«Venez, je vais vous montrer ce qu'est du développement immobilier durable et agréable, pour que les familles restent à Montréal plutôt que d'aller en banlieue.»

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, aime sa résidence située à l'est du quartier chinois, rue de la Gauchetière. À l'époque du Red Light et jusqu'à la fin des années 90, l'immeuble était un repaire mal famé. Sous l'administration de Pierre Bourque, il a été transformé. On a enterré les stationnements et créé un petit parc. Hier, c'était plein de verdure et de fleurs. Deux bancs invitaient à la lecture. Sur les balcons en fer forgé, des barbecues attendaient le retour des familles. Pas un bruit. Une odeur d'herbe verte. Un paradis à deux minutes du métro Champ-de-Mars.

 

M. Bergeron veut ce genre de projet à la grandeur de la ville. Il n'est pas un politicien de souche. Il n'a jamais été député ni président d'une chambre de commerce. Il a eu une carrière d'urbaniste. Il a fait des études. Il a voyagé. Il a des idées pour Montréal. «Pas pour boucher des nids-de-poule, dit-il. On aura des scénarios financiers. J'ai passé des années à préparer des projets, à les analyser, à les financer. Tous mes engagements sont évalués financièrement.»

Un rêveur?

Des élus du parti Union Montréal lui ont déjà fait des yeux doux pour qu'il se joigne à eux. Pourtant, il est souvent décrit par ses détracteurs comme un rêveur qui manque de crédibilité. En fin de semaine, Projet Montréal s'est donné un «avant-programme pour la relance durable de Montréal», un projet pour une ville critiquée pour son manque de dynamisme. Le programme est un défi «à la Drapeau» pour faire de Montréal une ville moderne, verte, silencieuse, propre, audacieuse, conviviale. Une ville avec une odeur de bien-être.

«Notre programme, c'est tout ce que doit faire une ville pour maîtriser son développement et résoudre les problèmes actuels de Montréal, la gouvernance, la stagnation voire le déclin. On a toutes les solutions pour y faire face et pour retenir les 10 000 familles qui quittent chaque année Montréal. Avec du logement, car c'est ça qu'elles vont chercher à l'extérieur. Avec un cadre de vie et des solutions de mobilité. On ne s'appelle pas Projet Montréal pour rien. C'est un projet urbain. Je suis urbaniste et ça paraît.»

Quand on lui dit qu'il n'est pas crédible, ça le fait sourire. Il dit que c'est lui qui a parlé le premier des tramways au maire Tremblay. Le maire est alors allé à Paris découvrir ce moyen de transport. «Quand il est revenu, il a mis le tramway comme priorité dans le Plan de transport, mais cette idée était déjà dans notre programme en 2005.»

Il reproche à l'administration Tremblay d'être lente. «On ne parle plus des péages, on confie au privé un contrat de 5 millions pour étudier le tramway. Il y a un problème de crédibilité. Quand Jean Drapeau a voulu faire le métro, il a fait venir son directeur des travaux publics et lui a demandé de bâtir le bureau de transport de Montréal. Gérald Tremblay a une méconnaissance complète des institutions publiques, de la force de frappe de la Ville de Montréal et de la compétence technique qu'on doit y retrouver. Si je suis élu maire, le chantier commencera en 2010 et les tramways seront dans les rues en 2012.»

Les scandales et les projets ratés de l'administration démontrent, selon lui, que les Montréalais ont besoin d'un maire qui posera un autre regard et qui agira. Il critique Griffintown arrêté, la vente «scandaleuse» de la gare Viger, le dossier des compteurs d'eau, le scandale de la SHDM, le projet de transformation de l'autoroute Bonaventure en un boulevard avec des immeubles au milieu. Le projet Marianopolis sur les pentes du mont Royal le choque, tout comme le fait que la Ville ait permis le déménagement de Bell à l'Île des Soeurs, avec des conséquences pour l'environnement.

M. Bergeron pense que les Montréalais ne pardonneront pas à l'administration Tremblay « d'avoir transformé la Ville en Montréal inc.». «On a transféré l'expertise de la Ville vers le secteur privé de manière méthodique, dit-il. Que ce soit en ingénierie, pour des services juridiques, informatiques ou de communications. Quand on parle de crédibilité, c'est de ça que je parle. Le président Obama l'a compris. Alors, oui, la prochaine campagne va se faire sur la crédibilité et l'intégrité.»

Et Montréal a les moyens d'être transformé, dit-il. «La dette de Montréal est plus faible qu'elle ne l'a jamais été. Et de l'argent, il y en a.» Donc, Gérald Tremblay a bien géré les finances? «Pourquoi avoir eu autant d'argent et avoir si peu fait, répond Richard Bergeron. Il est où l'argent?»

Il estime que son parti est aux antipodes «des réseaux qui ont conduit aux problèmes d'intégrité, de gouvernance, de dérive, d'affairisme». Il veut redonner à la Ville son rôle de maître d'oeuvre. «Regardez l'angle de Saint-Laurent et De Maisonneuve: un terrain vague avec l'édicule du métro, un commerce de pneus, un marécage au bord d'un immeuble pas terminé et un stationnement près d'un mur aveugle. En plein centre-ville. C'est scandaleux.»

Pour informations sur Projet Montréal: www.projetmontreal.org.