La violence est omniprésente dans les écoles du Québec. Un sondage publié ce matin par la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) révèle que 85% des enseignants sont victimes de violence psychologique ou verbale, et que 50% vivent de la violence physique dans leur milieu de travail.

La FAE estime que le plan d'action pour prévenir la violence à l'école, qu'avait publié le ministère de l'Éducation (MELS) en 2008, n'a été que de la poudre aux yeux. «Le Ministère n'a pas respecté ses engagements. Notre sondage montre des résultats préoccupants. La violence se vit toujours de façon généralisée dans les écoles», dit le président de la FAE, Pierre St-Germain.

Des 2000 enseignants sondés, 74% subissent des propos méprisants, 46% de l'intimidation et 35% des menaces d'agression physique à l'école.

Cateri Corbeil, qui enseigne depuis 11 ans en 2e année à Laval, estime subir de la violence environ une année sur deux. «Une élève m'a déjà menacée de me planter ses ciseaux dans le dos. Et elle m'a dit: «Et si tu te retournes, c'est dans le coeur que tu va l'avoir», relate la dame, un sanglot dans la voix.

Isabelle Sénécal, qui enseigne depuis cinq ans en prématernelle à Montréal, subit depuis le début de sa carrière des agressions de la part de ses jeunes élèves. Les coups de pieds et de poings sont monnaie courante. «Cette année je me suis faite pincer et tordre un sein», raconte l'enseignante, qui est aujourd'hui en retrait préventif pour sa grossesse.

Ces témoignages ne surprennent pas le président de la FAE. «La violence physique se manifeste encore plus au préscolaire et au primaire», dit M. St-Germain. Les élèves sont responsables de 87% des actes de violence subis par les enseignants selon le sondage. Et 45% de ces gestes proviennent des parents.

La violence n'est pas sans conséquence sur les enseignants. Alors que le milieu scolaire vit une pénurie de professeurs, 45% des enseignants victimes de violence songent à quitter la profession.

Fin à l'intégration

Pour la FAE, il est temps que le gouvernement cesse de seulement parler de la prévention de la violence pour réellement agir dans les milieux. «Les professeurs ne peuvent plus enseigner en plus de contrôler la violence. Quand un enseignant doit faire sortir ses élèves de la classe pour pouvoir contrôler un seul élève en crise, c'est tous les autres qui en souffrent. Ça ne peut plus durer», commente M. St-Germain.

La première solution réclamée par la FAE est la fin de l'intégration massive des élèves en difficulté dans les classes régulières. «Et ça prend des ressources professionnelles qui viennent nous aider», dit-il.

Enseignante en adaptation scolaire dans une école secondaire de la Haute-Yamaska, Julie Lapointe confirme que le manque de ressources limite les enseignants dans leurs interventions. «Cette année, j'ai une étudiante qui devait recevoir 10 heures d'accompagnement par semaine. Mais on a été incapable de lui fournir ce service. Elle fait régulièrement des crises», déplore l'enseignante.

Cet automne, la FAE lancera une campagne dans les écoles pour «briser le silence» qui entoure la violence à l'école.