Au lendemain de son élection, un gouvernement conservateur s'assurerait de maintenir l'économie canadienne à flot en cette période d'incertitude; un gouvernement libéral présenterait un exposé et un plan économique pour éviter une crise économique; et un gouvernement néo-démocrate annulerait les crédits d'impôt aux grandes entreprises pour favoriser les familles, avec des investissements en infrastructures et dans l'assurance-emploi.

Une simple question : Quel serait votre première priorité au lendemain de votre élection à la tête du pays ? a exposé toute l'ampleur du fossé idéologique qui sépare les partis politiques s'affrontant dans ces élections générales.

Si Stephen Harper, Stéphane Dion et Jack Layton ont tous priorisé l'économie, ils ont tous proposé des solutions différentes aux électeurs.

La chef du Parti vert, Elizabeth May, a pour sa part estimé qu'il fallait d'abord revoir le mode électoral actuel, pour y inclure le système proportionnel, qui selon elle est davantage équitable.

Pris au dépourvu, le chef du Bloc québécois a répondu qu'il savait très bien qu'il ne serait pas premier ministre, mais qu'il ferait pression pour que le gouvernement en place s'occupe du secteur forestier et manufacturier et des travailleurs durement touchés par la crise.

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23h06: Layton fustige libéraux et conservateurs


Jack Layton a connu ses meilleurs moments lorsque le débat a abordé le thème de la confiance. Le chef néodémocrate a écorché tour à tour ses adversaire libéral et conservateur, les accusant tous deux de rompre leurs promesses et de cacher leurs véritables intentions.

S'adressant à Stéphane Dion, le leader du NPD a d'abord affirmé que les libéraux avaient failli à une ribambelle de promesses électorales, notamment la création d'un programme de garderies, un programme d'assurance-médicaments et l'élimination de la TPS.

« Vous avez tout un dossier, M. Dion. Il ne faut pas s'étonner s'il y a beaucoup de cynisme dans la population. »

Du même souffle, il a écorché le premier ministre sortant Stephen Harper

« Il ne dit à personne qu'il a l'intention de baisser massivement les impôts pour Exxon, mais c'est exactement ce qu'il veut faire. »

Le chef conservateur a pour sa part évoqué le spectre du scandale des commandites qui a provoqué la chute du gouvernement libéral lorsqu'il a fait valoir que son parti avait légiféré pour limiter les contribution des compagnies aux partis politiques.

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22h55: La mission en Afghanistan divise les chefs


Stephen Harper a pris ses distances de George W. Bush à plusieurs reprises durant le débat anglais de vendredi soir; les deux dernières fois au cours de la portion portant sur l'Afghanistan.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a dans un premier temps emmené le premier ministre à reconnaître que son appui à l'intervention militaire canadienne en Irak, en 2003, était une erreur.

« C'était absolument une erreur, a-t-il dit, ajoutant que l'évaluation de la présence d'armes de destruction massive dans le pays de Saddam Hussein était erronée.

« C'est la raison pour laquelle nous n'envoyons personne en Irak », a-t-il ajouté.

M. Harper a été dans l'eau chaude au cours des derniers jours, après que le Parti libéral eut révélé qu'un discours prononcé par M. Harper à la Chambre des communes en 2003 avait été en grande partie plagié sur un autre discours prononcé quelques jours plus tôt par le premier ministre australien John Howard.

Le chef conservateur a aussi été invité à justifier sa présence en Afghanistan, notamment devant des accusations d'avoir encore une fois suivi George W. Bush. « L'Afghanistan n'est pas une mission de George Bush. C'est une mission des Nations Unies », a-t-il précisé.

Plus tôt dans la soirée, enfin, il avait été contraint de se dissocier des politiques économiques du président américain.

Par ailleurs, le premier ministre a profité de la question posée par un homme de Kitchener pour réitérer sa volonté de mettre un terme à la mission canadienne de combat en 2011.

« 2011, c'est dans trois ans. À cette date, le Canada aura été en Afghanistan pour près de 10 ans pour des raisons militaires, et à Kandahar pendant six ans. »

« L'une des choses sur lesquelles je suis en désaccord avec certains autres leaders occidentaux, est que notre plan peut être de rester en Afghanistan pour des raisons militaires indéfiniment », a-t-il dit.

M. Harper réitérait ainsi une promesse faite plus tôt dans la campagne, et qui irait plus loin que le simple retrait des troupes de la province de Kandahar, comme le prévoit la motion parlementaire adoptée il y a quelques mois.

