Avec une clientèle internationale habituée à s’en faire mettre plein la vue à Las Vegas, à Hawaii ou à Dubaï, les chaînes d’hôtels rivalisent d’ingéniosité pour proposer des expériences uniques et mémorables. Il y a quelques semaines, nous avons assisté à un souper immersif et circassien au Château Frontenac. Récit d’un repas gastronomique à grand déploiement.

On nous avait demandé de porter du noir. Dans le très passant lobby du Château Frontenac, certains ont confondu notre groupe avec un cortège funèbre.

Mais il n’en était rien. La vingtaine d’heureux élus de cette première de la série limitée L’obscurité le temps d’une soirée s’apprêtait plutôt à vivre un souper sinon haut en couleur, du moins excitant de mystère.

Laissant derrière nous le brouhaha des touristes en vacances, nous nous engouffrons dans le cellier, où nous attendent un maître de cérémonie au visage grave et ses aides aux allures de prêtresses des ténèbres. C’est ici que les libations commencent, avec le premier de plusieurs champagnes et des bouchées ton sur ton.

PHOTO ANDRÉ-OLIVIER LYRA, FOURNIE PAR LE CHÂTEAU FRONTENAC

Cette prêtresse des ténèbres veillait sur les convives.

À quel point est-ce possible de composer un menu varié avec la contrainte de n’utiliser que des ingrédients sombres, que ce soit ceux que la nature a ainsi créés (caviar, encre de seiche, morilles, trompettes de la mort, truffe, cerise, etc.) ou ceux que les techniques de cuisine permettent de noircir, comme l’ail, la viande, les céréales (pensons à la bière stout), etc. ? Le repas nous démontrera la créativité de l’équipe de cuisine du Champlain, nouvellement dirigée par le jeune chef Gabriel Molleur-Langevin.

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Cette superbe betterave était une des entrées du repas.

Le deuxième acte de cette soirée hautement chorégraphiée nous transporte dans la bibliothèque, superbe pièce du savoir lambrissée et toute parée de noir pour l’occasion. Nappes, vaisselle, couverts, accessoires… rien n’a été laissé au hasard. Entre les oursins et les betteraves, un certain Eclipso aux yeux de jais nous hypnotise avec un premier numéro de jonglerie de contact. Ses boules de verre évoquent la divination. C’est un des moments de grâce de la soirée.

  • Gabriel Molleur-Langevin, nouveau chef du restaurant Champlain, est aussi responsable des repas hors série du Château Frontenac.

    PHOTO ANDRÉ-OLIVIER LYRA, FOURNIE PAR LE CHÂTEAU FRONTENAC

    Gabriel Molleur-Langevin, nouveau chef du restaurant Champlain, est aussi responsable des repas hors série du Château Frontenac.

  • La bibliothèque est une très belle salle parfois utilisée par le restaurant Champlain.

    PHOTO ANDRÉ-OLIVIER LYRA, FOURNIE PAR LE CHÂTEAU FRONTENAC

    La bibliothèque est une très belle salle parfois utilisée par le restaurant Champlain.

  • Eclipso pratique la jonglerie de contact.

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    Eclipso pratique la jonglerie de contact.

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Le suivant a lieu à l’ouverture des portes de notre destination finale, le Salon Jacques-Cartier, complètement éclairé aux (fausses) bougies, posées sur une longue table noire superbement décorée. La pianiste Obscura sera elle aussi à l’origine de moments d’émotion, avec sa manière à la fois dramatique et ludique d’interpréter le répertoire classique.

Certes, il y aura au cours de la soirée un décalage assez ironique, pour ne pas dire gênant, entre l’aspect cérémonial de la soirée, les appels répétés de notre amphitryon à l’appréciation du moment présent, puis le public qui vit cette soirée exceptionnelle à travers… son téléphone. Espérons que la prédominance de médias et d’influenceurs dans la salle en soit l’explication.

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Rien n’a été laissé au hasard pour créer l’ambiance.

Fairmont repousse les limites

Qu’à cela ne tienne, il faut lever son chapeau à l’équipe du Château Frontenac, qui a réussi à imaginer, concevoir et livrer un souper-évènement sans fausse note en à peu près un mois. L’obscurité le temps d’une soirée s’inscrit dans le programme « Au-delà des limites » de la chaîne Fairmont. Ce sont des expériences d’exception que chaque hôtel est libre d’imaginer, pour rehausser plus encore le séjour de la clientèle.

Si d’autres hôtels ont opté pour un ballet sous-marin (Fairmont Orchid, Hawaii), un concert dans un cénote (Fairmont Mayakoba, Mexique) ou une forêt enchantée sur le toit (Fairmont Waterfront, Vancouver), le Château Frontenac, lui, a misé sur le talent de son nouveau chef, Gabriel Molleur-Langevin, arrivé à la barre du restaurant Champlain à la fin d’avril. À peine l’ancien chef du Mousso avait-il posé ses valises dans la Vieille Capitale que le directeur du marketing, Stéphane Morin, l’invitait dans son bureau pour lui proposer son premier grand défi. « C’était un peu dernière minute, mais Gabriel a embarqué tout de suite », se réjouit M. Morin.

« Un mois et demi après que je suis arrivé, Stéphane est venu me voir. Il m’a montré ce qui se faisait ailleurs dans le monde comme évènements gastronomiques, nous dit de son côté Gabriel Molleur-Langevin. Rapidement, on a décidé que le concept tournerait autour de la nourriture noire, en bonne partie. Je lui ai vite fait un menu. J’étais inspiré. Puis on a ajouté d’autres éléments sensoriels à l’expérience. Des chaises en velours, des sous-assiettes en cuir faites par une artisane québécoise et plein d’autres petits détails. »

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Le repas était agrémenté de numéros de cirque.

Le Cirque Éloize a été appelé en renfort. Qui n’est pas impressionné par les prouesses de ses humains d’exception ? Leur participation donne d’ailleurs un petit je-ne-sais-quoi de rétro à la soirée, façon saltimbanques venus divertir la cour royale. Les artistes de cirque sont ces êtres uniques qui passent entre les mondes et les classes sociales sans appartenir à aucun d’entre eux, ne cherchant que des yeux pour apprécier leur talent.

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Yan Imbault est un maître de cérémonie hors pair.

La soirée n’aurait pas été la même sans l’animation de Yan Imbault. Avec sa mine patibulaire, le célébrant est capable de gravité, mais aussi de traits d’humour bien placés, surtout lorsqu’il sent que le Dom Pérignon commence à monter à la tête des convives.

Certes, ce souper de l’ombre dure un temps très limité, mais Stéphane Morin voit la possibilité d’organiser des repas qui sortent du cadre quelques fois par année. « Ce sont des projets le fun pour les clients, qui viennent vivre une expérience hors du commun, mais aussi pour les équipes du Château, qui se sentent stimulées. »

Cette expérience immersive, limitée à 20 convives par soirée, coûte 650 $ par personne, plus taxes (pourboires compris), mais elle n’est pas réservée aux clients de l’hôtel. En comparaison, le menu découverte du Champlain, avec accords, coûte 350 $ par personne avant taxes et pourboire. L’obscurité le temps d’une soirée est proposé les jeudis soirs, jusqu’au 14 septembre. Il ne reste donc que cinq prestations. Les réservations peuvent être faites en ligne ou en contactant directement Mme Eva Lévy.

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