La forêt est dense, sauvage, le chant des oiseaux est la trame sonore idéale pour observer les rayons du soleil qui filtrent au travers de la canopée. Il faut se pincer pour se rappeler que l’on est à Laval, à seulement 2 km de l’autoroute 13…

Au cœur du bois Sainte-Dorothée, on peut volontiers s’imaginer dans une forêt des Laurentides ou des Cantons-de-l’Est. Rien ne vient briser la quiétude et le dépaysement, pas même le son lointain des autoroutes. Avec ses quelque 460 hectares, le bois Sainte-Dorothée est l’un des plus grands de Laval, et le plus vaste de l’ouest de l’île Jésus. C’est l’un des 20 bois d’intérêt de la ville, et l’un des 8 qui sont sous la gestion de Canopée, un organisme qui œuvre depuis 2017 à la conservation des milieux naturels boisés de Laval.

« Avant ça, c’était granulaire. Chaque quartier défendait son bout de terrain à lui », explique le président de Canopée, Luc Leblanc, à l’occasion d’une promenade dans le bois de l’Équerre, la plus populaire forêt du réseau de l’organisme. « Depuis, on a créé un inventaire des milieux forestiers de Laval, ils sont étudiés sur les plans biologique et environnemental, mais aussi sous un angle économique et social, parce qu’on sait aujourd’hui que les bois ont des bienfaits sur la santé. »

Canopée s’assure donc que les visiteurs aient accès aux bois en tout temps. On investit autant dans le verdissement et la restauration des milieux naturels que dans l’aménagement de sentiers et d’activités qui permettent de profiter de ces endroits encore méconnus du grand public.

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Luc Leblanc, président de l’organisme Canopée

Normalement, on n’avait jamais eu plus de 40 000 visiteurs par année au bois de l’Équerre. En début de pandémie, c’est monté en flèche à 100 000 personnes et ça s’est maintenu pendant les deux dernières années.

Luc Leblanc, président de Canopée

« Tous les bois de Laval sont pris d’assaut et là, la Ville s’est dit : “OK, on doit mettre des infrastructures intéressantes.” On est donc en train de réfléchir avec les autorités municipales pour cibler des infrastructures à mettre en place, des sentiers à réparer, à agrandir ou à mieux aménager pour supporter le flux de visiteurs qui a augmenté de 50 % presque partout. »

Un projet de réfection du passage sous la voie ferrée au bois Papineau est justement en voie de réalisation, un investissement de 150 000 $ qui inclura aussi l’aménagement des sentiers voisins. Luc Leblanc nous a aussi parlé d’un projet ambitieux pour le bois de l’Équerre, mais puisque les démarches sont toujours en cours, il est impossible d’en savoir davantage pour l’instant.

Impressionnante diversité

Mis à part leur accessibilité, en voiture, en vélo ou en transport en commun, c’est la diversité qui caractérise les bois de Laval. Plusieurs comptent des milieux humides, certains ont conservé des sections d’arbres anciens, alors que d’autres ont poussé sur des terres laissées en friche.

« Ici, où l’on marche, c’est un ancien chemin agricole utilisé à l’époque, il y a peut-être 75 ans, raconte Luc Leblanc. Au bois de l’Équerre, il y a comme ça beaucoup d’écosystèmes différents dans une petite superficie parce que les terres ont été abandonnées au fil des années. Dans l’autre zone, les arbres ont 50 ans, 75 ans. Et on trouve tout ça dans 30 minutes de marche, ce qui est plutôt inhabituel, car les forêts sont souvent constituées de grandes surfaces qui ont grandi en même temps. Ici, ils ont cultivé une zone, puis le reste poussait, alors qu’autour il y avait aussi quelques arbres très matures, c’est pourquoi on en trouve qui vont avoir pas loin de 100 ans. »

« Il y a aussi d’anciens fossés agricoles qui se sont transformés en ruisseaux ; ils sont très rectilignes, mais ils sont là depuis 75 ans, continue Luc Leblanc avec enthousiasme. On voit même des murets de pierre qui servaient à délimiter les champs à l’époque, mais qui sont aujourd’hui des vestiges en pleine forêt. » On peut justement en voir un à l’entrée du bois Sainte-Dorothée, par la rue des Tulipes.

