Le journal de quartier Échos Montréal et son propriétaire, Vincent Di Candido, font face à une poursuite en diffamation de 550 000$ intentée par Frank Zampino. L'ex-numéro deux de la Ville de Montréal estime avoir été sali dans un article traitant de la fusion controversée de la Société de développement de Montréal (SDM) avec la Société d'habitation et de développement (SDHM).

Sous la plume de M. Di Candido, le journal mensuel affirme dans son numéro de décembre que la participation de M. Zampino dans la fusion des deux sociétés paramunicipales est le fruit d'une «stratégie singulière de tricherie et de magouillage partisan». L'auteur affirme en outre que la fusion «était de toute façon illégale» et qu'«on est à même de croire à une histoire de magouilles et de favoritisme partisan qui, bien qu'à plus petite échelle, n'est pas sans rappeler le scandale des commandites».

«Ces affirmations ou associations sont un tissu de mensonges, d'insinuations et d'amalgames qui ont pour but d'associer (M. Zampino) à des activités malhonnêtes et criminelles», réplique l'ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal dans la poursuite qu'il a déposée mardi. Le 8 décembre, M. Zampino a préalablement mis en demeure Échos Montréal de «retirer dans les 24 heures» et de détruire les exemplaires de son numéro de décembre. Le journal, distribué à plus de 55 000 exemplaires au centre-ville, dans le Vieux-Montréal et à L'Île-des-Soeurs, n'a pas obtempéré.

Selon ce qu'avait révélé La Presse en novembre, la fusion de la SDM et de la SDHM dans une seule société privée à but non lucratif s'est faite à l'encontre d'un avis juridique défavorable du contentieux de la Ville de Montréal. Devant cet avis négatif, le haut fonctionnaire Robert Cassius de Linval, directeur des affaires corporatives, a préféré faire valoir un second avis émis par un professeur de droit, Jean Hétu, qui lui recommandait d'aller de l'avant. C'est à la suite de cette fusion autorisée par le comité exécutif qu'ont eu lieu une série de transactions controversées qui ont mené au congédiement du directeur général de la SHDM, Martial Fillion.

Seconde poursuite en vue

Tout porte à croire que M. Cassius de Linval intentera à son tour une poursuite en diffamation contre Les Échos et M. Di Candido. Dans une décision prise mercredi, le comité exécutif de la Ville de Montréal donne au cabinet McCarthy Tétrault le mandat de «représenter les intérêts de monsieur Robert Cassius de Linval (...) relativement à l'institution de procédures judiciaires en recouvrement des dommages subis à la suite de la publication dans le journal Échos Montréal, édition de décembre 2008, de propos diffamants à son endroit».

La somme de 25 000$ est réservée par le comité exécutif pour cette éventuelle poursuite.

Aux yeux de l'avocat de M. Di Candido, Me Robert Astell, l'action en justice de M. Zampino s'apparente à une poursuite-bâillon. «Plusieurs grands quotidiens ont écrit bien des choses et ne semblent pas être visés par des poursuites semblables. Il semble évident qu'on attaque à celui qui a le moins de moyens pour se défendre», a commenté l'avocat.