En plus de cap Tourmente, dont la réputation pour l'observation des bêtes à plumes n'est plus à faire, plusieurs sites dispersés un peu partout au Québec constituent des endroits propices, l'automne venu, pour admirer les oiseaux en migration. Voici quelques suggestions de lieux, moins connus et faciles d'accès, à visiter jumelles en mains.

À l'automne, les envolées de milliers d'oies des neiges offrent un spectacle faunique exceptionnel, dont les représentations ont lieu tout le mois d'octobre et jusqu'à la mi-novembre. De nos jours, ce ballet aérien n'a plus uniquement lieu sur les battures du Saint-Laurent, car depuis quelques années, les oies des neiges changent leur corridor de migration. Résultat: de nouveaux sites d'observation font le bonheur des ornithologues.

«Depuis 25 ans, la population des oies explose et les haltes migratoires débordent. Les oies blanches adoptent de nouvelles habitudes et, futées, elles choisissent des sites exempts de chasse», explique Samuel Denault, spécialiste de la gent aviaire, qui travaille à l'Observatoire d'oiseaux de Tadoussac.

Autre phénomène récent: cette sauvagine ajoute à sa diète un nouvel aliment pour reprendre des forces: le maïs. Donc, ce n'est pas un hasard si les nouvelles haltes se situent en zone agricole.

C'est le cas de l'étang Burbank, un plan d'eau situé dans la municipalité de Danville, entre Drummondville et Sherbrooke. Avec sa passerelle de 290 m, ses 3,6 km de sentiers et ses trois miradors, l'étang Burbank est spécialement aménagé pour l'observation de la faune. «L'an dernier, on a pu y admirer jusqu'à 105 000 oies blanches en une seule journée. L'étang était blanc comme neige», dit Gilles Lacroix, porte-parole de la Corporation de l'étang Burbank.

Phénomène unique

La nuit tombante, on peut y observer un phénomène unique au Québec, celui des oies lumineuses. «La lumière générée par les immenses serres situées à proximité se reflète sur les plumes des oies. C'est comme s'il y avait des guirlandes de Noël survolant le ciel», affirme M. Lacroix. À ne pas manquer: la Fête des oiseaux migrateurs, qui se tient du 9 au 11 octobre. Plusieurs conférences gratuites, animées par des experts, sont au programme.

À Victoriaville, une mer d'oies inonde à l'automne le réservoir Beaudet, la réserve d'eau potable de cette municipalité du Centre-du-Québec. «Chaque année, le spectacle prend de l'ampleur. En 2009, on a franchi le cap des 200 000 oies», raconte Steeve Gagné, de Tourisme Bois-Francs. Côté accessibilité, on ne peut demander mieux: une piste cyclable en fait le pourtour et le stationnement abonde. Comme à l'étang Burbank, d'autres oiseaux sont au rendez-vous en saison de migration, dont les bernaches et la sauvagine.

«On peut aussi apercevoir à l'occasion des oiseaux rares, comme des arlequins plongeurs», dit M. Gagné.

Les oies des neiges se font également de plus en plus présentes sur les battures du lac Saint-Jean, au Centre d'interprétation de la nature du lac Boivin (Granby), au parc national de la Yamaska et sous le pont de l'autoroute 35 (pont Marchand) enjambant la rivière Richelieu à Saint-Jean-sur-Richelieu. La meilleure période pour l'observation est à la tombée du jour, quand les oies reviennent des lieux d'alimentation pour la nuit.

Au parc national de Plaisance, à l'ouest de Montebello, on voit rarement des oies des neiges, mais il est possible de zieuter d'autres oiseaux migrateurs en abondance, comme des bernaches, des canards (sarcelles, branchus, fuligules, etc.) et des rapaces.

«En saison de migration, chaque jour offre un nouveau spectacle», affirme Jean-François Houle, responsable de la conservation à ce parc. Pendant la haute saison des migrations, Plaisance propose des excursions aux oiseaux chaque dimanche matin, d'une durée de 1 h 30.

«Elles s'adressent autant aux néophytes qu'aux experts», dit-il. Ornithologues, à vos jumelles!

PHOTO FOURNIE PAR GILLES LACROIX

Du début octobre jusqu'à la mi-novembre, les oies des neiges font halte à l'étang Burbank, à Danville, dans les Cantons-de-l'Est.