Les bois de Laval ont droit depuis peu à une forme de protection en vertu du règlement de contrôle intérimaire concernant les milieux naturels, adopté en avril par la Communauté métropolitaine de Montréal.

Néanmoins, bien que la Ville de Laval continue d’acheter régulièrement des sections de terrain et que les changements de zonage soient plus difficiles à réaliser, plusieurs hectares ont toujours des propriétaires privés, ce qui rend le sort de ces terres moins prévisible à long terme. « La pression est constante, il y a toujours du développement qui va se faire », soutient Luc Leblanc.

« Je compare ça un peu au châtiment de Sisyphe, qui doit pousser un gros rocher jusqu’au sommet de la montagne ; or, s’il arrête, le rocher redescend. Protéger l’environnement à Laval, c’est la même chose. Si on arrête de travailler pour ça, le territoire va se faire envahir. »

Quatre boisés à visiter

Bois Sainte-Dorothée

  • Le bois Sainte-Dorothée possède un réseau de plus de 6 km de sentiers, qui donne accès à une diversité d’écosystèmes abritant notamment 190 espèces d’oiseaux, dont 23 rapaces.

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    Le bois Sainte-Dorothée possède un réseau de plus de 6 km de sentiers, qui donne accès à une diversité d’écosystèmes abritant notamment 190 espèces d’oiseaux, dont 23 rapaces.

  • Accessible par la halte du bois Sainte-Dorothée, rue des Pivoines, le sentier nous amène à travers un magnifique bosquet de sumacs vinaigriers.

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    Accessible par la halte du bois Sainte-Dorothée, rue des Pivoines, le sentier nous amène à travers un magnifique bosquet de sumacs vinaigriers.

  • Les marais du bois Sainte-Dorothée, considérés comme importants par la Communauté métropolitaine de Montréal, abritent de nombreuses espèces animales associées aux milieux humides, dont le castor, les hérons, le martin-pêcheur ainsi que plusieurs amphibiens.

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    Les marais du bois Sainte-Dorothée, considérés comme importants par la Communauté métropolitaine de Montréal, abritent de nombreuses espèces animales associées aux milieux humides, dont le castor, les hérons, le martin-pêcheur ainsi que plusieurs amphibiens.

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Délimité par la rue Principale à l’ouest, l’avenue des Bois au nord, la montée Champagne à l’est et le boulevard Saint-Martin au sud, le bois Sainte-Dorothée s’étend sur un territoire sauvage de plus de 410 hectares en zone agricole — seule une partie est partiellement cultivée, mais les sentiers demeurent néanmoins accessibles. Plus de 20 % du bois est en milieu humide, avec 40 hectares de marécages, reliés entre eux par 13 km de ruisseaux. Inutile de préciser qu’il est fortement suggéré d’apporter son chasse-moustiques !

Bois de l’Équerre

  • Une portion des sentiers du bois de l’Équerre peuvent accueillir les personnes à mobilité réduite. Une partie pourrait être aménagée en patinoire pendant la saison froide, la plus achalandée dans les parcs de Laval.

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    Une portion des sentiers du bois de l’Équerre peuvent accueillir les personnes à mobilité réduite. Une partie pourrait être aménagée en patinoire pendant la saison froide, la plus achalandée dans les parcs de Laval.

  • Le bois de l’Équerre se caractérise par une forêt diversifiée qui a poussé à différents moments sur d’anciennes terres agricoles laissées en friche.

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    Le bois de l’Équerre se caractérise par une forêt diversifiée qui a poussé à différents moments sur d’anciennes terres agricoles laissées en friche.

  • Une vaste section du bois de l’Équerre est entretenue à son état de friche. « On a une entente qui nous autorise à la préserver, explique Luc Leblanc. Si on la laisse aller, il va y avoir une forêt ici dans 100 ans. Mais c’est tout un écosystème qui s’est développé ici, et il ne pourra pas se déplacer ailleurs […]. Cet écosystème serait donc condamné à s’écrouler. »

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    Une vaste section du bois de l’Équerre est entretenue à son état de friche. « On a une entente qui nous autorise à la préserver, explique Luc Leblanc. Si on la laisse aller, il va y avoir une forêt ici dans 100 ans. Mais c’est tout un écosystème qui s’est développé ici, et il ne pourra pas se déplacer ailleurs […]. Cet écosystème serait donc condamné à s’écrouler. »

