L'objectif de transférer aux forces afghanes la responsabilité de la sécurité de l'Afghanistan demeure «réaliste» et «atteignable» même si la guerre contre les insurgés talibans est loin d'être gagnée, estime un haut dirigeant de l'OTAN.



 

Les pays membres de l'OTAN doivent adopter en fin de semaine à l'occasion du Sommet de Lisbonne un plan visant à remettre graduellement la responsabilité de la sécurité de l'Afghanistan entre les mains des troupes afghanes d'ici 2014.

Cette transition doit commencer au début de l'année 2011 dans une province qui n'a pas encore été déterminée, a expliqué le haut dirigeant de l'OTAN qui a requis l'anonymat. Elle se fera graduellement en partant d'un district pour s'étendre à l'ensemble de la province. Le transfert de la responsabilité dans une région donnée s'étalera sur une période de 18 à 24 mois. Le Canada fera sa part pour permettre à l'OTAN d'atteindre cet objectif en maintenant 950 soldats et employés de soutien afin de former les troupes afghanes dans la région de Kaboul, capitale du pays. Mais la mission de combat des quelque 2900 soldats canadiens dans la province de Kandahar prendra fin comme prévu en juillet 2011.

L'échéancier de 2014 établi par l'Alliance atlantique, qui pourrait être retardé si la situation l'exige, coïncide avec la fin du deuxième mandat du président afghan Hamid Karzaï.

«L'année 2014 a été soulevée pour la première fois l'an dernier durant le discours d'inauguration du président Karzaï. C'était d'abord un objectif politique. Mais c'est maintenant notre objectif. C'est un objectif réaliste. C'est dans quatre ans et la situation peut évoluer. Mais c'est un objectif atteignable. Le président Karzaï veut obtenir la pleine souveraineté de son pays d'ici cette date. C'est l'héritage politique qu'il veut laisser», a affirmé le haut dirigeant de l'OTAN.

Le président Karzaï doit participer demain à une session portant sur la situation en Afghanistan. On s'attend à ce qu'il explique le plan de son gouvernement pour prendre graduellement la responsabilité de la sécurité de son pays. En tout, quelque 130 000 soldats issus des 28 membres de l'OTAN et de 20 autres pays se trouvent en Afghanistan.

Par ailleurs, le premier ministre Stephen Harper a rencontré en tête à tête le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, ce matin afin de lui expliquer de vive voix les intentions du Canada en Afghanistan après la fin de la mission de combat dans la province de Kandahar en 2011.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, et le ministre de la Défense, Peter MacKay, étaient également présents à la rencontre avec le secrétaire général de l'OTAN.

Un proche collaborateur du premier ministre, Dimitri Soudas, a affirmé que la prochaine mission de formation des soldats canadiens prendra fin en mars 2014 et cela même si l'OTAN faisait des pressions sur le Canada pour prolonger le séjour des troupes canadiennes au-delà de cette date.

Durant ce sommet de deux jours, les dirigeants des 28 pays de l'Alliance atlantique doivent adopter un plan visant à transférer progressivement d'ici 2014 la responsabilité de la sécurité de l'Afghanistan aux troupes afghanes.  Ils doivent aussi entériner le projet d'installer un bouclier antimissile en Europe.

Arrivé en matinée dans la capitale portugaise, le président des États-Unis, Barack Obama, a soutenu que l'Afghanistan ne sera pas abandonné à son sort en 2014 après que l'armée afghane aura l'entière responsabilité de la sécurité.

«Même si les réductions de troupes et la transition en question commencent en juillet prochain, l'OTAN comme les États-Unis vont pouvoir forger un partenariat durable avec l'Afghanistan de façon à ce qu'il soit clair qu'au moment où les Afghans prendront en main les opérations, ils ne seront pas abandonnés à eux-mêmes», a affirmé le président américain.