. Il suffit d’avoir recours à au moins deux accompagnateurs, un en avant, un en arrière, qui ont un niveau de forme approprié pour le défi. Nul besoin d’être un superhéros.

Des accompagnateurs enthousiastes, il y en a plusieurs lors d’une randonnée inclusive organisée récemment sur le mont Royal par Rando Québec, en collaboration avec BivouaQ et DéfPhys sans limite.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La joëlette est un fauteuil tout-terrain à une roue qui permet d’affronter les sentiers les plus corsés. Pour l’instant, c’est du plat, mais le mont Royal regorge de petits sentiers pierreux qui demandent plus d’efforts.

« La randonnée inclusive, c’est super important pour nous, surtout depuis que la joëlette est distribuée au Québec, lance Grégory Flayol, directeur général adjoint et responsable des programmes chez Rando Québec. L’objectif de cette activité, c’est de montrer aux gens que ça existe, que la randonnée est accessible aux personnes en situation de handicap. »

Dans quelques parcs, on a travaillé fort pour rendre certains sentiers de randonnée accessibles aux personnes à mobilité réduite. C’est une initiative très appréciée, mais elle est coûteuse et il reste des centaines de kilomètres de sentiers qui ne peuvent être transformés, et ce, pour une variété de raisons. Mais ça ne veut pas dire que les personnes en situation de handicap ne peuvent pas s’aventurer sur les sentiers plus délicats.

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Il existe de petites joëlettes pour enfants. Eux aussi peuvent se lancer dans des sentiers de randonnée.

« Avec la joëlette, la question n’est pas de savoir si le sentier est bon, mais si l’équipe est bonne ! », lance M. Flayol.

Commentaires élogieux

Marie-Hélène Tanguay, coordonnatrice de projet chez DéfPhys sans limite et elle-même en situation de handicap, apprécie visiblement la randonnée à bord de la joëlette. « C’est confortable, il n’y a pas trop de gros coups, indique-t-elle. Nous sommes plus hauts [que sur un fauteuil conventionnel], ça donne une nouvelle perspective sur la nature tout en étant bien accompagnés. »

Mégane Savary, étudiante, apprécie particulièrement le passage dans les sentiers étroits, au cœur des bois. « C’est comme si on n’avait pas de handicap, affirme-t-elle. C’est vraiment hot, j’ai deux bons chauffeurs. »

Ce que le directeur de Kéroul, Bruno Ronfard, apprécie particulièrement, c’est que ce type de sortie ne cloisonne pas les gens : les personnes en situation de handicap d’un côté, les autres personnes de l’autre côté. Tous doivent collaborer.

« L’inclusion, c’est que tout le monde se retrouve dans la même société. »

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Des membres de l’organisation Le Bon Pilote se joignent à la randonnée.

C’est ainsi que quelques personnes qui ont une déficience visuelle se joignent à la randonnée avec l’aide de l’organisme Le Bon Pilote, qui offre des services d’accompagnement.

De leur côté, Vincent Roy et Chloé Brosseau ont eu vent de l’activité par les réseaux sociaux et décident de venir faire un tour. Ils font partie d’une petite organisation, Les Courses partagées de Montréal, qui anime des sorties de course en duo (coureur et co-coureur) grâce à des fauteuils adaptés. Son slogan ? Contrer l’isolement social, une course à la fois.

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Dominic Viénot, cofondateur de la coopérative de solidarité BivouaQ, explique comment utiliser la joëlette.

Pour sa part, la coopérative de solidarité BivouaQ organise des activités et des séjours de plein air avec des joëlettes et des kayaks adaptés. « Ça fait deux ans qu’on existe, on veut créer une communauté de plein air inclusive au Québec », déclare Dominic Viénot, cofondateur de la coopérative.

Le truc à Joël

La joëlette a été conçue par un guide accompagnateur français, Joël Claudel. Elle est toujours fabriquée en France. Avec le transport, elle coûte un peu plus de 7000 $, note Gilles Roure, de Zero Limit, qui distribue la joëlette au Canada. « On en vend parfois à des individus, mais surtout à des organismes à but non lucratif, des municipalités ou des parcs régionaux. »

On en trouve notamment aux parcs de Portneuf, des Trois-Monts-de-Coleraine, de Sutton ou encore du Mont-Ham. Mais pas dans les parcs de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ). « Je leur ai proposé, mais ils préfèrent d’autres types d’équipement », indique M. Roure.

La SEPAQ offre plutôt des fauteuils adaptés qui peuvent parcourir les sentiers aménagés. Mais pas les sentiers plus accidentés qui sont accessibles aux adeptes de la joëlette.

Consultez le site de Rando Québec Consultez le site de BivouaQ Consultez le site de DéfPhys sans limite

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