Le vieux moulin à vent de Pointe-aux-Trembles vient d'être restauré. Un parc thématique tout neuf accueille maintenant les touristes prêts à remonter le temps pour redécouvrir l'époque où le meunier était au coeur de la vie des colons français.

Parmi les 18 derniers moulins à vent du Québec, trois sont dans l'île de Montréal: un à Pointe-Claire, un à LaSalle et un dans l'est de l'île, dans le quartier de Pointe-aux-Trembles. Après plusieurs années de travail, le moulin de la rue Notre-Dame Est a retrouvé son âme. Construit pour les sulpiciens à l'époque du Régime français en 1719 au bord du fleuve, au coeur d'un ancien foyer de peuplement de l'île, il avait été rehaussé en 1833 afin de contenir deux meules et d'avoir plus de vent. Il a cessé de fabriquer de la farine en 1866 et a fini par perdre ses ailes avant le XXe siècle.

 

Avec ses quatre étages, le moulin de pierres le plus haut du Québec a failli disparaître. On doit sa restauration d'abord et avant tout à Claude Belzil, un amoureux d'histoire de Pointe-aux-Trembles qui avait contacté Claire Mousseau, ex-archéologue en chef de la Ville de Montréal. Aujourd'hui décédée, elle avait pris ce projet en main et avait fait classer le moulin «bien archéologique» en 1983, puis avait fait acheter le terrain en 2001 par la Ville à l'ancien propriétaire.

Quelque 2,4 millions ont été investis depuis trois ans pour créer ce centre d'interprétation du patrimoine. Penchant un peu à cause d'un affaissement du terrain, le moulin a été redressé. Un belvédère a été créé près de l'ancien chemin du Roy (enfoui sous les eaux à cet endroit) pour permettre aux touristes de voir le fleuve. Un parcours muséologique explique, à l'aide de personnages historiques (du meunier à l'amérindien en passant par le forgeron), la vie antérieure du moulin et celle du site.

Le circuit historique comprend des panneaux didactiques et des meules modernes sur lesquels on présente toutes sortes d'informations historiques sur la meunerie, les céréales, la vie du meunier, l'histoire du moulin et du quartier. Les illustrations ont été réalisées par Francis Back, le fils du cinéaste d'animation Frédéric Back.

À l'intérieur du moulin, les poutres ont été rénovées. Le système des ailes a été recréé. Un petit espace accueille les visiteurs par petits groupes. On peut y regarder un film dont les images sont projetées sur le mur circulaire. On peut parfois aussi assister à la rotation des ailes et du toit selon la provenance des vents. Il reste encore quelques ajustements à faire, mais on en est encore aux balbutiements de la réparation des moulins au Québec, une activité bien mieux rodée en France. «C'est prometteur», dit Claude Arsenault, le président de l'Association des moulins du Québec.

Un autre bâtiment du parc projette un film de l'Office national du film et présente un écran interactif avec lequel les visiteurs peuvent découvrir comment, à l'époque, on choisissait la localisation d'un moulin. Sur des bancs modernes, on a écrit le nom de tous les meuniers qui ont dirigé le moulin.

Grand pape des moulins à vent au Québec, Claude Arsenault a pris en main le destin du moulin de Pointe-Claire. Il est en train de faire des démarches pour créer un grand circuit touristique québécois des moulins. «C'est une priorité pour nous, dit-il. Cela existe en France. Chaque moulin a une fiche descriptive et on peut mieux connaître chaque moulin. Ça s'en vient chez nous! On essaie de le réaliser pour l'été 2010. Les propriétaires de moulins sont emballés par cette idée.»

Parc du Vieux-Moulin de Pointe-aux-Trembles, 11 630, rue Notre-Dame Est (angle 2e Avenue), Montréal

Visite les fins de semaine jusqu'au 6 septembre, de 12h à 17h. Entrée libre. Renseignements: 514-872-2240