Comme Stéphane Dion la veille, le chef néo-démocrate Jack Layton a dit ne pas croire son adversaire conservateur.

M. Dion a quant à lui promis que l'une des premières choses qu'il ferait comme premier ministre serait d'annoncer aux alliés du Canada que la date de 2011 est une date de fin de mission sérieuse.

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22h50: Harper défend ses positions sur les jeunes contrevenants


Affirmant que les crimes liés aux gangs de rue, aux armes et à la drogue sont à la hausse, Stephen Harper a fait valoir qu'il se distingue des autres partis en voulant imposer des peines plus sévères aux jeunes contrevenants, dans la portion « loi et ordre » du débat des chefs.

« Où nous différons avec les autres partis, c'est lorsqu'on arrive aux crimes sérieux commis par des récidivistes, a affirmé le premier ministre sortant. Lorsqu'il y a un crime sérieux et violent, il faut une peine sérieuse. »

M. Harper souhaite imposer des peines plus sévères aux jeunes contrevenants reconnus coupables de crimes violents. Il souhaite aussi réduire le nombre de peines de prison purgées à domicile.

Il a toutefois précisé qu'il croit à l'importance des programmes de prévention pour inciter les jeunes à ne pas rejoindre le monde criminel.

Cela n'a pas empêché ses adversaires de s'en prendre à son approche musclée.

« Je fais confiance aux juges et pas vous, c'est cela la différence, a dit Stéphane Dion. Vous voulez dire aux juges comment juger, vous voulez que les politiciens décident d'emprisonner des enfants de 14 ans pour la vie. »

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a fait valoir que les idées du Parti conservateur n'ont aucune raison d'être au Québec, où le taux de criminalité est l'un des plus bas au pays.

« Les juges, les avocats, les policiers, les experts ont tous dit que nous avons un système qui fonctionne bien au Québec. Nous n'avons pas besoin de cette philosophie importée des États-Unis qui permet plus d'armes en circulation et plus de gens en prison. »

Jack Layton a pour sa part dénoncé la « proportion honteuse d'autochtones dans nos prisons ». « C'est une disgrâce nationale et nous devons agir », a-t-il plaidé.

Elizabeth May a de son côté dénoncé les coupures conservatrices dans un programme d'alphabétisation. Selon elle, de telles initiatives permettent de réduire le nombre de criminels.

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22h42: Harper défend envers et contre tous ses coupes en culture


Répondant aux tirs groupés de tous ses adversaires, qui l'accusent d'avoir coupé en culture pour des raisons idéologiques, le chef conservateur Stephen Harper a défendu bec et ongles les décisions de son gouvernement.

«Tout ce que nous avons fait c'est réallouer les sommes vers des programmes qui étaient plus efficaces. C'est d'être responsable que de s'assurer que chaque dollar est investi là où les choses fonctionnent le mieux. Nous avons augmenté les budgets dans les arts et la culture», a souligné le leader conservateur, réitérant sa promesse de donner un crédit d'impôt de 500 $ pour chaque famille qui inscrit son enfant dans des activités culturelles.

Sans attendre, les critiques ont fusé de toutes parts.

«C'est ironique que M. Harper promette un crédit d'impôt alors que la majorité des gens qui travaillent dans le secteur des arts ne pourraient pas se permettre d'envoyer son enfant à des cours de piano», a dit le chef néo-démocrate Jack Layton, ajoutant que le salaire moyen d'un artiste au Canada est si bas que ça en fait une des classes de travailleurs les plus pauvres.

«M. Harper considère les artistes comme des ennemis, a ajouté le chef libéral Stéphane Dion, promettant de doubler le budget du Conseil des arts. C'est un secteur économique important et c'est une question d'identité. C'est pour cette raison que les libéraux investiront en culture.»

Pour le chef bloquiste Gilles Duceppe, M. Harper ment lorsqu'il prétend que les budgets pour les arts et la culture ont été augmenté. «C'est le budget de Patrimoine Canada qui est en hausse. Mais la proportion de la culture a diminué.»

Elizabeth May, du Parti vert, a pour sa part estimé qu'il était inacceptable pour un gouvernement de décider quels projets culturels sont acceptés et quels projets sont censurés.

«Ces coupures mesquines et idéologiques sont une tactique des conservateurs pour aller chercher des votes», a estimé Mme May.

«M. Harper a dit avoir coupé ces programmes parce qu'ils n'étaient pas efficaces. Pourquoi dans ce cas vous refusez de nous montrer les analyses qui prouvent votre point?» a conclu M. Duceppe.

