Pluie, inondations, incendies de forêt, smog : les amateurs de plein air ont eu un été plutôt difficile. C’est aussi le cas pour les adeptes de kitesurf : le vent s’est fait rare et les prévisions n’ont pas brillé par leur fiabilité.

« C’est le pire été que j’ai jamais vu ! », s’exclame Jean-Sébastien Gagnon, qui se présente comme quelqu’un « qui chasse le vent depuis plus de 15 ans » et qui possède une entreprise de distribution de matériel de kitesurf, CORE Kites Canada.

Il n’était tout simplement pas possible de se fier aux prévisions météo.

« Ça fait en sorte que, comme kiteux, tu regardes les prévisions comme d’habitude, tu planifies ta semaine en te disant qu’il ne ventera pas, tu te planifies un rendez-vous d’affaires ou chez l’orthodontiste pour le petit et le jour venu, tu regardes dehors et il vente ! »

Mais le plus souvent, les prévisions faisaient miroiter de belles conditions de vent et le jour venu, rien. Pas un souffle.

Pour Kiteforce, une boutique et une école de kitesurf de Montréal, ce manque de fiabilité est particulièrement problématique. Elle met les formations à l’horaire à quelques jours d’avis, lorsque les conditions de vent s’annoncent propices.

Quand on voit qu’on annonce des vents de 10 nœuds pendant quelques heures pendant une journée, avec une bonne direction, on peut organiser des cours. Mais finalement, il n’y a pas autant de vent que prévu.

Lou-Mai Plusquellec-François, instructrice chez Kiteforce

Progression Kite, au Lac-Saint-Jean, a connu la même situation. « Je regarde toujours plusieurs applications pour me faire une idée : Windy, Windguru, MétéoMédia, indique Hugo Garon Bouchard, fondateur de l’école Progression Kite. Mais même avec toutes ces plateformes, toutes ces applications-là, c’était difficile à prévoir. Elles utilisent les mêmes données, au bout du compte, ça se ressemble. »

Il s’est demandé si les changements climatiques, les systèmes météo liés au phénomène El Niño contribuaient à brouiller les cartes pour les météorologues.

Jean-Sébastien Gagnon s’est posé la même question. « J’ai commencé à douter des prévisions météo. Il y avait quelque chose de pas normal. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La saison n’est pas terminée, les passionnés peuvent encore faire du kitesurf pendant quelques mois.

Jean-Philippe Bégin, météorologue à Environnement Canada, estime pourtant que les prévisions sont aussi fiables qu’auparavant. « On utilise les mêmes outils et les modèles sont plus performants », affirme-t-il.

Il note toutefois qu’Environnement Canada porte une plus grande attention aux conditions de vents violents qu’aux vents légers et modérés que peuvent apprécier les amateurs de kitesurf. « Notre mandat, c’est de protéger la vie humaine et les biens des Canadiens », rappelle-t-il.

C’est ainsi qu’Environnement Canada vérifie l’exactitude de ses prévisions en fait de vents violents, ce qu’il ne fait pas avec les vents modérés.

D’habitude, quand on fait des prévisions de vents significatifs, on est assez pile-poil dessus.

Jean-Philippe Bégin, météorologue à Environnement Canada

Jean-Philippe Bégin ajoute que les prévisions régionales ne tiennent pas compte des conditions locales, comme la proximité des plans d’eau (recherchés par les amateurs de kitesurf). Ces conditions locales peuvent avoir un effet sur les vents, surtout lorsqu’on parle de vents légers et modérés. Il est alors plus difficile d’avoir des prévisions exactes.

PHOTO FOURNIE PAR AÉROSPORT LES ÎLES

Aux Îles-de-la-Madeleine, les vents sont généralement propices au kitesurf.

Chercher le vent

Au-delà de l’exactitude des prévisions, c’est la quasi-absence de vents qui a fait mal cet été. « Il y avait moins de journées venteuses, affirme Lou-Mai Plusqellec-François. Au début de l’été, pendant le mois de juin, on attend normalement un peu de vent et là, il n’y en a presque pas eu, presque zéro jour. Ç’a été très surprenant. »

La tendance s’est poursuivie en juillet. « On a eu du super beau temps, mais pas beaucoup de vent, malheureusement », affirme Hugo Garon Bouchard.

Le mois d’août a été un peu plus normal. « Mais on a quand même eu une longue période de deux semaines sans aucun vent », note Mme Plusquellec-François.

Heureusement, la saison de kitesurf n’est pas terminée ! « On continue à donner les cours jusqu’à la fin du mois de septembre, indique Mme Plusquellec-François. Après, l’eau commence à se rafraîchir, c’est moins facile de donner des cours aux débutants. »

Les passionnés, eux, peuvent continuer pendant quelques mois. « Tant qu’il fait au-dessus de 10 degrés, c’est quand même très confortable d’aller à l’eau habillé avec un bon wetsuit, une cagoule, des gants et des bottes », fait valoir Hugo Garon Bouchard.

Encore faut-il que le vent soit au rendez-vous.

Pour ça, on peut regarder du côté des Îles-de-la-Madeleine. « On a généralement du bon vent, rappelle Simon Barrette, d’Aérosport les Îles. Mais cette année, on en a eu moins en juillet : la canicule a tué le vent. Par contre, en août, il a venté plus que d’habitude. »

« C’est ici que ça se passe ! », conclut-il.

Suggestion vidéo

La chauve-souris

Dans certaines voies, des grimpeurs se suspendent la tête en bas pour faire une transition entre deux mouvements difficiles, pour se reposer les bras ou encore parce que c’est un joli mouvement.

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Le chiffre de la semaine

1000

C’est le nombre d’îlots que compte l’archipel de Mingan. On y retrouve aussi une vingtaine d’îles.