Fin novembre. Les journées raccourcissent. La neige se fait attendre. Les amateurs de plein air ont besoin d’un petit remontant. Comme une vidéo excitante d’un sport extrême tournée dans une contrée exotique. Ou une vidéo inspirante filmée dans le parc d’à côté. Mais qu’est-ce qui fait qu’une vidéo touche le cœur et les tripes, alors qu’une autre tombe à plat ?

Stéphane Corbeil a sa petite idée là-dessus. Au cours des années, le producteur de la Tournée mondiale du Festival du film de montagne de Banff a visionné des centaines et des centaines de films d’aventure, qu’il s’agisse de courts, moyens ou longs métrages.

« C’est une combinaison de facteurs, lance-t-il. Un des premiers facteurs, au-delà des aspects techniques, c’est l’intensité de l’émotion. Ça ne passe pas uniquement par le caractère extrême de l’activité. On peut parler d’humour, de tristesse, de surprise. »

Lorsqu’on parle d’émotion, on parle évidemment des protagonistes, des hommes et des femmes dans le film.

PHOTO TIRÉE DU FILM D’AMOUR ET D’EAU FRETTE

Alexis Beaudreau, jeune Madelinot passionné de surf, se montre particulièrement attachant dans le film D’amour et d’eau frette, d’Ariane Moisan.

« Est-ce que ce sont des caractères attachants ? »

L’originalité du sujet est un autre facteur important. « Il y a 25 ans, il y avait beaucoup de films qui présentaient essentiellement des expéditions de haute montagne, se rappelle Stéphane Corbeil. C’était vraiment très bien, mais avec le temps, il y a un caractère répétitif qui s’est installé. »

On peut toutefois avoir des films sur un « sujet qui a été traité mille fois », mais qui est abordé de façon originale.

On peut aussi avoir « le meilleur sujet de la terre », avec les meilleurs protagonistes possible et les plus belles images, mais si le scénario et le montage ne sont pas à la hauteur, « on peut brûler tous les autres éléments qui auraient pu faire en sorte que le film soit un bon film ».

Stéphane Corbeil a ainsi vu plusieurs films sur des expéditions impressionnantes, avec des propos inspirants, mais qui tombaient à plat en raison d’un traitement ordinaire.

« On dit souvent que les gens qui font le montage ont une baguette magique entre les mains, qu’ils peuvent faire des miracles. »

PHOTO TIRÉE DU FILM CANADA VERTICAL

Le film Canada Vertical, de Laurent Péloquin, suit une véritable épopée à travers le Canada, du nord au sud. Les images spectaculaires et les souffrances des participants sont au rendez-vous.

Évidemment, le miracle est plus facile à réaliser si le contenu est bon.

Il s’agit notamment de faire un montage serré, qui élimine ce qui est redondant ou inutile. « La plupart du temps, les réalisateurs sont émotionnellement attachés à leurs images, aux propos des gens qu’ils ont interviewés. Ils ne veulent pas couper, mais c’est au détriment du film. Le producteur et le monteur ont leur mot à dire. »

La trame sonore est un autre élément important. « Quand un film est bien soutenu par l’ambiance sonore, qu’il s’agisse des bruits ambiants ou de la musique qui sert de trame de fond, ça fait toute la différence », affirme M. Corbeil.

La musique contribue à faire vivre les émotions, et même à en susciter, pourvu qu’il n’y ait pas exagération.

Stéphane Corbeil, producteur de la Tournée mondiale du Festival du film de montagne de Banff

Selon lui, il ne faudrait pas que la musique cherche à pallier les faiblesses du scénario ou des images. Il ne faudrait pas non plus qu’elle « enterre » le film lui-même. « Je me souviens de films, notamment de kayak d’eau vive, où la musique était très intense, très rock, mais trop intense : ça tuait quasiment le film. »

PHOTO TIRÉE DU FILM THE BALKANS MIRAGE : A JOURNEY ON WHEELS

Dans The Balkans Mirage, Nicolas Bellavance met de l’avant un humour déjanté et un style à la Wes Anderson.

Ça prend beaucoup de doigté pour faire de bons choix, poursuit Stéphane Corbeil. « Faire un bon film, ça demeure difficile. Si tu es entouré de gens talentueux, tu as plus de chances d’être capable de le faire. »

Pas moins de quatre films québécois ont été retenus lors du dernier Festival du film de montagne de Banff. Ils n’ont pas remporté de prix, mais ils ont pu bénéficier d’une belle visibilité et ils sont susceptibles d’inspirer plusieurs aspirants réalisateurs.

Ces films ne vont pas nécessairement se retrouver dans la tournée québécoise du Festival de Banff parce que certains sont en ligne depuis plusieurs mois.

« Mais c’est sûr et certain que lorsqu’il y a un film du Québec qui est présenté à l’écran de la tournée, je le présente avec un peu plus de force, un peu plus de détails, assure Stéphane Corbeil. Il y a une connexion qui se fait plus intensément et plus naturellement avec les réalisateurs potentiels qui sont dans la salle. »

Cette année, la tournée visitera une vingtaine de villes québécoises entre janvier et mars. Un nouveau festival fait également son apparition, Objectif Aventure, qui se déroulera du 1er au 3 décembre à Montréal.

De quoi se donner un petit remontant.

Consultez la tournée québécoise du Festival du film de montagne de Banff Consultez le site du festival Objectif Aventure

Suggestion vidéo

Noir et blanc

Un bel exemple de vidéo qui renouvelle le genre : l’utilisation du noir et blanc et un doux morceau de piano confèrent une atmosphère unique à une descente de vélo de montagne

Regardez la vidéo au complet

Le chiffre de la semaine

48

C’est le nombre de centimètres de neige que Montréal reçoit en moyenne en décembre.