La communauté de Wemotaci, à 100 kilomètres au nord de La Tuque, en Haute-Mauricie, a été évacuée hier en fin d'après-midi après qu'un incendie de forêt se soit déclaré. Peu de maisons ont été touchées, mais les flammes brûlaient toujours ce soir aux portes du village. Une équipe de La Presse s'est rendue sur place afin de constater l'ampleur des dégâts.

«Hier après-midi, c'était tout vert. Vert, vert, vert, répète Davy Petiquay en regardant la montagne derrière la rue Wemotaci, dans la communauté du même nom. Et après, c'était tout noir. Les gens qui sont à La Tuque, hier, ils pleuraient.»

Le village isolé au coeur de la Haute-Mauricie est désert. Un incendie provoqué par la foudre s'est propagé mercredi jusque dans la cour arrière de plusieurs habitations. Devant le danger, la Sécurité publique a donné l'ordre d'évacuer le secteur. Hier après-midi, de l'autre côté de la rivière Saint-Maurice, les flammes étaient toujours vives.

Deux résidants de la réserve arrosaient la berge. Un masque sur le visage, ils criaient: «Envoyez-nous de la pluie!» Préoccupés, ils s'arrêtent pour regarder autour d'eux.

Des arbres et de grandes portions d'herbe sont calcinés partout dans le secteur habité de la réserve. Il fait beau et chaud plus au sud, mais le soleil, ici, n'est plus qu'un pâle disque orange. L'air est saturé de cendre.

«On est venus éteindre le feu ici, et il est allé sauter par-dessus les maisons pour recommencer. Ça, c'est fini. Il n'y a plus rien, ici, raconte Christian Richer en désignant l'extrémité du village.

Il y a même un ours qui est sorti du bois. Quand il a vu les humains, il est retourné dans le feu!» Jusqu'en pleine nuit, Christian Richer a combattu les flammes afin de protéger les habitations de la communauté. Cet après-midi, il ne restait à Wemotaci qu'une cinquantaine de pompiers, de policiers et de bénévoles.

À court d'eau, ils vidaient des piscines pour remplir le camion-citerne. Plus loin, dans la forêt, des employés de la SOPFEU retournaient la terre. Partout sur le sol, des étincelles rappelaient qu'un simple coup de vent peut redémarrer l'incendie. «S'il n'y pas de pluie, on peut être là bien longtemps.

S'il arrivait un grand vent, les étincelles pourraient toutes sortir et puis aller... Ah! Il y en a partout!» s'exclame Régis Fortin, un des travailleurs, en désignant les colonnes de fumée noire tout près, là où le feu brûle encore.

1300 personnes évacuées

Les premières flammes ont apparu dans les bois mardi soir, près de Wemotaci, mais ce n'est que plusieurs heures après qu'elles ont menacé la réserve et forcé son évacuation.

La communauté ne disposait toutefois pas d'assez de carburant pour permettre à tous ces résidants de partir dans leur propre véhicule. Plusieurs ont donc dû se regrouper afin de prendre un autobus vers La Tuque, environ 1h30 au sud. La plupart des familles ont trouvé refuge chez des proches. Un peu plus de 250 personnes ont toutefois passé la nuit dans l'école Champagnat, à La Tuque.

Là, des dizaines d'enfants jouaient et s'agglutinaient autour d'élèves venues donner un coup de main. Plus loin, des adultes spéculaient sur l'état de leur village. «J'ai peur qu'il y ait des maisons brûlées. Surtout que moi j'habite tout près de la montagne. Si j'avais pu, je serais retournée pour aider, pour aller voir», raconte Taïsha Richer-Niquay, mère de la petite Evy, 7 mois. «C'est une grosse organisation pour la municipalité de La Tuque. On a plus de 1300 personnes sur notre liste, et il faut pouvoir répondre à leurs besoins», explique Vincent Ostiguy, conseiller en intervention de la Croix-Rouge.

Un des incendies a brûlé quelques poteaux qui transportaient l'électricité jusqu'à la communauté. Le courant est toujours coupé. Faute d'électricité, les pompes qui alimentent les résidants en eau potable ne fonctionnent plus.