Quand on négocie un passage difficile sur une paroi d’escalade, il faut vraiment faire confiance au matériel. Il faut aussi faire confiance à la personne qui nous assure tout en bas et maintenir une bonne communication avec elle. Il faut finalement se faire confiance. Ce sont là des enjeux qu’on peut retrouver dans la vie de tous les jours, surtout si on connaît des difficultés, des enjeux relationnels, des vulnérabilités.

C’est pour cela qu’un groupe de jeunes femmes a créé Ça me dit de grimper, un petit organisme qui permet de relier l’intervention psychosociale à l’escalade. Sa mission : venir en aide aux personnes de 12 ans et plus qui présentent des enjeux de dépendance ou de santé mentale, ou encore des enjeux comportementaux ou judiciaires.

« On fait tout le temps un lien entre l’escalade et les démarches qu’on fait dans sa vie personnelle », déclare Andréanne Vallières, l’une des principales instigatrices du projet.

L’idée a germé pendant la COVID-19, alors qu’elle enseignait aux enfants à distance. « Je me disais que ça n’avait pas de bon sens de les voir derrière l’ordinateur, raconte Andréanne Vallières. Il y a sûrement une façon de les emmener jouer dehors. »

Comme elle était déjà très impliquée dans le monde de l’escalade, c’est le sport qu’elle a voulu privilégier. Rapidement, le projet a évolué et a pris le virage de l’intervention auprès de personnes vulnérables. Des amies qui travaillaient auprès de personnes souffrant de schizophrénie et autres problèmes de santé mentale, d’alcoolisme et de toxicomanie se sont jointes à elle. Des dons lui ont permis de donner à ces intervenantes une formation de monitrices d’escalade.

Le petit groupe travaille avec des organismes établis, soit des organisations sans but lucratif, des entreprises privées ou des organismes gouvernementaux ou paragouvernementaux, pour offrir à de petits groupes deux jours d’escalade.

« C’est une formule basée sur 16 heures d’activité, précise Andréanne. On s’est fait demander si ça pouvait être moins long, ou plus. Si on diminue à une journée, on perd l’idée d’engagement. Si on augmente le nombre de journées, on perd des joueurs. Deux jours, c’est demandant pour la plupart d’entre eux, alors faire trois jours, ce serait un gros défi. »

PHOTO FOURNIE PAR ÇA ME DIT DE GRIMPER

Il faut apprendre à faire confiance aux autres.

Pendant l’activité, les intervenantes travaillent sur quatre axes, à commencer par la communication.

La communication en escalade, c’est primordial. Si elle n’est pas claire, il peut y avoir des enjeux de sécurité. Dans la vie de tous les jours, si tu communiques difficilement avec l’autre au sujet de tes besoins, comment peux-tu aller de l’avant ?

Andréanne Vallières

Lorsqu’on parle d’escalade, la confiance est aussi importante. « Quand on a un partenaire d’escalade, on doit lui faire entièrement confiance quant à ses prises de décision, quant à sa lecture du chemin. Donc, il y a une confiance envers l’autre, un lâcher-prise. »

Les intervenants travaillent aussi sur l’estime de soi avec des outils d’intervention au sol, comme des pastilles de couleur ou des thermomètres.

« Après la grimpe, les participants vont se mettre sur la pastille qui reflète leur énergie ou le sentiment qu’ils ont eu. Ça a l’air un peu enfantin comme ça, mais c’est tout à fait approprié avec les adultes. Ça fonctionne bien. »

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Il y a plusieurs parallèles à faire entre l’escalade et la vie.

Il n’est pas nécessaire de grimper comme un pro pour améliorer son estime de soi. « Pour quelqu’un qui a un surpoids, par exemple, c’est tout un défi, note Andréanne Vallières. Il y en a qui ont grimpé un mètre, ou deux, et pour eux, c’était une grande réussite. »

Le dernier axe porte sur la sécurité. « Quand ils arrivent, ils ne connaissent pas les systèmes d’assurage. On leur apprend à les utiliser, mais en même temps, on peut leur demander quels sont leurs outils sur le plan de la sécurité physique et psychologique. Quand ils vivent un enjeu, est-ce qu’ils ont un coffre à outils ? Est-ce qu’ils savent vers qui se tourner ? Est-ce qu’ils savent quoi faire pour se sortir de cette impasse ? »

Il n’y a pas encore de résultats de recherche qui montrent les bienfaits de l’intervention par l’escalade extérieure.

Ça ne fait que trois ans. Je pense que dans 10 ans, on va être capable d’avoir des chiffres qui démontrent réellement les retombées de ce projet.

Andréanne Vallières

En attendant, les organismes sont tellement satisfaits qu’ils reviennent année après année. Les participants eux-mêmes sont intéressés à un retour.

« Le fait qu’ils reviennent, ça veut dire qu’ils ont trouvé une partie de joie, de bonheur, mais aussi d’affirmation dans leurs choix. Et si ça les amène à aller jouer dehors pour le plaisir, pas nécessairement de faire de l’escalade, mais de faire un pas de plus dans le monde du plein air, tant mieux. »

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