Michelle Courchesne refuse de confier plus de pouvoir aux écoles comme le propose un collectif formé de six «sages» du monde de l'éducation. La ministre demande toutefois aux commissions scolaires d'être «moins bureaucratiques» afin de «donner de l'oxygène» aux écoles.

«Il n'est pas question» d'accorder à l'école le statut d'une entité juridique autonome, a affirmé la titulaire de l'Éducation hier. Elle ne veut pas non plus permettre à l'école de recruter son propre personnel et de choisir elle-même comment dépenser son budget, une autre proposition du collectif.

Dans L'école comme établissement d'enseignement et la réussite, dont La Presse a révélé les grandes lignes hier, ce collectif soutient que les écoles étouffent, victimes de la bureaucratie et de la technocratie. Il est formé entre autres de l'ex-sous-ministre de l'Éducation, Robert Bisaillon, et de Paul Inchauspé, qui fut commissaire des États généraux de l'éducation.

«J'ai toujours dit depuis que je suis ministre de l'Éducation qu'il fallait moderniser un peu la gestion des commissions scolaires, a réagi Michelle Courchesne. J'ai toujours prôné ce rapprochement entre les parents et les écoles, et qu'on donne de l'oxygène aux écoles.»

Il faut, selon elle, «adapter davantage les façons de faire à la réalité du terrain», car «il n'y a plus de solution unique au Québec». «Les commissions scolaires doivent être moins bureaucratiques, et s'assurer qu'elles répondent aux besoins des enfants», a-t-elle ajouté.

La ministre est toutefois demeurée évasive sur les moyens qu'elle entend prendre pour changer la situation. Elle a rappelé l'adoption de la loi 88 l'an dernier qui vient serrer la vis aux commissions scolaires. Ces dernières sont maintenant tenues de consulter davantage les écoles, a expliqué Mme Courchesne.

Des propositions du collectif vont toutefois «trop loin», selon elle, comme celles visant à accorder une grande autonomie aux écoles. Les commissions scolaires doivent continuer de gérer les budgets et le personnel, de «jouer leur rôle administratif», a-t-elle dit. «Je crois encore au dialogue» entre les commissions scolaires et les écoles, «à la puissance et à la force de la concertation, en leur capacité de résoudre les problèmes autour d'une table».

De son côté, le critique de l'opposition officielle en matière d'éducation, Pierre Curzi, réclame «plus d'autonomie» pour les écoles mais pas autant que le collectif. Donner un statut d'entité juridique autonome à l'école et lui accorder toute la latitude sur la gestion de son budget et de son personnel, «ça me paraît beaucoup», a dit le député péquiste. À son avis, il faut surtout «plus de souplesse dans les programmes». Il constate que «les enveloppes budgétaires fermées des commissions scolaires empêchent des solutions adaptées à chaque école».

L'ADQ est le seul parti à appuyer l'ensemble des propositions du collectif. «Ce que nous proposions en campagne électorale, c'est exactement ce que le collectif des sages propose aujourd'hui, s'est réjoui le député Gérard Deltell. Les cinq recommandations du collectif, on le retrouve textuellement dans le mot d'introduction de notre chef dans un document de la dernière campagne.»

Dans ce document intitulé Pour une nouvelle école autonome, Mario Dumont écrivait: «Nous devons accorder aux écoles un véritable statut juridique avec tous les pouvoirs et devoirs que ça implique, et ainsi leur donner la latitude nécessaire pour remplir efficacement leur mission éducative. Des écoles véritablement autonomes seraient mieux à même de gérer leurs ressources humaines, matérielles et financières afin de revaloriser l'école publique et permettre à la communauté de s'impliquer dans la réussite des élèves».

Cependant, l'ADQ proposait et propose toujours l'abolition pure et simple des commissions scolaires, une option qui n'est pas retenue par le collectif. Ce dernier veut limiter leurs pouvoirs et les transformer en «organismes de service aux écoles».