En 1609, Samuel de Champlain a remonté le Richelieu et est passé par le bassin de Chambly. Il a été le premier Blanc à voir cette nappe d'eau, qui s'étend au pied des rapides de Chambly, à 25 km de Montréal. Pour célébrer son passage, 400 ans plus tard, quoi de mieux que de suivre ses traces en pagayant sur cet élargissement du Richelieu?

À l'époque, Champlain n'a rencontré personne. Aujourd'hui, il serait carrément surpris de l'achalandage des lieux. Les week-ends, les bateaux envahissent le plan d'eau. Entre les voiliers et les yachts, on voit de plus en plus de kayaks de mer. Les adeptes de plein air profitent des embarcations offertes en location au Centre nautique Gervais-Désourdy, qui appartient à la municipalité de Chambly.

 

En m'y aventurant avec mon guide, Antoine Grenier, j'ai découvert un endroit exceptionnel pour le kayak de mer, où le décor n'est jamais monotone. Du centre nautique, nous sommes partis en direction des rapides, qui se terminent au pied du fort Chambly. Tout en admirant cette forteresse dont la première mouture date du régime français, nous avons joué dans le courant et nous sommes amusés à sauter dans les vagues.

Les eaux vives contournent plusieurs îles magnifiques qui font partie du refuge faunique Pierre-Étienne-Fortin. C'est là que l'on trouve la plus importante frayère du chevalier cuivré, un poisson menacé que l'on trouve seulement au Québec. C'est pour cette raison que les lieux sont interdits d'accès du 20 juin au 20 juillet, pendant la période de reproduction de l'espèce. Dans cette zone magnifique, nous pagayons en solo, car les eaux peu profondes font fuir les bateaux à moteur. Nous ne nous en plaindrons pas!

Nous poursuivons notre exploration en longeant les rives de la municipalité de Saint-Mathias-sur-Richelieu. À l'embouchure de la rivière aux Hurons, l'eau vive fait place à une eau plus calme, d'une couleur brunâtre. Ce n'est peut-être pas très invitant pour la baignade, mais l'eau regorge de plantes aquatiques au milieu desquelles les poissons s'activent (quelques-uns sautent près de mon embarcation). Au loin, le mont Saint-Hilaire se dresse au milieu de la plaine du Saint-Laurent.

Il faut pagayer longuement pour atteindre la rive est du Richelieu et arriver dans une zone plus urbanisée. Des maisons, pas toujours de bon goût, surplombent le plan d'eau, gâchant un peu le panorama, sauf qu'on s'en éloigne en s'aventurant dans les chenaux de la rivière L'Acadie, que l'on surnomme la rivière aux Chocolats à cause de la couleur de ses eaux.

Dans cette zone marécageuse, les passages étroits, qui permettent à maints endroits le passage d'un seul kayak, regorgent de vie. J'y ai vu des grands hérons, des sternes, des canards colverts (peu effrayés par notre présence) et une tortue. Protégés du soleil par les arbres, nous nous croyons perdus dans la nature alors qu'en fait, des habitations se trouvent sur les berges des chenaux. Un trésor à découvrir et qui, par bonheur, est interdit aux bateaux à moteur!

À vélo sur le canal de Chambly

Pauvre Champlain, il a dû faire un très long portage pour contourner les rapides de Chambly. Il serait fort aise de constater qu'aujourd'hui, il suffit de franchir neuf écluses pour poursuivre sa route sur le Richelieu, en direction du grand lac qui porte son nom. Ouvert en 1843, le canal de Chambly a servi d'abord à acheminer du bois aux États-Unis, mais, depuis les années 70, il accueille les bateaux de plaisance.

À quelques centaines de mètres du centre nautique, où j'ai laissé mon kayak, une piste cyclable passe sur l'ancien chemin de halage (là où des chevaux tiraient les bateaux qui empruntaient le canal). On peut y rouler sur près de 20 km, du Vieux-Chambly jusqu'à Saint-Jean. Arrêtez-vous pour voir le fonctionnement des écluses, dont la plupart sont encore actionnées manuellement.

Pour filer à un bon rythme, c'est l'endroit parfait. Quelques jolis panoramas valent le coup de pédale. À un certain moment, on roule sur une mince bande de terre qui sépare le canal des eaux vives du Richelieu. On admire, en cours de route, plusieurs ponts mobiles que l'on fait pivoter pour laisser passer les bateaux.

Pour finir en beauté

Après ce duo kayak-vélo, j'ai choisi de soulager mes douleurs musculaires en visitant la microbrasserie Bedondaine et Bedons ronds, dans le Vieux-Chambly. Son propriétaire, Nicolas Bourgault, brasse ses nombreuses bières artisanales devant nos yeux, en maniant le fourquet, l'outil traditionnel des brasseurs.

Ce resto-bar abrite également un musée de la bière, où sont exposées 26 000 pièces rappelant l'histoire du houblon. De vieilles bouteilles de bière Dow, de vieux plateaux et des sous-verres de toutes les époques décorent les murs, les étagères et même les plafonds de la brasserie. Un bel endroit pour terminer la journée... ou pour commencer la soirée!

 

Repères

> Location de kayak au Centre nautique Gervais-Désourdy: 1577, avenue Bourgogne. Un forfait kayak-vélo permet la location d'un kayak durant deux heures et d'un vélo pendant quatre heures au coût de 41$. Ouvert jusqu'au 13 septembre (et plus longtemps, si le temps le permet). Tél.: 450-658-6436

> Bedondaine et Bedons ronds: 255, rue Ostiguy, Chambly. Tél.: 450-447-5167 www.bedondaine.com