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Située dans l’est du quartier Sainte-Rose, c’est la forêt de Laval la plus fréquentée, c’est aussi la plus aménagée, notamment avec des sentiers qui peuvent accueillir les personnes à mobilité réduite. On y trouve également une section qu’il est permis d’entretenir à l’état de friche, de telle sorte qu’elle peut accueillir plusieurs projets d’analyse scientifique. Elle compte plus de 1500 végétaux, de même que près de 135 espèces d’oiseaux — le bois de l’Équerre est un site reconnu par les amateurs d’ornithologie.

Le bois de l’Orée-des-Bois

  • Le bois de l’Orée-des-Bois offre 1,8 km de sentiers, dont plusieurs dizaines de mètres aménagés sur des passerelles de bois qui permettent de passer au-dessus des milieux humides.

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    Le bois de l’Orée-des-Bois offre 1,8 km de sentiers, dont plusieurs dizaines de mètres aménagés sur des passerelles de bois qui permettent de passer au-dessus des milieux humides.

  • Malgré la petite taille de l’endroit, la variété de l’écosystème du bois de l’Orée-des-Bois attire pas moins de 173 espèces d’oiseaux, y compris le grand pic.

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    Malgré la petite taille de l’endroit, la variété de l’écosystème du bois de l’Orée-des-Bois attire pas moins de 173 espèces d’oiseaux, y compris le grand pic.

  • Avec seulement 15,6 hectares, le bois de l’Orée-des-Bois est le plus petit du réseau Canopée. Il est toutefois le seul à offrir un point de vue sur la rivière des Mille-Îles.

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    Avec seulement 15,6 hectares, le bois de l’Orée-des-Bois est le plus petit du réseau Canopée. Il est toutefois le seul à offrir un point de vue sur la rivière des Mille-Îles.

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Enclavé entre la rivière des Mille-Îles et des quartiers résidentiels, le bois de l’Orée-des-Bois a été sauvegardé grâce à la vigilance des résidants pendant les années 1970 et 1980, jusqu’à ce que le zonage soit définitivement modifié en 1987. Depuis, l’endroit offre une fascinante incursion naturelle dans cet écosystème forestier exceptionnel, l’un des 16 définis ainsi à Laval. Il abrite notamment une grande diversité végétale, dont de nombreuses espèces précaires.

Bois Papineau

  • Situé à quelques kilomètres seulement du Centre de la nature, le bois Papineau offre 6,9 km de sentiers qui plongent en pleine nature.

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    Situé à quelques kilomètres seulement du Centre de la nature, le bois Papineau offre 6,9 km de sentiers qui plongent en pleine nature.

  • Le réseau Canopée investit la moitié de son budget annuel dans la revalorisation des forêts de Laval. Cette année, c’est donc près d’un million de dollars qui ont été consacrés à la régénération des milieux naturels. Le bois Papineau est l’un de ceux qui bénéficient de ces efforts.

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    Le réseau Canopée investit la moitié de son budget annuel dans la revalorisation des forêts de Laval. Cette année, c’est donc près d’un million de dollars qui ont été consacrés à la régénération des milieux naturels. Le bois Papineau est l’un de ceux qui bénéficient de ces efforts.

  • Malgré qu’il ne s’étende que sur 100 hectares et que seulement 59 hectares soient accessibles au public, le bois Papineau révèle une belle diversité, incluant des ruisseaux et des milieux humides.

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    Malgré qu’il ne s’étende que sur 100 hectares et que seulement 59 hectares soient accessibles au public, le bois Papineau révèle une belle diversité, incluant des ruisseaux et des milieux humides.

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Caché à l’intersection des autoroutes 19 et 440, le bois Papineau est l’une des deux seules forêts anciennes en milieu urbain au Québec. Il s’agit d’un écosystème forestier exceptionnel parce qu’il est à la fois une forêt rare, ancienne, et un refuge pour certaines espèces en péril. On y trouve en effet une hêtraie qui date d’avant la colonisation, préservée au fil du temps par le fait qu’elle se trouvait à l’époque au trécarré des terres seigneuriales et que son sol n’était pas propice à l’agriculture.