Apporter une arme à feu dans un parc national, ce n’est pas une bonne idée, même si c’est pour se protéger des ours. En fait, c’est illégal. Le bon vieux vaporisateur anti-ours (gaz poivré) demeure l’arme de choix.

Il y a un an, un randonneur albertain se promenait sur un sentier du parc national de Jasper avec une arme à feu lorsqu’il a vu un ours noir à 30 mètres de lui, de l’autre côté d’un ruisseau. Il a pris peur et a tiré un coup de semonce en l’air. L’ours s’est alors approché de quelques pas, et Serge Painchaud lui a carrément tiré dessus. Il l’a blessé, sans le tuer. Nul ne sait ce que le pauvre ours est devenu. Serge Painchaud, lui, a écopé d’une amende de 7500 $.

Le Règlement sur la faune des parcs nationaux mentionne clairement qu’il est interdit d’avoir en sa possession une arme à feu dans un parc national, sauf si elle est déchargée et transportée dans un étui ou enveloppée et ficelée.

« Les raisons pour lesquelles les armes à feu ne sont pas autorisées dans l’ensemble des lieux administrés par Parcs Canada sont principalement liées à la sécurité publique et à la protection de la faune », rapporte Claudia Crépeault, du service de relations avec les médias de Parcs Canada.

Autoriser les armes à feu pourrait conduire à des incidents et menacer la sécurité des visiteurs, de même qu’encourager le braconnage et d’autres activités illégales impliquant la faune et la flore.

Claudia Crépeault, service de relations avec les médias de Parcs Canada

C’est un peu la même situation dans les parcs nationaux du Québec. « Les armes à feu sont interdites dans les parcs nationaux puisque la chasse elle-même est interdite », rapporte Ève Morin Desrosiers, conseillère en communication au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec. « Les armes à feu présentent des enjeux de sécurité publique. »

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

L’ours noir craint généralement les humains : s’il les détecte, il s’enfonce dans la forêt.

Pour se protéger des ours, les parcs préconisent surtout des mesures de prévention. Mme Morin Desrosiers rappelle que l’ours noir craint généralement les humains : s’il les détecte, il s’enfonce dans la forêt. Il n’aime pas se faire surprendre, il a besoin d’espace et de sécurité. Il ne faut donc jamais approcher un ours noir ou ses petits, il ne faut pas les nourrir, il faut entreposer la nourriture et les ordures hors de leur portée. « L’ours ne doit pas croire que la nourriture provenant de l’activité humaine est de la nourriture facile à obtenir. Si cela devient le cas, l’ours perd sa peur des humains et devient rapidement un animal à craindre. »

En cas d’attaque, on peut utiliser un vaporisateur anti-ours et viser ses yeux. Il s’agit alors de profiter de son inconfort pour quitter les lieux.

La question est un peu plus délicate pour les parcs du Grand Nord où on peut rencontrer des ours polaires. Ils ont un comportement différent de celui des grizzlis et des ours noirs, rapporte Claudia Crépeault. Ils peuvent considérer l’humain comme source de nourriture.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Les ours polaires peuvent être agressifs. Très.

Pour cette raison, Parcs Canada a lancé une consultation en 2011 pour modifier ses règlements et permettre à certaines personnes d’avoir des armes à feu en leur possession. « Le processus a été finalisé en 2011 et en conséquence, des lignes directrices provisoires ont été élaborées afin de permettre à certaines catégories de visiteurs des parcs nationaux du Nord du Canada, notamment les chercheurs, les surveillants d’ours, les guides agréés et les utilisateurs locaux, d’obtenir un permis de port d’arme à feu à des fins de protection contre les ours polaires, rapporte Mme Crépeault. Ces permis d’armes à feu sont délivrés selon des critères bien précis et dans certaines circonstances. »

Pour être agréés, les guides doivent notamment faire valoir leur formation, leurs compétences et leur expérience pour démontrer leur aptitude à agir en toute sécurité.

Le Québec a aussi ses parcs nordiques, Parcs Nunavik, gérés conjointement avec l’Administration régionale Kativik (ARK). « Nous ne permettons pas les armes à feu dans nos parcs, en vertu du règlement », indique Lucy Abraham, coordinatrice aux Ressources renouvelables de l’ARK. « Seuls nos gardiens de parc peuvent avoir une arme en leur possession. »

Les Cris, les Naskapis et les Inuits ont toutefois conservé le droit de chasser, de pêcher et de piéger dans les parcs. « Si nous avons des visiteurs autonomes dans nos parcs, nous leur demandons d’apporter un vaporisateur anti-ours ou des détonateurs lancés à l’aide d’un pistolet ou d’un pistolet-stylo (bear bangers), indique Mme Abraham. Il est possible d’engager des surveillants d’ours, à ses propres frais. »

L’embauche de tels surveillants, essentiellement des Inuits, est très dispendieuse, mais elle permet de contribuer à l’économie locale.

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