Le monde du plein air doit faire face à plusieurs défis : un accès problématique au territoire, des infrastructures vieillissantes, des primes d’assurance qui explosent pour les gestionnaires de parcs. Les adeptes peuvent toutefois s’encourager en se rappelant que pour la première fois, le Québec peut compter sur une ministre du plein air.

Et qu’il y a des signes qui semblent montrer que le gouvernement prend le plein air au sérieux. En octobre 2022, Isabelle Charest a été nommée ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air. En juillet dernier, elle a annoncé une somme de 2,7 millions pour remettre à niveau des tronçons du Sentier national et en établir d’autres. « C’est sûr qu’on a encore plein de choses à améliorer, mais on veut vraiment le faire », affirme Isabelle Charest dans une entrevue à La Presse.

Isabelle Charest a remporté trois médailles olympiques en patinage de vitesse courte piste. Maintenant, elle se consacre davantage à la randonnée pédestre. « C’est probablement l’activité que je fais le plus, déclare-t-elle. J’ai la chance d’être dans une région, les Cantons-de-l’Est, où il y a beaucoup de sentiers. »

Son objectif en tant que ministre, c’est de faire bouger les gens.

Ce n’est pas nécessairement dans la perspective de les amener à faire les Jeux olympiques un jour, mais de les amener à intégrer de saines habitudes de vie. Je pense que le plein air est la voie d’accès la plus intéressante parce que c’est bon pour la santé, c’est bon pour la tête.

Isabelle Charest, ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air

Mme Charest est responsable de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), alors que les questions de conservation et de création de nouveaux parcs relèvent plutôt du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Elle ne voit pas de contradiction entre un objectif de conservation de la nature et un objectif d’accessibilité. « En donnant un accès responsable, on fait en sorte d’augmenter la connaissance, l’appréciation, ce qui fait qu’en fin de compte, les gens seront plus enclins à protéger la nature », estime-t-elle.

PHOTO BERNARD BRAULT ARCHIVES LA PRESSE

L’accès aux plans d’eau est une préoccupation importante pour les adeptes de plein air.

Problème d’accès

De nombreux adeptes de plein air déplorent toutefois les frais élevés d’accès et d’hébergement dans les parcs de la SEPAQ. Selon Mme Charest, il n’est pas question de les réduire, mais plutôt d’aider les clientèles moins privilégiées. « C’est pour ça qu’on a adopté des mesures comme les journées gratuites ou la passe saisonnière. » La ministre rappelle qu’il y a des coûts importants liés à l’aménagement et à l’entretien des infrastructures. À son avis, les frais peuvent rappeler cette réalité aux visiteurs et les inciter à en prendre soin. « Je pense que la notion de respect vient aussi avec certains coûts », dit-elle. Elle ajoute que la SEPAQ ne veut pas faire de concurrence déloyale aux aménagements privés qui doivent aussi faire face à des coûts importants.

Le problème d’accès au territoire et aux cours d’eau préoccupe également les adeptes de plein air. Pour la ministre, la solution passe notamment par l’acquisition de terrains.

Elle rappelle que lors des dernières élections, la Coalition avenir Québec (CAQ) a promis de créer trois nouveaux parcs, d’en agrandir cinq et d’investir des millions de dollars pour aider les municipalités à améliorer l’accès aux plans d’eau. Elle souligne également que le gouvernement a prévu une enveloppe de 1,5 milliard sur 10 ans pour améliorer les infrastructures sportives et récréatives. « Il y a déjà un 300 millions de dégagé, il va y avoir un appel de projets au mois de septembre et les infrastructures de plein air sont admissibles. »

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L’explosion des primes d’assurance est particulièrement difficile pour les organismes qui gèrent des activités de plein air.

Assurances prohibitives

La question des assurances constitue aussi un frein pour les municipalités et les organismes qui offrent des sites de plein air et qui veulent se protéger contre les poursuites en cas d’accident. Les assureurs sont de plus en plus frileux et exigent des primes parfois exorbitantes. La ministre croit que les organismes de plein air peuvent jouer un rôle en professionnalisant la pratique. À l’heure actuelle, il n’y a pas d’uniformité en fait d’encadrement, de cotation des sentiers ou de balisage. « On est à travailler avec les différents organismes de plein air pour avoir une meilleure formation, une meilleure information auprès des participants, un peu plus d’uniformité. Ça va certainement aider pour le pitch de vente qu’on fera aux assureurs. »

Isabelle Charest affirme que le gouvernement avait augmenté les budgets dans le domaine du sport, du loisir et du plein air pour favoriser cette professionnalisation. Évidemment, son ministère n’est pas le seul à réclamer plus d’argent. Mais elle a une arme secrète. « On a des ministres qui sont de grands utilisateurs de plein air, qui sont très au fait des bienfaits que ça peut avoir sur une population, nous confie-t-elle. Alors l’oreille est très attentive. »

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