Il s'agit assurément du musée qui présente le plus de nouvelles expositions chaque année, soit près d'une soixantaine. Il n'a aucune contrainte d'espace, est accessible en tout temps et presque en tous lieux. Où se trouve-t-il ? Sur l'internet, bien sûr.

C'est en 2001 qu'est apparu sur la toile le Musée virtuel du Canada. Depuis ce temps, il s'est enrichi de 567 expositions, vues par des gens de partout sur la planète. «Près de 12,5 millions de visiteurs par année, provenant de 200 pays, fréquentent notre site», dit François Gadbois, conseiller principal au développement des affaires et marketing, au Réseau canadien d'information sur le patrimoine.Le Musée virtuel du Canada est avant tout un programme du gouvernement fédéral. Il finance les musées qui souhaitent présenter des expositions sur le web. Celles-ci sont alors intégrées au site du Musée virtuel. Une façon de promouvoir le patrimoine et de faire découvrir l'histoire locale des différentes régions.

L'idée n'est donc pas tant d'amener les gens à faire une visite physique dans les musées. «Des recherches montrent, par contre, que c'est souvent le cas. Ça permet surtout au contenu patrimonial de rayonner davantage, à l'échelle planétaire. C'est un canal différent, avec une façon de faire différente aussi», dit M. Gadbois.

Et aussi une source d'informations quasi inépuisable, notamment pour les enseignants. Ces derniers génèrent d'ailleurs de 12 % à 15 % du trafic. Chaque exposition doit mettre en valeur des ressources éducatives.

Les musées qui souhaitent créer une exposition virtuelle soumettent une proposition détaillée à l'occasion des appels de projets. Libres à eux de proposer un thème de leur choix. On s'assure toutefois que les expositions choisies complètent l'offre globale.

Les musées qui ont vu leur projet sélectionné se partagent l'enveloppe annuelle de 2,5 millions de dollars du programme. En échange, ils doivent eux-mêmes concevoir l'exposition.

La prison au musée

La toute dernière mise en ligne sur le site du Musée virtuel est Vivre en prison, du Musée québécois de culture populaire, sur l'histoire carcérale au pays. «Ce n'est pas un sujet d'exposition classique. Avec trois objets et quatre photos, ça n'aurait pas été aussi intéressant. Cette exposition permet de compléter ce qu'on présente au Musée, et même les élèves éloignés y ont accès», note Benoit Gauthier, directeur général du Musée.

Des séquences vidéo tournées avec un comédien permettront aux visiteurs et aux enfants d'âge scolaire d'en apprendre davantage sur la vie carcérale. Le Musée québécois de culture populaire, situé à Trois-Rivières, propose in situ des visites de l'ancienne prison et même une nuit en cellule.

Au-delà de la visibilité, l'idée de faire connaître un pan de notre histoire était la motivation principale du Musée de la mémoire vivante lorsqu'il a proposé son exposition Le dernier pêcheur de marsouins. Des photos d'archives sont présentées avec en toile de fond une entrevue sur ce métier disparu. «Ça s'inscrit dans notre mission de transmettre le patrimoine immatériel et ça donne aussi une certaine crédibilité au musée», rappelle Mélodie Lachance, du Musée.

Habitué des expositions virtuelles, le musée McCord en compte cinq, dont certaines financées par le Musée virtuel du Canada et d'autres par divers programmes de Patrimoine Canada. La toute dernière est Sans rature ni censure ? Caricatures éditoriales du Québec, 1950-2000. Elle traite des regards différents posés par les caricaturistes de langues anglaise et française sur l'actualité québécoise. «Nous avons beaucoup travaillé au développement du site jusqu'à maintenant. Désormais, on veut rendre accessibles ces expositions qui sont des compléments d'information à ce que les gens voient ici», note Marie-Claude Larouche, chef de l'éducation et de la médiation culturelle au Musée.

Avec des thématiques incroyablement variées, difficile de ne pas trouver quelque chose qui saura nous intéresser dans ce vaste musée.

www.museevirtuel-virtualmuseum.ca