Marie empoigne ses bâtons, fait cliquer les attaches et enfile son casque, fin prête à dévaler la pente de ski. Détail détonnant : la jeune femme est en pantalon court et chandail estival. Pas froid aux yeux ? Non, froid nulle part, car c’est sous un beau 23 degrés que la skieuse s’élance sur la toute nouvelle piste synthétique de la station Mont-Tremblant.

Drôles de scènes à Tremblant, avec pour cadre un immense tapis vert sur une pente de quelque 220 mètres de long, pour une vingtaine de large. Il ne s’agit pas de la table de poker géante du casino local, mais d’une piste d’initiation et de pratique à l’effet bluffant, permettant aux adeptes et aux néophytes de la glisse hivernale de s’adonner au ski ou à la planche à neige durant la belle saison.

Ce pari insolite a été pris par la fameuse station des Laurentides, qui souhaite démontrer que le ski fait partie intégrante de son identité, toute l’année ; et, par la bande, tenter de convertir certains vacanciers estivaux en hôtes hivernaux.

On reçoit 2,5 millions de visiteurs tout au long de l’année. Comme le ski est vraiment dans notre ADN, l’idée est de proposer une initiation ou une conversion pour les inciter à revenir en hiver.

Annique Aird, vice-présidente marketing de Station Mont-Tremblant

On serait également enclin à penser qu’il s’agit de la première pierre, un peu déprimante, des futures pentes de ski, confrontées aux bouleversements climatiques ; mais la station ne se place pas du tout dans cette optique-là, assure sa porte-parole.

  • La surface synthétique s’avère plus rapide qu’une piste enneigée, comme si on skiait sur une fine couche de glace.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    La surface synthétique s’avère plus rapide qu’une piste enneigée, comme si on skiait sur une fine couche de glace.

  • L’équipement est exactement le même que pour le ski hivernal.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    L’équipement est exactement le même que pour le ski hivernal.

  • La surface synthétique restera en place et sera recouverte de neige à l’hiver.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    La surface synthétique restera en place et sera recouverte de neige à l’hiver.

  • Les planchistes sont aussi invités dans la danse.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Les planchistes sont aussi invités dans la danse.

  • Au sommet de la pente, des fauteuils pour relaxer avant de se lancer ont été installés.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Au sommet de la pente, des fauteuils pour relaxer avant de se lancer ont été installés.

  • Une section a été prévue pour exercer sa prise de virage.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Une section a été prévue pour exercer sa prise de virage.

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La large pente, habituellement utilisée comme piste d’initiation durant la haute saison de la glisse, a été recouverte d’une surface synthétique, arrosée sporadiquement par des jets d’eau pour en assurer la lubrification. De proche, on distingue les milliers de brins verticaux composant le tapis, assez rigides. La pente est divisée en deux sections, celle en amont étant destinée aux virages, avec des fibres plus hautes, l’autre davantage axée sur le freinage et l’équilibre, coiffée de brins plus courts. Pour remonter, deux mécanismes de tapis roulants jouxtent chaque portion. Tremblant est allée magasiner son nouveau module en Europe, optant pour ce revêtement mis au point en Italie à partir de plastique recyclé et recyclable. Voilà pour le décor ; désormais, ne reste plus qu’à chausser ses skis pour aller au-delà de la théorie.

Un défi d’adaptation

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Quatre amis, tous d’un niveau différent, ont découvert l’activité lors de la première journée.

Dans la petite aire de préparation aménagée au sommet de la pente, un quatuor d’amis enfile son équipement – skis, bâtons et bottes similaires à ceux utilisés en hiver. Marie, Julia, Claire et Quentin, tous employés du Fairmont de Tremblant, sont venus tester la nouvelle attraction, une heure durant. Et n’ont pas vraiment vécu la même expérience !

« C’est vraiment bien, mais j’ai l’impression que ça glisse plus que sur de la neige, comme s’il y avait une mince couche de glace. Comme c’est un peu plus rapide, j’étais un peu moins à l’aise au début, par exemple pour les virages, mais ça s’est amélioré après quelques descentes », confie Marie, originaire du Jura et disposant d’un solide bagage en sports d’hiver.

  • Marie Brûlé, très expérimentée en ski, a dû s’adapter au fil des descentes.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Marie Brûlé, très expérimentée en ski, a dû s’adapter au fil des descentes.

  • Julia Gonzalez enfilait des skis pour la première fois. Malgré une chute, elle se dit prête à retenter l’expérience.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Julia Gonzalez enfilait des skis pour la première fois. Malgré une chute, elle se dit prête à retenter l’expérience.

  • Quentin Chauveau, sur le « tapis magique », aime bien l’idée de skier en vêtements d’été.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Quentin Chauveau, sur le « tapis magique », aime bien l’idée de skier en vêtements d’été.

  • Claire Ménard, malgré son expérience limitée de skieuse, a très bien négocié la pente.

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    Claire Ménard, malgré son expérience limitée de skieuse, a très bien négocié la pente.

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Pour Julia, qui chaussait des skis pour la première fois de sa vie, la descente inaugurale fut un peu douloureuse, après une chute qui lui a occasionné de légères blessures aux mains. Laissant un goût amer ? « Non, je me suis un peu blessée, mais c’était cool », considère celle qui n’exclut pas de tester l’activité à nouveau… mais plutôt sur neige, matelas amortisseur rassurant. En effet, la surface synthétique n’a rien à voir avec la souplesse des gazons artificiels de soccer, s’avérant beaucoup plus rigide. On conseille par ailleurs de s’équiper de manches et de pantalons longs. Le prêt de coudières et de genouillères serait peut-être à considérer par les organisateurs.

Quant à Claire et Quentin, qui n’avaient pas renoué avec les pentes depuis des lustres, ils ont été agréablement surpris par les sensations de glisse rapide procurées par la nouvelle installation. « Ce qui est assez drôle, c’est de faire du ski en étant habillé comme pour aller à la plage ! », lance le jeune homme, effectivement vêtu d’une chemise et d’un short à fleurs.

Vue et vitesse

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On remonte les pentes avec des tapis mécaniques.

Même si la pente synthétique est plutôt calibrée pour les néophytes, planchistes et skieurs initiés semblaient s’y donner à cœur joie lors de notre passage, à renfort de virages et de petites figures basiques. Pour ne rien gâcher, ils jouissent pendant leur descente d’une vue plongeante sur le village en contrebas. Nous avons également effectué deux descentes et, malgré un niveau des plus modestes, les skis se maîtrisent plutôt bien, et de petites pointes d’adrénaline se font sentir grâce à la rapidité de la pente. Les autres stations du Québec prendront-elles le même virage en suivant ces traces pionnières du ski estival ? Réponse dans les années à venir.

L’activité est offerte de la mi-mai à la mi-octobre, tous les jours de 10 h à 19 h durant la haute saison, beau temps, mauvais temps. Hors pointe estivale, l’accès sera possible les fins de semaine seulement, de 10 h à 18 h (du 5 septembre au 15 octobre pour la saison actuelle). Les tarifs s’échelonnent de 23 $ pour les jeunes enfants à 37 $ pour les adolescents et les adultes (à partir de 13 ans), pour une durée d’une heure. La location de l’équipement est incluse, mais il est possible d’apporter son propre matériel (le tarif reste similaire).

Consultez le site de Station Mont-Tremblant