Embarquer en avion en procédant soi-même au dernier contrôle d'identité, telle est la nouvelle astuce des compagnies aériennes, présentée lundi en test par Air France, censée faire gagner du temps au passager et susceptible à terme d'économies pour le transporteur.

A partir du 17 mars et jusqu'à la fin de l'année, 1500 clients du Paris-Amsterdam pourront tester ce service.

Le passager s'inscrit auprès de la compagnie pour obtenir une carte comprenant ses nom, prénom, numéro de carte de fidélité et les empreintes de ses deux index cryptés. Le jour de son voyage, après s'être enregistré, il introduit cette carte dans une borne prévue à cet effet qui ressort avec, imprimée au verso, la carte d'embarquement.

Au moment d'embarquer, au lieu de laisser contrôler son passeport, le passager met sa carte dans un portail automatique et appose l'un de ses deux index pour que son identité soit vérifiée. La carte est réimpressible 500 fois au verso.

 

Actuellement, quatre compagnies offrent cette possibilité avec un système un peu différent: les japonaises All Nippon Airways et Japan Airlines, l'allemande Lufthansa et la scandinave SAS pour leurs vols intérieurs, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA).

Ce nouveau service s'inscrit dans une tendance plus générale de laisser faire le client une tâche auparavant effectuée par le personnel de la compagnie, comme l'enregistrement sur des bornes plutôt qu'au comptoir en face d'une hôtesse.

«Grâce à ces méthodes rendues possible par l'avènement de nouvelles technologies, les compagnies aériennes réalisent des gains de productivité et en tirent donc profit. Il faudrait que cela se retrouve aussi sur la facture finale présentée aux clients», estime Arnaud Deblauwe, de l'Association de défense des consommateurs, UFC Que Choisir, interrogé par l'AFP.

IATA -représentant 230 compagnies, soit 93% du trafic aérien international, à l'exclusion des low-cost- chiffre d'ailleurs à 14 milliards de dollars les économies annuelles qui pourraient être réalisées si toute une série de nouvelles procédures étaient appliquées. A commencer par le ticket électronique qui a déjà complètement remplacé le billet d'avion en papier en juin dernier en passant par la carte d'embarquement uniquement sur le téléphone portable -ce qui est possible sur presque tous les vols européens d'Air France à partir de mardi- jusqu'à l'embarquement automatique du passager comme dans le métro.

La mise en oeuvre de ces dispositions a pour l'instant été relativement bien acceptée par l'usager. «Le passage au billet d'avion électronique n'a pas déclenché de tollé de la part des clients», remarque M. Deblauwe.

Cependant, cette automatisation plus poussée laisse craindre des conséquences sociales, surtout en temps de crise. «Cela ne devrait pas forcément se traduire par des suppressions d'emplois. Le personnel responsable des anciennes tâches pourrait être employé à d'autres fonctions», affirme Philippe Bruyère, responsable chez IATA du programme destiné à soutenir la mise en place de ces méthodes, dans un entretien à l'AFP.

«On ne peut pas aller à l'encontre d'internet, il vaut mieux accompagner ces mouvements», estime de son côté François Cabrera, du syndicat CFDT chez Air France, préconisant un dialogue avec la direction sur les emplois.

En ce qui concerne l'embarquement autonome biométrique, reste à savoir, selon M. Deblauwe, si celui-ci n'est pas un «gadget, permettant de montrer l'esprit innovant de la compagnie, mais qui ne se généralisera pas avant des années».