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22h22: Coup bas de Harper, selon Layton


Une allusion à une opération subie par Jack Layton dans les années 1990 dans une clinique privée de Toronto a fait sortir le chef néo-démocrate de ses gonds.

Le segment sur la santé a permis à M. Layton de rappeler que son parti était l'instigateur du système de santé public au Canada. Il a ensuite accusé le premier ministre d'avoir encouragé le Parti libéral à couper dans le système alors qu'il était au pouvoir et à le privatiser.

Stephen Harper a réagi en réitérant son propre attachement au système de santé public canadien. « J'utilise le système de santé public, ma famille utilise le système de santé public », a-t-il dit.

« En fait, à un certain point dans la dernière campagne fédérale, il a semblé que j'étais le seul chef de parti national qui utilisait le système de santé public exclusivement. »

Vers la fin de la dernière campagne électorale fédérale, La Presse Canadienne a rapporté que Jack Layton s'était fait opérer à l'hôpital Shouldice, une clinique privée de Thornhill, 15 ans plus tôt.

L'animateur de la soirée, Steve Paikin, a alors demandé à M. Harper de préciser sa pensée. « Ma compréhension est que d'autres leaders ont utilisé une clinique privée, a répondu M. Harper. Je n'ai jamais utilisé de clinique privée. »

- Je n'ai jamais utilisé de clinique privée non plus, a renchéri la leader du Parti vert, Elizabeth May.

- Je pense que M. Harper fait allusion au fait que vous (M. Layton) êtes allé à la clinique Shouldice, qui est une clinique privée, mais dont les services sont couverts, est encore une fois intervenu M. Paikin.

- C'est un coup bas! s'est exclamé M. Layton. Vous demanderez à Tommy Douglas et à sa fille si ça fait partie de l'assurance maladie et elle vous le dira!

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22h10: Dion défend son Tournant vert


Attaqué par Stephen Harper, Stéphane Dion a livré un vibrant plaidoyer à la défense de son plan vert lorsque les chefs ont abordé le thème de l'environnement pendant le débat en anglais. Un échange qui a une fois de plus donné lieu à des tirs groupés contre le chef conservateur.

D'entrée de jeu, M. Harper s'en est pris au controversé projet en accusant son adversaire libéral de vouloir augmenter les impôts des Canadiens.

« J'encourage les auditeurs à vérifier le programme des libéraux, a-t-il affirmé. Ils constateront que les augmentations de taxes sont deux fois plus élevées que les réductions d'impôts. »

« Vous mentez », a répondu du tac au tac Stéphane Dion.

Regardant droit dans la caméra, il a ensuite juré que pour chaque dollar prélevé avec sa taxe sur la pollution, il y aurait une baisse d'impôt équivalente pour les familles.

« Ne croyez pas cet homme, a-t-il conclu. Ne croyez pas ce genre de leader. »

Les chefs d'opposition ont ensuite attaqué tour à tour le premier ministre sortant, écorchant son bilan en matière d'environnement.

Même si plusieurs soupçonnaient qu'elle avait conclu une entente avec Stéphane Dion, la chef du Parti vert, Elizabeth May, s'est attaquée aux libéraux et aux conservateurs pendant son intervention.

« Nous avons les cibles les plus faibles du monde industrialisé et nous avons la honte d'être le seul pays à avoir ratifié le protocole de Kyoto et à avoir ignoré ses cibles », a-t-elle dénoncé.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a pour sa part réclamé qu'on reconnaisse les efforts des provinces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il a fait valoir que le Québec a réduit ses émissions de 1,42% par rapport à 1990.

Jack Layton a pour sa part accusé M. Harper d'être à la solde de l'industrie pétrolière en proposant une baisse de l'intensité des émissions de gaz à effet de serre, plutôt qu'une baisse des émissions totale.

« Vous avez choisi une approche aux changements climatiques qui est tirée tout droit des cartons de Exxon et de George Bush », a-t-il affirmé.

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21h54: Harper a abandonné le secteur manufacturier, accusent ses adversaires

Le gouvernement conservateur a abandonné les travailleurs du secteur manufacturier, ont tour à tour accusé les adversaires du chef conservateur Stephen Harper.

