Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Famille, en décembre 2008, le ministre Tony Tomassi a accéléré la création de places en garderie au Québec. Alors que l'année 2010 commence tout juste, il reconnaît que la promesse d'avoir 18 000 nouvelles places dès l'automne 2010 sera difficile à remplir. Car plusieurs promoteurs de garderie éprouvent des difficultés à mener leur projet à terme.

Mercredi dernier, La Presse a rencontré M. Tomassi dans ses bureaux de Rivière-des-Prairies pour faire le point sur la situation.

Un défi

En 2007, le gouvernement de Jean Charest avait promis de créer 18 000 nouvelles places en garderie pour l'automne 2010. Cela devait porter à 220 000 le nombre total de places à tarif réduit.

 

Actuellement, 208 000 places sont ouvertes, affirme M. Tomassi. «Il faut préciser que tous les permis pour les 18 000 nouvelles places sont déjà accordés», ajoute-t-il. Mais certains promoteurs font face à des difficultés et pourraient ne pas être prêts pour l'automne prochain, avoue le ministre.

«Certains promoteurs qui nous avaient dit qu'ils allaient ouvrir en 2009-2010 n'ont pas encore acheté leur terrain, illustre-t-il. Il y a des difficultés locales, comme des changements de zonage. On suit les dossiers de près.»

Le ministre reconnaît que certains ne seront pas prêts pour l'automne, mais il soutient que d'autres le seront avant. «C'est la première fois qu'autant de places sont créées en aussi peu de temps. On garde le cap. Mon objectif, c'est de rendre ces places disponibles le plus vite possible», dit-il.

Alors que de plus en plus de garderies ouvrent leurs portes, le ministre affirme qu'il n'y a pas encore de pénurie de personnel. «On ouvre les places de façon continue. Ça permet aux gens de s'adapter», soutient-il. Mais par prévention, le ministre discute avec la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, afin d'ouvrir des programmes de formation pour éducatrices dans plus de cégeps.

Syndicalisation

Cette année, les 15 000 personnes (en majorité des femmes) qui s'occupent quotidiennement de 90 000 enfants dans des services de garde à domicile ont obtenu le droit de se syndiquer. Jusqu'à maintenant, le gouvernement a retenu 120 demandes d'accréditation et une quarantaine d'autres sont attendues.

Le ministre Tomassi dit ignorer le coût de cette syndicalisation. Le chiffre d'un milliard a circulé avant les Fêtes. «Il est beaucoup trop tôt pour avancer un montant. Tout ce que je peux vous dire, c'est que le gouvernement paiera pour améliorer le filet social de ces travailleuses dans la mesure de sa capacité de payer», dit-il.

Guichet obligatoire

Le délai moyen pour construire une garderie est de 18 à 24 mois. Pour assurer l'ouverture continue de places, le ministre Tomassi confirme qu'il devra lancer sous peu de nouveaux appels d'offres.

Il mentionne aussi qu'il aimerait créer plus de services de garde en milieu de travail. «Je crois que c'est possiblement l'une des meilleures avenues pour les enfants et pour les familles. Une mère qui peut, à l'heure du midi, voir son enfant ou mettre le nez à la fenêtre pour le voir jouer dans la cour... Il n'y a rien de plus beau que ça. Il faut continuer.»

Le ministre veut aussi poursuivre la mise sur pied des «guichets régionaux», qui permettent de centraliser les listes d'attente d'une région et d'éviter aux parents de devoir s'inscrire sur plusieurs listes différentes.

Certains services de garde hésitent à s'inscrire aux guichets uniques. Le taux d'adhésion varie de 35% à 80% selon des régions. «Un travail reste à faire, on n'exclut pas d'obliger l'adhésion aux guichets», mentionne le ministre.

M. Tomassi affirme que, déjà, le Québec a la meilleure politique familiale au Canada. «Aucune autre province ne fait mieux que nous, jure-t-il. On se compare à des pays comme le Danemark et la France. On investit 6,5 milliards par année dans des mesures famille. Je dis toujours que ce n'est pas une dépense, mais bien un investissement. On continue de travailler pour garder notre bonne position.»