«Chaque fois qu'on vous a demandé, en chambre, de faire quelque chose pour aider le secteur manufacturier, vous nous avez répondu que l'économie créerait des jobs dans d'autres secteurs, a lancé le chef libéral Stéphane Dion. Or, pour avoir une économie forte, il faut avoir un secteur manufacturier fort.» Sur la défensive, M. Harper a plutôt estimé qu'il fallait investir dans des nouvelles technologies, puisque l'économie est actuellement en train de se transformer.

«Les familles ont besoin d'emplois dans les communautés où ils vivent», a martelé la chef du Parti vert, Elizabeth May.

Le chef néo-démocrate s'est insurgé du fait que les forêts canadiennes disparaissaient pour être transformées à l'extérieur du pays.

«C'est la même chose avec le secteur automobile, a dit Jack Layton. On avait proposé il y a cinq ans un plan pour produire ici au Canada des voitures vertes. Il n'y a eu aucune action de ce gouvernement, ni du précédent. Nous aurions pu être à l'avant-garde dans ce secteur.» Le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe a réitéré sa proposition d'imposer une politique d'achat de produits canadiens (Buy Canada Act), qui selon lui donnerait un nouveau souffle aux entreprises manufacturières du pays.

M. Layton et Mme May ont appuyé cette idée.

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21h33: Harper attaqué de toutes parts sur sa gestion de l'économie

Comme la veille au débat français, Stephen Harper a été la cible de tirs groupés de ses adversaires dès le début du débat anglais.

Le premier segment, qui porte sur l'économie, a été l'occasion pour tous les chefs de vivement critiquer l'approche de « laisser-faire » inspirée des politiques de George W. Bush aux États-Unis du premier ministre conservateur.

« Vous dites aux Canadiens que tout va bien avec l'économie, lui a lancé le leader néo-démocrate Jack Layton. L'économie ne va pas bien. Si vous parlez au Canadiens aujourd'hui, c'est ce qu'ils vous diront. »

« Maintenant, ou bien vous ne vous en souciez pas, ou vous êtes incompétent! », a-t-il ajouté.

Comme M. Layton, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et le chef du Parti libéral, Stéphane Dion, ont reproché à M. Harper de laisser le secteur manufacturier à son triste sort. Plusieurs régions de l'Ontario, entre autres, sont lourdement touchées par des fermetures d'usines.

Le chef conservateur a répondu en disant ce qu'il répète depuis le début de la campagne : l'économie canadienne va mieux que l'économie américaine, ses baisses d'impôts font partie d'un plan plus vaste pour stimuler l'économie en période de ralentissement et des milliers d'emplois ont été créés au pays.

« Nous n'avons pas suivi les mêmes politiques que les États-Unis, s'est-il défendu. La situation économique et financière aux États-Unis est désastreuse. Les politiques ont été irresponsables. Nous avons fait des choix différents au Canada. »

Il en profité pour contre-attaquer le chef libéral qui, dit-il, avait « paniqué » la veille en présentant un nouveau plan pour faire face à la crise dans les 30 jours suivant son élection.

« Je n'ai pas de leçon à recevoir de vous sur la manière de présenter un budget équilibré, je peux vous le dire! », lui a lancé M. Dion.

« Vous n'avez rien à proposer. Et, M. Harper, ne rien faire n'est pas une option. »

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21h13: Un deuxième débat plus rythmé


En direct du Centre national des arts, à Ottawa, Stephen Harper, Stéphane Dion, Gilles Duceppe, Jack Layton et Elizabeth May croisent le fer pour la deuxième fois en autant de soirs, dans un débat qui s'annonce plus animé que celui de la veille.

Déjà, dès les premières minutes, le rythme s'est accéléré, en grande partie parce que cette fois-ci, trois des chefs se retrouvent plus à l'aise, le débat se déroulant en anglais.

Après une joute difficile dans laquelle le chef conservateur a dû se défendre des attaques de ses quatre adversaires, mercredi, M. Harper semble jeudi soir plus vif, attaquant dès les premières minutes son adversaire principal : le chef libéral.

Après avoir sorti un lapin de son chapeau dans les premières minutes du débat français, M. Dion a cherché à surfer sur sa proposition de présenter un plan économique dans les 30 premiers jours de son gouvernement, s'il était élu.

Le chef du Bloc québécois a pour sa part martelé que les conservateurs croyaient en «la main invisible» et le «laisser-faire» économique à l'image des Américains de George W. Bush.

Les chefs du NPD et du Parti vert ont aussi rapidement attaqué le bilan économique du premier ministre Harper.

Ce deuxième débat de la campagne est animé par le journaliste Steve Paikin, de la chaîne TVO.